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Marché de l’emploi : Québec abdique-t-il ses responsabilités sociales?Anonyme, Vendredi, Mars 26, 2004 - 15:14
Les membres du CA de la COCDMO
La Coalition des organismes communautaires pour le développement de la main-d’œuvre (COCDMO) sent l’obligation morale de rappeler au gouvernement Charest que les actions qu’il posera ne doivent d’aucune façon se faire au détriment de deux enjeux fondamentaux pour le Québec : le soutien au développement de l’emploi et la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Le développement économique et social du Québec risque d’être affecté par le paradoxe du marché de l’emploi : Même si le nombre d’emplois disponibles ne cesse d’augmenter, les individus en recherche d’emploi sont incapables de les combler faute d’avoir reçu une formation adéquate. Or, ni le marché laissé à lui-même ou encore moins l’imposition de parcours d’insertion à l’emploi obligatoires ne peuvent régler cette situation. Le gouvernement doit en collaboration avec les partenaires du marché du travail intervenir pour soutenir l’intégration et la formation des personnes exclues et éloignées du marché du travail. Dans ce contexte, la Coalition des organismes communautaires pour le développement de la main-d’œuvre (COCDMO) sent l’obligation morale de rappeler au gouvernement Charest que les actions qu’il posera ne doivent d’aucune façon se faire au détriment de deux enjeux fondamentaux pour le Québec : le soutien au développement de l’emploi et la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Une pénurie de travailleurs ! Vraiment ? Pour la période 2002-2006, Emploi-Québec prévoit que la demande totale de main-d’œuvre au Québec sera d’environ 640 000 personnes. Qu’il s’agisse de la création de nouveaux emplois ou d’emplois rendus disponibles en raison de départs à la retraite, cette réalité reflète bien la pénurie de travailleurs et de travailleuses qualifiés et ce, dans plusieurs secteurs de l’économie. Malgré cette pénurie appréhendée de main-d’œuvre spécialisée, on constate que trop de personnes vivent, encore aujourd’hui, en situation de pauvreté économique et sociale. En 2002-2003, plus de 400 000 adultes étaient prestataires de l’assurance-emploi. De plus, d’autres groupes de citoyens et citoyennes ne peuvent joindre le marché de l’emploi, faute d’avoir une formation adéquate ou une reconnaissance appropriée de leurs qualifications et compétences acquises ici ou à l’étranger. Ce paradoxe entre pénurie de main-d’œuvre spécialisée et vaste pan de sans-emploi n’est pas simple à résoudre. Le défi du gouvernement est de prendre en considération les besoins sociaux des personnes exclues du marché de l’emploi tout en reconnaissant les besoins des entreprises québécoises en main-d’oeuvre spécialisée. Le gouvernement doit procéder à un réinvestissement pour la création d’emplois et travailler en étroite collaboration avec tous les acteurs de la société québécoise. Le gouvernement doit faire la preuve de sa volonté Si le gouvernement veut sérieusement créer plus d’emplois au Québec et soutenir davantage de gens en situation de pauvreté et d’exclusion sociale, il doit démontrer par des gestes concrets sa volonté de développer de véritables partenariats constructifs avec les organismes communautaires, les entreprises, les syndicats et les individus qui travaillent quotidiennement à l’amélioration du bien-être collectif. Le gouvernement doit commencer par reconnaître que le développement de l’emploi et la lutte contre la pauvreté ne peuvent être uniquement de son apanage et ce, peu importe les moyens ou l’expertise dont il dispose. En effet, les entreprises composées de dirigeants et de travailleurs et travailleuses possèdent un savoir approprié pour créer des emplois. Ce sont aussi les collectivités locales et particulièrement les organismes communautaires qui y travaillent, qui ont une expertise reconnue en matière de soutien aux personnes éloignées du marché de l’emploi. Cette expertise leur permet d’aider des personnes à réussir leurs démarches d’intégration et de formation. Pourtant, avec la Loi 34, le gouvernement Charest procède à une réforme de structures qui exclue en partie ou en totalité les acteurs de la société civile des lieux décisionnels dans le développement régional et local. De son côté, le ministère de l’Emploi, de la Solidarité sociale et de la Famille envisage lui aussi de revoir le fonctionnement organisationnel d’Emploi-Québec et de la Sécurité du revenu, ce qui provoquerait du même coup l’affaiblissement du rôle des partenaires du marché du travail. Ce faisant, il risque de priver la population des bénéfices d’un développement économique et social basé sur la concertation et l’approche partenariale définies en fonction de l’expertise des gens du milieu : entreprises, syndicats, organismes communautaires et secteur de l’éducation. En conséquence de la rationalisation et de la « réingénérie » proposées par le gouvernement, l’étau ne cesse de se resserrer autour des organismes communautaires. Ceux-ci ont pourtant développé, au cours des dernières décennies, des pratiques efficaces leur permettant de répondre aux besoins des populations laissées pour compte sur le marché du travail et ce, en complémentarité avec le secteur public. Or, sous prétexte d’une plus grande efficacité, le gouvernement limite l’apport des groupes communautaires en calculant essentiellement leur financement sur la base de critères quantitatifs, au lieu de tenir compte du type d’intervention que fait l’organisme et des caractéristiques particulières des personnes desservies. Insertion et formation : inquiétudes et incurie D’une part, ce gouvernement semble vouloir restreindre les budgets destinés aux programmes de création d’emploi et de lutte contre la pauvreté accordés à Emploi-Québec. Mais qui, croyez-vous, paiera le prix de ce sous-investissement ? Pas besoin de chercher bien loin : les personnes sans emploi (souvent en attente de formations qualifiantes), les personnes éloignées du marché de l’emploi (pour qui un soutien et un accompagnement personnalisés sont essentiels à une réinsertion) et, les travailleurs en emploi ou en chômage qui n’ont pas de formation de base. De plus, en raison des modifications apportées à la loi 90 lors du dernier budget, le gouvernement a retiré à 25 000 PME l’obligation d’investir 1% de leur masse salariale dans la formation de leurs travailleurs et travailleuses. D’autre part, le gouvernement propose d’accroître les mesures coercitives destinées aux prestataires d’aide sociale et reporte de mois en mois le dépôt du plan d’action gouvernemental en matière de lutte contre la pauvreté et d’exclusion sociale. Il laisse aussi entendre qu’il pourrait y consacrer moins d’argent que prévu. Les membres de la Coalition considèrent qu’au lieu d’imposer des parcours de réinsertion obligatoires, il est plus avantageux d’investir dans des mesures de suivi et d’accompagnement pour les personnes exclues ou éloignées du marché de l’emploi parce qu’elles sont source de motivation. La preuve a d’ailleurs été faite par de nombreuses études de l’inefficacité des mesures obligatoires en terme de rétention sur le marché du travail. Avons-nous raison de nous inquiéter? Les gestes et les propositions sous étude à Québec nous font croire que oui. Nous osons espérer que le Gouvernement du Québec, à force d’entendre de telles mises en garde et de constater les préoccupations exprimées par la population, rectifiera le tir afin de mieux soutenir les personnes exclues ou éloignées du marché du travail. Les membres du CA de la COCDMO
La Coalition vous invite à faire connaissance de ses actions dans le domaine de la main-d'oeuvre pour lutter contre la pauvreté et pour contrer l'exclusion d'un large pan de notre société.
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