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Pour en finir avec le travail de jour et de nuitadmm, Vendredi, Février 13, 2004 - 14:29
admm
Le texte cité ici peut éventuellement être lu là: Ce texte est une réplique à un texte pour le moins explosif commis par le Collectif La Nuit de Québec au sujet de l’épidémie de travaillisme aiguë qui se répand actuellement dans la région sinistrée de Jonquière. Cette région est ravagée par les politiques néolibérales d’une multinationale aidée en cela par un état policier siégeant à Québec qui a, pour l’instant, la charge de gérer la lutte de classe, avec ou sans la collaboration des syndicats, dans ce que d’aucuns appelle la belle province. Une fois n’est pas coutume, on a eu droit à une belle envolée lyrique de nos anarchistes autogestionnaires qui, à défaut d’y voir clair dans ce camp de travail qu’est devenue la planète, travaillent à préparer l’autogestion généralisée la nuit après une dure journée de labeur le jour. On s’imagine, à la lecture du texte, à quel point nos amis « lutte de classistes » ont du astiqué frénétiquement leur stylo en aluminium à la seule idée que les ouvriers pouvaient, ici et maintenant, travailler dur tout seuls, sans patrons et sans capital. Excusez du peu. Que la décision qui affecte aujourd’hui le sort des travailleurs de l’industrie de l’aluminium dans cette région semble provenir directement du château fort où se rassemble annuellement tout ce qui compte de gangsters dans ce bas-monde ne fait qu’ajouter de l’eau au moulin des « antis » ou des « alter ». Mais cette fois-ci, plus besoin de faire du tourisme militant, la preuve est faite que la lutte anticapitaliste (qui serait l’aile radicale de ce mouvement « anti », encore une ineptie du discours d’une partie de la gauche) se conjugue avec le soutien de la lutte des travailleurs de Jonquière. Et c’est cette sirène là qu’on ne tardera pas à entendre du côté de la gauche si le mouvement se durcit. Préparez vos bouchons! Mais, sans jeux de mots qui seraient déplacés, revenons-en à nos moutons : que les ouvriers, employés, en bref les ressources humaines, aient décidé de relancer à plein régime la transformation des ressources naturelles pour contrecarrer les plans de leurs maîtres ne dit rien d’autre que ceci : que faisant face à des gestionnaires et guidés par d’autres gestionnaires, ils ne font que la promotion d’une autre gestion des investissements publics/privés dans cette région du monde où ils vivent et redécouvrent avec une ardeur inégalée l’amour du travail et sa morale syndicale. Je n’ai pour ma part rien vu d’autre dans la lutte en cours, mais je ne travaille ni ne vis avec eux et j’y reviendrai plus loin. À propos : à quoi ça sert l’aluminium? Et les acides crachées par les cheminées, elles servent à créer une industrie de la santé spécialisée dans les services de soins aux clients des régions à risques? Il serait de bon augure pour le débat qui pourrait suivre de prendre une distance par rapport à nos identités respectives et d’éviter de monter au front avec des drapeaux et des slogans (autogestion, réformisme, …). Bref, dissolvons nos organisations ou désertons! Pourquoi? J’occupe pour ma part et depuis plusieurs années cette usine où tout le monde où presque travaille. Même ceux qui ne travaillent pas perçoivent un salaire. Un Bas Salaire, qui tend à pourrir comme un fruit trop mûr, revendiqué de haute lutte en échange de bons et loyaux services déjà rentables ou à rentabiliser. Ca y sent la pourriture de tous les côtés, l’air devient de plus en plus irrespirable au fur et à mesure que la marchandise colonise tout et partout. Même, ou surtout, la vie de ceux en qui on perçoit de Hauts Salaires puent le cadavre et l’avant-garde de la compromission guerrière au service de la conquête de nouveaux espaces-temps pour la marchandise. Ca sent la marchandise cadavérique gavée en batterie dans des usines et l’investissement dans le capital humain dans ce qu’on appelait autrefois l’école où on découvrait, entre autres conneries, ces tapettes à souris que sont les droits de l’homme, l’amour de la patrie et celui du travail bien fait. La marchandise s’entasse depuis longtemps dans ce qu’on appelait autrefois les rues, milieu de vie, lieu de rencontre, lieu de fêtes ou terrain de jeu pour apprendre à jouer à la guerre contre la marchandise elle-même. Propulsée par la science et la technique, la marchandise prend toutes les formes et utilise tous les supports pour étendre son territoire là où l’attend le moins. Et plus elle revêt le masque du progrès, de la science high-tech qui tire la région, le travailleur, l’étudiant, le militant de son bourbier moyenâgeux et plus le discours de la sirène aux seins lourds ou menus et aux joues redessinées sans risque et sans faire mal aux yeux des lapins, s’affiche et se répand pour mieux se reproduire dans le silence du brouhaha médiatisé dans tous les recoins de l’usine. Cette usine je l’occupe, j’y survis, j’y baise, j’y fume, j’y cuisine et aussi j’y travaille mais le moins possible. J’y suis franc, hypocrite, baveux, tendre ou poli. Quelques fois j’y découvre un « racoin » encore inconnu de mes sens, un lieu où expérimenter seul ou non. Un lieu que j’aménage en fonction de mes besoins, où ce qui circule c’est la gratuité, où on y cultive l’art de vivre, l’humour, la rage, la haine, l’amour, toutes les passions peuvent y naître, où on parle du monde tel qu’on le voit, tel qu’on l’entend et tel qu’on le pense. Un lieu où on déstructure pour mieux pouvoir apprendre à se parler. Un lieu ouvert quand on le veut, fermé quand on l’exige, où ce qui n’est pas pensable peut enfin être pensé. Un lieu où on expérimente des pratiques, où on crée de la théorie, où l’inverse si le cœur vous en dit, où ce qui s’échange peut voyager et germer ailleurs avec comme support le désir de vies qui soient autres. Dans un tel « racoin », un NOUS peut éventuellement naître, un qu’on peut aimer et qu’on peut alors décider de défendre jusqu’au bout ou de dissoudre pour mieux recommencer ailleurs. C’est cela l’imaginaire que je partage avec les gens qui luttent, la boîte de Pandore que j’aimerais ouvrir avec eux. Ca n’a que peu à voir avec le pouvoir ouvrier de la Nuit. La dissolution du conseil ouvrier doit être affirmée dès la naissance de sa nécessité en virant les syndicalistes à coup de ce qu’on a sous la main. Kalisses d’esclaves de cette putain d’usine, désesclavisez-vous! Aimé Dégauchi (la nuit) et Marcel Malin (le jour) |
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