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L'image des arabo-musulmans au Québec

Anonyme, Samedi, Mars 13, 2004 - 04:34

Mohamed Nabil


Les événements du 11 septembre 2001 ont bouleversé la vie de tous les hommes de notre planète. Ils ont aussi fait basculer la vie des Américains. Ces événements atroces ont été condamnés de la part de tous les citoyens pacifistes du monde. Dans le contexte de l’impact des attentats on trouve les Musulmans, qui ont été au regard des médias dans le monde et surtout au Québec

Mohamed Nabil
Hik...@swissinfo.org

Les événements du 11 septembre 2001 ont bouleversé la vie de tous les hommes de notre planète. Ils ont aussi fait basculer la vie des Américains. Ces événements atroces ont été condamnés de la part de tous les citoyens pacifistes du monde. Dans le contexte de l’impact des attentats on trouve les Musulmans, qui ont été au regard des médias dans le monde et surtout au Québec. Il s’agit d’une image qui a été produite par les médias québécois. Dans ce sens, la presse écrite québécoise, comme par exemple Le Devoir et La Presse, a concentré leur grande manchette sur les Musulmans soupçonnés d’être les instigateurs qui ont réalise le drame des attentats. Sachant que les médias ont indiscutablement un effet considérable sur le public en fournissant de l’information et en participant aux systèmes sociaux du Québec. Ils ont aussi des privilèges qui les placent au rang des services publics. En conséquence, la presse est devenue un quatrième pouvoir, qui est ni élue ni nommée par le public.

Généralement, le système de valeurs et de principes reste indispensable pour les médias. Au Québec, la Fédération professionnelle des journalistes « FPJQ » a adopté le 24 novembre 1996 un guide de déontologie qui est le fruit de plusieurs discussions menées lors des congrès de 1994, 1995 et 1996. Le Conseil de presse « CPQ » lui aussi a pris position dans un grand nombre de conflits dans le domaine de l’information en créant un code, permettant aux médias, aux professionnels de l’information, au public et aux conseils, de mieux évaluer, au jour le jour, les conditions de l’existence d’une presse libre et du respect du droit à l’information.

Mon but dans ce travail est d’étudier deux questions inévitables, attachée l’une à l’autre : Est-ce que la manière journalistique avec laquelle La Presse et Le Devoir ont entamé le sujet des Musulmans après le 11 septembre, est conforme aux codes d’éthique de la FPJQ et aux codes du CPQ? Quelle est l’image médiatique adoptée par la presse québécoise des Musulmans et de l’Islam?

Le traitement journalistique de la presse écrite québécoise selon le code de la FPJQ et le code de CPQ

Si les attentats ont un impact sur la vie de tous les Américains, le cas devient plus pénible pour les Musulmans au Québec, et même pour les Québécois de foi islamique. La Presse et Le Devoir ont participé à alimenter une image sur les Musulmans et eux ont été mis en cause dans l’interprétation médiatique de ces deux journaux québécois.

D’abord, prenons par exemple le contenu des deux journaux depuis les événements du 11 septembre. On constate que les titres et les présentations utilisés pour les articles portant spécifiquement sur les Musulmans et l’Islam, sont très exagérés, tels que : « La montée du terrorisme : d’où vient cet islamisme radical? – L’Islam en question, la grande majorité des Musulmans partagent totalement l’anti-américanisme d’Oussama Ben Laden – Un Islam à reformer – Musulmans et Juifs dans la mire » . D’après ces titres on remarque qu’il y a une liaison entre le terrorisme et les Musulmans ce qui induit des erreurs. Il faut dire que le mot terrorisme est un slogan américain qui reflète une stratégie de dominance dont La Presse et Le Devoir doivent être attentif. Dans ce sens, les victimes de cette machine américaine sont seulement les Musulmans, qui ont été ciblés par le pouvoir et les médias américains. En plus, les partis impliqués dans les attentats sont le régime politique des États-Unis, quelques pays comme l’Arabie Saoudite et le Pakistan, les services secrets israéliens et d’autres. Tous ces partis ont leurs propres intérêts. Il y en a ceux qui veulent forcer les Américains à entrer en guerre contre les Musulmans, et d’autres qui travaillent pour la stratégie des Américains au Moyen-Orient. En bref, il y a un camouflage et une complicité qui rend les événements du 11 septembre plus compliqués.

