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La pertinence du cmaqDEMERS, Mardi, Mars 16, 2004 - 15:37
DEMERS
Réflexions faites dans le cadre d'un travail de recherche effectué sur le cmaq. Qu'elle place tient le Cmaq dans le paysage médiatique? Il est à noter qu’il s’agit d’un extrait de la recherche. L’auteur du travail et de l’article est le même. Le CMAQ est né, comme nous l’avons vu, d’un besoin d’accès à une information ne passant pas par les canaux traditionnels. La mise en place d’un lieu de convergence pour les médias alternatifs et les journalistes indépendants rend, par le fait même, cette information moins dépendante des sources dites officielles. De plus, les notions de démocratisation des échanges et de réflexion entre citoyens sont présentes. Cette démocratisation, n’étant pas de l’information, pourrait être définie comme étant de la communication. Nous faisons alors face à trois concepts qui nous serviront dans notre réflexion: l’information, la communication et la démocratie. Il est important en commençant de bien distinguer la communication de l’information. Pour ce faire, André Akoun nous présente l’information comme étant « un processus dont la finalité est de modifier l’environnement cognitif des agents alors que la communication a pour fin dernière d’organiser un espace social de consensus, une communauté d’identité partagée -1- ». L’information n’est alors possible que par la communication puisque qu’il doit y avoir un environnement ou un espace (sociale ou autre) à modifier. L’inverse ne pourrait fonctionner puisque sans communication, et un consensus sur la manière de communiquer, il ne pourrait y avoir d’information transmise. La communication n’est pas simplement de l’information. L’information n’est donc pas de la communication. Le contenu généré par le CMAQ Le CMAQ produit et gère: de l’information par la diffusion d’articles et de multimédias et de la communication par la mise en relation, dans un espace virtuel commun, de différents intervenants. C’est en fait la production et la gestion d’un contenu Internet dont il est ici question. Mais de quel contenu s’agit-il ? Dominique Wolton nous propose quatre types nouveaux de contenu lié à l’Internet: Pourquoi associer l’information-événement à un nouveau type de contenu Internet? En effet, il existe déjà un véhicule pour ce type de contenu. La presse traditionnelle exécute, depuis déjà quelques siècles, ce travail. Pourtant, la philosophie sous-tendant la naissance de la presse, comme nous la connaissons aujourd’hui, tend à ne plus être ce qu’elle a auparavant été. Le glissement démocratique possible de la presse traditionnelle L’apparition de « l’information-presse [est passée par] un long processus lié à la philosophie du XVIIIe siècle, qui a mis au centre de notre système de valeurs la liberté et l’égalité des individus, dont le corollaire est le droit à l’information-3- ». Cette idéologie est aussi liée à l’apparition du concept de démocratie. Actuellement, l’augmentation du débit d’information et de la possibilité que tous ont d’y accéder, par les nouvelles technologies (dont l’Internet), rejoint cette idéologie d’égalité et de liberté. « Chacun peut agir, sans intermédiaire, quand il veut, sans filtre ni hiérarchie et […] en temps réel.-4- » C’est une ouverture vers une « abondance […] offerte à tous, sans hiérarchie, ni compétence avec cette idée qu’il s’agit d’un espace transparent-5- ». Il serait alors facile de croire que l’utopie d’un idéal démocratique, passant par un accès direct sans l’intervention d’intermédiaires, soit atteint. En effet, la philosophie liée à la presse naissante voyait l’information comme le « résultat d’une lutte, d’une bataille, liée à une certaine conception de la société et de la politique [qui] passait par la suppression des intermédiaires-6- ». Dans cette perspective, voir l’avènement et l’expansion d’Internet comme une finalité positive ne pouvant que permettre plus de démocratie, est une idée séduisante. D. Wolton nous met en garde contre cette utopie. Car, comme nous l’avons vu, l’information n’est pas de la communication, et pour qu’il y ait communication, il faut qu’il y ait des intermédiaires. D. Wolton nous explique ce