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Ça ne me dérange pas…DEMERS, Lundi, Mars 22, 2004 - 09:21
DEMERS
Est-ce que la souffrance des autres nous dérange vraiment ? L’année dernière, plus de 150 000 personnes se rassemblaient à Montréal croyant empêcher une intervention américaine en Irak. Aujourd’hui, à peine 5 % de ce nombre descend dans la rue pour faire entendre son désaccord avec l’occupation de ce pays. Que sont devenus les autres 95 % ? Malgré l’appel du Collectif Échec à la guerre, la situation semble être la même partout au Québec. Il faut dire que nous n’avons pas encore souffert d’attaques terroristes, ni même subi de pertes parmi nos valeureux soldats du 22e régiment. Nous avons cependant fait notre part il y a un an. Maintenant que la chose est consumée, que pouvons-nous y faire ? De toute façon, est-ce que la souffrance des autres nous dérange vraiment ? On s’habitue c’est tout. Depuis 1990 : « J’en étais à ces réflexions ; quand tout à coup je me sens con ; assis par terre dans le salon ; je ne fous rien je suis un con ». Ça ne me dérange pas de savoir que quelques Africains se font charcuter quelques tranches de peau. Ou, que des soldats engrossent des femmes pour leur laisser un souvenir avant de brûler le village. C’est si loin tout ça. Ce que je sais, c’est qu’ils sont mieux de rester chez eux ! Qu’ils ne viennent pas toucher à ma femme et à mes enfants par exemple. Là, je risque de devenir méchant. Je vais prendre ma carabine, puis leur trouer la tête. Je ne me laisserai pas faire ! « Quoi dit ! » ; demande le Haïtien. On s’en fout ! Nous lui répondons. Tant que tu conduis nos taxis… Jusqu’ici, tout va bien. Mon mononcle. Claques et flasque. Coiffé à la Daniel Boone. Mon aïeul, qui a souffert à bâtir ce pays. Ma racine de vie. Souffrance transmise et ressentie. Souffrance éternelle et universelle. Souffrance nécessaire à l’indignation. C’est viscéral ! L’indignation est le moteur de nos actions. Elle se trouve en chacun de nous. Elle nous unit par notre existence de souffrances individuelles et collectives. La reconnaître est un travail de tous les instants. L’indignation est un combat continuel. Il suffit, avant tout, de ressentir. Après, il faut s’informer sur les sources de cette souffrance. L'allié que nous croisons chaque jour au coin d’une rue, assis là par terre, ne demande rien d’autre que notre indignation. Pas notre pitié, notre indignation. C’est de cela qu’ont besoin les Irakiens, et tous les opprimés. Pas de notre pitié d’il y a un an, mais de notre indignation actuelle et permanente. Il ne reste plus, qu’à chacun, de trouver sa propre indignation. Force et courage !
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