Selon l’article 3 c) du code de la FPJQ, La Presse et Le Devoir n’ont pas assuré la véracité des faits qu’ils rapportent au terme d’un rigoureux travail de collecte et de vérification des informations. Ainsi, les deux journaux ont souligné dans leurs titres plusieurs informations qui ne sont pas basés sur des données justes et crédibles, comme les Musulmans et les Juifs sont dans la même mire ou sur des statistiques qui prouvent l’attitude anti-américaine d’une majorité des Musulmans. En outre, le traitement journalistique des événements du 11 septembre de la part de La Presse et du Devoir n’est pas conforme à l’article 3 c) du code de la FPJQ et à l’article II « C » du code de la CPQ concernant la responsabilité d’informer, qui exige que les titres et les manchettes ne constituent pas des véhicules aux préjugés aux partis pris. Dans cette campagne médiatique, les Musulmans sont devenus les premiers qu’on désigne comme terroristes.

Il est à noter que les titres utilisés dans les deux journaux ont montré une image fausse puisqu’ils ont induit des informations et des idées injustes et quelquefois ternes, comme l’implication des Juifs autant que victimes dans les événements du 11 septembre, l’idée de réviser l’Islam, la liaison brumeuse entre le terrorisme et les Musulmans et le gouvernement de Hezbollah. Cela veut dire que Le Devoir et La Presse ont été engagés dans une stratégie de propagande et de désinformation américaine. Le journaliste doit avoir une distance avec les événements pour véhiculer une information objective.

En essayant de comprendre l’image des Musulmans dans la presse écrite québécoise, on a également trouvé que le traitement de l’information a été superficiel et les journalistes ont participé à accabler un groupe minoritaire comme les Musulmans, sans tenir compte que la majorité des responsables des attentats sont des citoyens saoudiens. Dans le même contexte et selon l’article 8 du code de la FPJQ et l’article B du CPQ concernant l’attitude de la presse à l’égard des personnes et des groupes, on remarque que La Presse et Le Devoir ont cultivé et entretenu les préjugés que plusieurs personnes portent sur les Musulmans après le 11 septembre. En somme, le message médiatique a abouti à associer les Musulmans, l’Islam et les actes violents commis en son nom. Selon l’article 6 du code de la FPJQ, le Devoir et la Presse n’ont pas identifié généralement leurs sources d’information en utilisant des expressions et des présentations, qui provoquent de l’illusion chez le public. Ainsi ce dernier ne peut pas évaluer de la compétence. En guise d’exemple l’article du journal Le Devoir intitulé : La grande majorité des Musulmans partagent totalement l’anti-américanisme d’Oussama Ben Laden. Il faut souligner que cette information n’est pas basée sur des chiffres ou une source crédible.

Généralement, les titres et les contenus des articles de ces journaux ont reflété une image négative très étroite compatible à la version américaine des attentats. Cela ne donne pas au public l’occasion d’avoir une information de qualité avec laquelle il peut comprendre les événements. Dans le cas qui nous occupe, il s’agit non plus seulement de rapporter la nouvelle mais de fournir des balises propres à contenir certains effusions.

Alors, Le Devoir et La Presse n’ont pas été fidèles ni au code de la FPJQ ni au code de la CPQ à propos des événements du 11 septembre ce qui rend la transmission d’une information crédible au public impossible.
Nul ne peut nier l’impact de la presse sur le public. La Presse et Le Devoir ont participé comme les autres sortes des médias à fabriquer l’opinion publique vis-à-vis des Musulmans au Québec. Après les attentats, les Musulmans ont été l’objet de regards accusateurs, ont été montré du doigt, ont même été les cibles d’insultes et d’attaques. Au même moment, la presse écrite québécoise a alimenté et renforcé cette image par des articles et des couvertures journalistiques des événements. Ils ont utilisé des mots extrêmes dans leurs manchettes, comme par exemple « la majorité des Musulmans et Intellectuels ». Ce traitement journalistique n’est pas basé sur des chiffres ou sur des sources crédibles. Aussi, il y a une utilisation des mots ternes qui nécessitent d’être éclairée, comme l’islamisme et le terrorisme.