fait de cette manière: Le pourquoi du rejet historique des intermédiaires Tentons de répondre à cette question. Que pouvons-nous déduire des intermédiaires anciennement reconnus comme tels? Nous pouvons penser, par exemple, à certain système où le roi était supposé être le représentant de Dieu sur terre: « Dans les sociétés du Proche Orient au 2ème millénaire, la conception sociale était celle d’une théocratie, le roi ou le pharaon étant le représentant de Dieu sur terre et ses sujets n’ayant aucun droit-9- ». L’Église catholique, longtemps présente dans le contrôle social, voit aussi le Pape comme un médiateur entre les individus : « Le Pontife romain, comme successeur de Pierre, est le principe perpétuel et visible et le fondement de l'unité qui lie entre eux soit les évêques, soit la multitude des fidèles.-10- ». Ces exemples peut-être simplistes démontrent néanmoins que ses figures, reconnues comme étant jadis des intermédiaires, étaient souvent issues de systèmes peu respectueux des droits de l’individu et du respect de la justice sociale comme nous l’entendons aujourd’hui. C’est probablement pourquoi, lors de l’essor des idéologies humanistes des sociétés modernes, une réaction face à ces intermédiaires a poussé les penseurs de ces nouvelles sociétés (et par le fait même les moyens utilisés, comme la presse par exemple), à les rejeter? C’était très probablement le constat de l’époque. Cependant, la possibilité réelle que chaque citoyen puisse se faire entendre, au sein de ces sociétés se disant démocratiques, restait tout de même très relative. Aujourd’hui, il en est tout autrement. Le CMAQ, nouveau type d’intermédiaire Comme nous l’avons vu avec la description de la plate forme virtuelle du CMAQ, ainsi qu’avec l’avènement d’une information toujours de plus en plus rapide, la possibilité d’émettre des opinions, des informations, de les partager et d’en discuter par le biais d’Internet constitue une nouvelle réalité. Les individus peuvent relativement facilement s’organiser pour mener à bien une entreprise de gestion saine de l’information et de la communication qu’eux-mêmes produisent. La valeur ajoutée à ce regroupement, possiblement exponentiel d’individus, est qu’il forme justement un nouvel intermédiaire composé, non pas d’une personne (ou d’un petit groupe) qui impose ses vus à une majorité, mais bien d’un ensemble vaste d’entités qui offre une vision différente. Cette immensité d’individus partageant relativement les mêmes aspirations sociales favorise, par un espace virtuel, l’échange, la discussion et la réflexion sur des enjeux qui touchent ces mêmes individus. Cette immatérielle place publique d’individus rassemblés et gestionnaires, est, dans les faits, un nouveau moyen de vivre la démocratie tel que conçue à ses débuts. C’est-à-dire un espace de liberté et d’égalité libre d’intermédiaires dogmatiques, mais, tout de moins, soumis a un intermédiaire collectif nécessaire pour que s’épanouisse une saine communication, et donc, une saine démocratie. Cette intermédiaire possède la nouveauté d’être la place publique elle-même. C’est-à-dire que l’espace de liberté et d’égalité n’est pas séparé de l’intermédiaire. Il est l’intermédiaire régulateur lui-même. Le CMAQ est tout à la fois: producteur d’information, producteur de communication, producteur de ses règles et de sa propre définition en tant qu’espace d’échange, ainsi que, gestionnaire démocratique de ses pratiques. C’est un système à penser collectif matérialisé immatériellement dans un espace et dans un temps précis. -1- Multimédia et société, Citations : La communication contre l’information, (mars 2004), http://www.multimedia-societe.fr.vu/ -2,3,4,5,6,7,8- WOLTON Dominique, « Les nouvelles technologies, l’individu, la société » dans Internet, et après?: Une théorie critique des nouveaux médias, Flammarion, Paris, 2000, p. 86-121, (24 pages) -9- MOUTINOT, Laurent, Site officiel de l'État de Genève: Forum 98 sur les droits de l’homme, (mars2004), http://www.geneve.ch/chancellerie/conseil/1997-2001/discours/980828Lmo.html -10- Site du Vatican, Le Saint-Siège: Le Saint Père, (mars 2004) http://www.vatican.va/holy_father/index_fr.htm
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