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Le gouvernement Charest veut faire des économies sur le dos des femmes

Sisyphe, Dimanche, Février 29, 2004 - 22:54

Sisyphe

En annonçant, jeudi dernier, son intention de proposer une commission parlementaire sur les modalités d'un nouveau concept d'égalité et en confiant au CSF et à un comité composé de cinq femmes le mandat de réfléchir sur la question, la ministre Michelle Courchesne n'a rassuré personne : son gouvernement a bel et bien l'intention d'éliminer le Conseil du statut de la femme et le Secrétariat à la condition féminine. Il veut tout simplement gagner du temps et tenter d'endormir la contestation qui s'accroît partout au Québec.

Pour les intéressé-es, voici un ensemble de textes qui expriment sur divers tons cette inquiétude et s'interrogent sur les véritables intentions du gouvernement du Québec qui n'a pas cessé, depuis son élection, de cibler les femmes, entre autres, dans son entreprise de démolition (appelée réingénierie) et semble déterminer à faire des économies sur leur dos.

1.« La ministre veut gagner du temps. Une commission parlementaire pour débattre d'un nouveau concept d'égalité », par Micheline Carrier
2.« Il faut continuer d'avancer », par Diane Lavallée, présidente du Conseil du statut de la femme
3. « Condition féminine: pourquoi changer ce qui va bien ? », par Pierrette Bouchard, titulaire de la Chaire d'étude Claire-Bonenfant sur la condition des femmes, Université Laval
4. « Réflexions sur l'avenir du Conseil du statut de la femme et du Secrétariat à la condition féminine », par Francine Descarries, professeure de sociologie à l'UQAM, et plusieurs groupes de femmes
5.« L'approche intégrée de l'égalité: contexte et perspective », par Pierrette Bouchard
6. « Pas d'économies aux dépens des femmes du Québec », par Sisyphe (pétition des femmes et liste des signataires).
7.« Des hommes s'opposent à l'abolition du Conseil du statut de la femme », initiative de Martin Dufresne, Jean-Claude St-Amant et Yannick Demers (antipatriarcat.org)
8. « Le SFPQ s'inquiète de l'éventuelle disparition du CSF et du Secrétariat à la condition féminine », par le Syndicat de la fondtion publique du Québec
9.« La ministre Courchesne rencontre une vive opposition à la transformation du Conseil du statut de la femme », par l'Intersyndicale des femmes
10.« Sisyphe, que de rochers il faudra encore rouler », par Liliane Blanc, écrivaine et historienne

Voir aussi
« La CSQ n'est pas dupe: le Conseil du statut de la femme n'est qu'en sursis », par Carole Lejeune, CSQ

Une grande manifestation aura lieu le 7 mars à Montréal et à Québec sur le thème « La riposte des femmes. Ensemble, tout est possible ! ». Pour en connaître les détails et le manifeste, voir le site de la FFQ.

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Sujet: 
La mère, les soins et le pouvoir
Auteur-e: 
Bleuler
Date: 
Lun, 2004-03-01 12:40

Madame Sisyphe,

Je ne conteste pas la persistance d'inégalités entre les hommes et les femmes québécoises, mais j'aimerais signaler la présence, d'une affirmation discutable dans le texte de madame Lavalée que vous donnez en référence.

Diane Lavalée : "De plus, les rôles dans le couple ont relativement peu évolué et ce sont encore les femmes qui portent la responsabilité des soins aux enfants ou aux autres adultes en perte d'autonomie de leur entourage."

Que les femmes aient toujours la responsabilité principale des soins aux enfants est un fait. Mais si les femmes ont toujours cette responsabilité principale, c'est parce qu'elles s'y accrochent avec acharnement. Une revue scientifique de la littérature effectuée par l'équipe de Geneviève Turcotte de l'institut de recherche pour le développement social des jeunes (Turcotte G. &al. 2001) montre que les principaux facteurs favorisant l'engament paternel dans les soins aux enfants sont tributaires des préjugés maternelles (souvenirs que la mère garde de la relation avec son propre père; représentation que la mère se fait du rôle et de la compétence; etc). De manière assez intéressante, la littérature scientifique mise à jour par l'équipe de Turcotte révèle que les mères refusent de partager les tâches des soins primaires parce que ces tâches sont perçues par les femmes comme un lieu de pouvoir qu'elles ne veulent pas partager.


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Sujet: 
Conclusion trop générale
Auteur-e: 
lodo
Date: 
Mar, 2004-03-02 22:12

Bleuler,

Je crois que vous tirez une conclusion trop générale du constat dressée par l'étude de Turcotte ( que je n'ai pas lue - je prends donc votre interprétation au mot). Je ne crois pas que le fait que les femmes ont tendance à s'approprier les tâches de soin aux enfants soit le seul facteur qui explique que " les femmes aient toujours la responsabilité principale des soins aux enfants". Ça serait le cas si tous les papas cherchaient à s'impliquer et s'en feraient enlever la possibilité par l'attitude de la mère. Beaucoup d'hommmes, souvent malgré eux, sont encore convaincus qu'ils n'ont pas leur place de la rôle du parent soignant... Ils ont de la difficulté à s'affirmer dans ce rôle face à l'image et l'attitude supérieure de la mère compétente, leur conjointe. Si peureux des fois sommes-nous les hommes en cartaines matières...