D’abord il faut redéfinir les termes et les mettre en contexte. Le mot islamisme ne fait pas partie de la culture et l’histoire de l’Islam. Il est créé par l’Occident qui voulait produire une nuance entre les Musulmans islamistes et les Musulmans non-islamistes. En outre, on peut citer le mot Islamologue, qui est aussi fabriqué par l’Occident. En revanche, si on cherche, on ne trouvera pas un mot comme « christianologue », désignant une personne qui s’intéresse à la religion chrétienne.
En matière de terminologie, la presse écrite québécoise a joué avec des mots derrière lesquels se cache une grande désinformation visant à mélanger les cartes. Dans le même sens, on remarque le mot terrorisme, qui est un produit américain et avec lequel le pouvoir états-unien a réalisé une stratégie de conquête contre l’Afghanistan et l’Irak.

Conclusion :

On a constaté que le traitement journalistique des deux journaux n’est pas conforme au codes éthiques de la FPJQ et le CPQ, ce qui nie la présence d’ un discours médiatique objectif .La Presse et Le Devoir ont concentré leurs articles sur les Musulmans et l’Islam sans citer les autres parties du jeu qui sont les catalyseurs de la machine de guerre américaine, tels que la famille Bush, les services secrets d’Israël et ceux de Pakistan, etc. Ce traitement journalistique a poussé le public d’être loin de la vérité, qui reste une victime derrière les intérêts des grandes politiques belliqueuses. Alors, qui ne connaissait pas les Musulmans, les découvrait par les faussetés des médias, qui les rendent « terroristes, violents et extrémistes ». Tout cela montre à quel point est sans limites la force de nuisance des médias sur l’espèce humaine.

En bref, les médias québécois (La Presse et Le Devoir) ont été impliqués d’une manière directe ou indirecte dans une politique qui vise à bâtir un empire américain qui domine le monde. Par contre, le rôle de la presse est de rapporter une information objective et de chercher toutes les vérités en prenant une distance de toutes les sources pour ne pas tombé dans le piége de la propagande ou de la désinformation dont le public est la victime. Alors que le rôle du journaliste est d’éduquer le public en donnant une image objective, on trouve que la Presse et Le Devoir ont implanté la violence et la haine dans la société au Québec contre les Musulmans en produisant une image qui n’existe pas dans le vécu.

Bibliographie
1. Cliche, Yvan, « La montée de terrorisme : D’où vient cet islamisme radical? », Le Devoir, Cahier spécial, 10 novembre 2001, p.G 4
2. Cliche, Yvan, « Une haine née de l’échec. », Le Devoir, Cahier spécial, 10 novembre 2001, p.G 5
3. La Presse Canadienne, « Arabes et Musulmans dénoncent C-36. », Le Devoir, Les actualités, 7 novembre 2001, p. A 3
4. Rioux, Christian, « L’Islam en question, La grande majorité des musulmans partage totalement l’antiaméricanisme d’Oussama ben Laden. », Le Devoir, Perspectives, 29 septembre 2001, p. B 3
5. Cliche, Yvan, « Il y a six mois, le 11 septembre : Les travaux de l’Hercule américain. », Le Devoir, Idées, 9 mars 2002, p. B 11
6. Cliche, Yvan, « Un Islam à réformer. », La Presse, Forum, 9 septembre 2002, p. A 7
7. Rabkin, Yakov, « Musulmans et Juifs dans la mire. », La Presse, Forum, 7 septembre 2002, p. A 17
8. Gruda, Angès, « Les attentats font encore des vagues. », La Presse, Plus, 7 septembre 2002, p. B 2
9. Elkouri, Rima, « Mille et un Islam. », La Presse, Plus, 17 novembre 2001, p. B 1
10. Gruda, Angès, « Le gouvernement du Hezbollah. », La Presse, Nouvelles générales, 17 novembre 2001, p. A 1
11. Chossudovsky, Michel, Guerre et mondialisation - La vérité derrière le 11 septembre, Les Éditions Écosociété, Montréal, 2002
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