Certains - des dinosaures de tout ages - se complaisent encore dans l'image héritée du vieux patriarcat catholique, de la mère au statut de quasi-déesse-esclave de la famille. Ils fuient, se sauvent et laissent leur famille aux bons soins de la mère, dont ça serait le rôle de toute façon (le cas de Jean-Guy Tremblay constitue un cas de figure.) Ceux là on espère qu'il ne transmettront pas leur bibittes patriarcales et émotives à la prochaine génération.

Et il ne faut pas oublier les gars qui font ce qu'ils ont à faire et qui prennent leur place doucement mais fermement. Je ne sais pas combien ils sont ceux là. Mais, moi, j'en cotoie plusieurs dans mon milieu. Ces gars là devraient avoir leur espace de parole en matière de famille et accès à des ressources en cas de coups durs. La famille ne pourait se construire sans leur apport.

Ma raison me dit également que des hommes ont leur place dans des lieux de concertation où il est question d'égalité entre les sexes. Un tel lieu devrait être paritaire. C'est même à mon sens un front de dialogue essentiel à ouvrir. Mais ça ne veut pas dire que les institutions du féminisme soient périmées. "La main sèche qui cherche le coeur pour le rompre*" du patriarcat a encore son emprise sur nos consciences, hommes et femmes.


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Sujet: 
Le veto maternel dans l'idéologie patriarcale
Auteur-e: 
Bleuler
Date: 
Mer, 2004-03-03 10:59

Monsieur Lobo,

L'article de Turcotte est disponible sur internet: http://www.unites.uqam.ca/grave/prospere/pages/pdf/Turcotte_Dubeau.pdf

Le lire vous permettra de vous faire une idée plus juste qu'avec le résumé ciblé que je vous en ai fait.

Turcotte n'affirme pas que les facteurs maternels sont les seuls en jeu. Il y en a bien d'autres (caractéristiques psychologiques du père; Caractéristiques psychologiques de la mère; sexe de l'enfant; Status socio-économique; Niveau d'engagement professionnel des conjoints, etc). Mais, la découverte surprenante mise à jour par la revue de Turcotte apparaît lorsque l'on oppose les caractéristiques du père à celles de la mère, "toutes choses égales par ailleurs". Ce sont les caractéristiques de la mère qui sont les plus déterminantes sur le niveau d'engagement paternel. On peut s'expliquer les choses de la façon suivante : Si le père se croit compétent et que sa femme lui fait obstacle, le père semble reconnaître un "veto" à sa femme et abdique son rôle de soignant. Il se contente de partager les jeux avec les enfants. Si au contraire, le père ne se croit pas compétant mais que ça femme veut qu'il s'implique et le croit apte à s'impliquer, la volonté et les croyances maternelles créent un "vacuum", un vide qui "aspire" et dans lequel s'engouffre le comportement paternel. Ici les stéréotypes patriarcaux donnent un grand pouvoir à la mère. Bien d'autres recherches confirment cette interprétation du droit de veto maternel. Lire notamment : Le soutien aux pères de famille biparentale : l'omniprésence de "docteur maman" (Devault, A. & Gaudet, J. 2003 Service social, volume 50) également disponible sur internet (http://www.graveardec.uqam.ca/pere/RSS-16-Devault.pdf). La recherche de Devault concerne de jeunes pères assez proche de nouveaux pères dont vous parliez. Même pour cette nouvelle génération, les auteurs reconnaissent l'action du stéréotype qui veut que les femmes soient naturellement plus "compétente" que les hommes pour s'occuper des enfants.

Aussi, le cliché de la mère qui demande une aide que lui refuse son conjoint arrièré, qui ne veut pas s'impliquer dans les soins au bébé, ne se vérifie pas dans les enquêtes. Ces cas de macho préhistoriques existent, mais ils sont trop rares pour faire pencher la balance. Ce qui fait que les mères sont encore surchargées par les soins des enfants relèverait plutôt de leurs propres préjugés de mère et de leur désir de conserver le pouvoir sur cet aspect de la sphère domestique.

Je partage totalement votre point de vue face à la place que les pères engagés devraient avoir dans les lieux de prise de décision concernant la famille. Je trouve aussi que ces pères devraient avoir des services lorsqu'ils font face à des coups durs. Malheureusement, le réseau de la santé et des services sociaux est d'une scandaleuse pauvreté en ce qui concerne les services pour les pères. Germain Dulac, de McGill, a publié plusieurs résultats de recherches sur la question. Actuellement, ceux qui font obstacle à l'investissement de l'État dans les services aux pères semblent êtres paradoxalement ceux qui, en d'autres lieux, reprochent justement aux pères de ne pas s'impliquer... Un moment donné, il faudrait que madame Lavallée et le CSF se décident. Veulent-elles, oui ou non, que les pères prennent une plus grande place dans les soins aux enfants? Si oui, il faudra qu'elles soient conséquentes et qu'elles revendiquent les investissements de l'État dans ce secteur.


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