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Au Québec, l’heure est à la mobilisationAnonyme, Mardi, Février 10, 2004 - 19:29
Le Drapeau Rouge
Lutter pour la paix sociale ? NON! Au Québec, l’heure est à la mobilisation : Depuis novembre, la hache de guerre est déterrée entre le gouvernement Charest et les grandes centrales syndicales. Le 11 décembre dernier, une importante journée de perturbation était organisée par la FTQ, la CSN et la CSD. Plusieurs dizaines de milliers de travailleuses et travailleurs ont participé dans certains cas à des actions efficaces et exemplaires, pour protester contre la plus sérieuse attaque des dernières années à l’endroit des travailleurSEs au profit des patrons : l’abolition de l’article 45 du Code du travail, protégeant les acquis syndicaux lors de la vente d’une entreprise. Cette attaque fondamentale justifie à elle seule que la classe ouvrière se mobilise et qu’elle organise la riposte. Lutter, c’est l’occasion de prendre conscience de la force de la majorité travailleuse, une force que les directions syndicales préfèrent tenir endormie, en se posant comme les porteurs de la « paix sociale ». Dans notre cas, nous souhaitons de tout notre cœur que cette force se réveille pour de bon, pour aller plus loin, et se battre contre le projet capitaliste lui-même, qui se voue à l’enrichissement des plus riches et n’autorise que des miettes pour la majorité travailleuse. Depuis son élection au Québec, la moindre annonce sortant de la bouche du gouvernement Charest a été vertement dénoncée par les centrales syndicales québécoises traditionnellement alliées du PQ. Celles-ci n’ont jamais eu la réputation d’être proches du parti libéral et la levée de boucliers actuelle ne surprend personne. Pourtant, pour la grande majorité des travailleuses et des travailleurs, l’entreprise de « démolition » du gouvernement libéral n’est pas tellement différente de celle qu’a accomplie le PQ lorsqu’il était au pouvoir. En fait, il y a une attaque majeure dans le projet libéral, qui incarne une version plus dure du capitalisme: c’est l’abolition de l’article 45 du code du travail, qui protège les employés-es lors de la vente d’une partie ou de la totalité de leur entreprise et que le gouvernement Charest (au moment de mettre sous presse) prévoyait adopter avant le 19 décembre. En enlevant cette protection, les capitalistes au Québec auront toute liberté de donner en sous-traitance une partie de leurs activités, ou de vendre leur entreprise sans égard aux protections et gains historiques des travailleurs et travailleuses. Les propriétaires de compagnies, leurs acheteurs ou sous-traitants pourront ainsi abaisser les conditions de travail et de salaire à leur gré et démembrer dans les faits les syndicats en place. Aujourd’hui, devant cette nouvelle attaque et la grogne importante au sein du mouvement ouvrier, les dirigeants syndicaux n’ont d’autre choix que de suivre le réveil de la force ouvrière, qu’ils s’étaient efforcés d’endormir pendant le règne du PQ. La FTQ a frappé les bonnes cibles Les fermetures des ports de Montréal, Québec, Trois-Rivières et Bécancour, de même que le blocage de plusieurs routes du Québec ont été très efficaces lors de la journée de perturbation du 11 décembre dernier. Ce sont essentiellement les travailleurs de la FTQ qui ont réussi à paralyser le commerce sur les voies maritimes et routières, ce qui a coûté plusieurs dizaines de millions de dollars aux armateurs, aux transporteurs et aux manufacturiers selon la Fédération des chambres de commerce du Québec. Le commerce international représente un chiffre d’affaires de 500 millions de $ par jour, dont une grande partie transite par les quais. Il nous faut apprendre de ces actions qui ont été très habilement menées et soigneusement planifiées par les travailleurs, tant dans le port de Montréal que sur les différentes routes qui ont été fermées. La police de Montréal a même battu en retraite après avoir vu une cinquantaine de ses policiers encerclés par un groupe de syndiqués-es en colère, qui ont défié les policiers en leur servant leur propre médecine d’intimidation. Le courage et la solidarité des syndiqués-es valent pas mal plus que les poings sur la table d’un dirigeant comme Henri Massé, habitué à ménager le pouvoir avec ses faux discours. Rappelons les paroles de Massé à Gatineau, citées dans La Presse quelques jours avant le 11 décembre et s’adressant à des syndiqués-es en colère : « je ne suis pas venu pour les pomper, je suis venu pour les calmer. » En commission parlementaire le 27 novembre, il semblait surtout regretter ses liens avec le pouvoir péquiste : « vouloir bulldozer 40 ans de paix sociale et industrielle, de jurisprudence et de décision de tribunaux, ce n’est pas une preuve de courage, mais de témérité » disait-il pour dénoncer les mesures Charest. Un discours qui rejoint celui de la présidente de la CSN Claudette Carbonneau. Lors d’une première manifestation tenue le 27 novembre dernier à Québec, la présidente de la CSN dénonçait elle aussi les attaques législatives du gouvernement Charest comme étant surtout « une menace pour la paix sociale ».Les actions menées par la CSN le 11 décembre réflétait à bien des égards cette tradition routinière de paix sociale, instaurée depuis plusieurs années, et qui ne dépasse guère les manifestations à ballons. On avait prévu pour cette journée quelques 500 « événements distincts, manifestations et parades organisés dans le but de sensibiliser la population aux enjeux soulevés par plusieurs lois impopulaires du gouvernement Charest ». Malgré une direction inconséquente avec son discours de paix sociale, les syndiqués-es de la FTQ ont donc frappé les bonnes cibles le 11 décembre et démontré qu’ultimement, ce sont les travailleurs et les travailleuses qui permettent aux capitalistes d’empocher des millions de revenus à chaque jour et les profits qui en découlent. Ce type d’action nous en apprend bien plus sur les lois du capital et la lutte des classes, que les parades syndicales. Il est d’ailleurs révélateur que le patronat et le gouvernement aient tous deux violemment dénoncé les blocages de routes et de quais dans les ports : le ministre de la Sécurité publique Jacques Chagnon s’est dit satisfait du déroulement de la journée, mais a vivement dénoncé le blocage de certaines routes : « que les gens manifestent en donnant des tracts et en faisant passer leur message, on peut en convenir. Mais bloquer des routes à ce stade-ci, ce n’est pas admissible. » Même son de cloche du côté du vice-président pour le Québec de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI Richard Fahey, pour qui « la stratégie de nuire aux activités économiques est inacceptable et ne saurait être tolérée ». La cour Supérieure (très zélée quand il s’agit de protéger les intérêts capitalistes) l’a bien défendu elle aussi puisqu’au lendemain du 11 décembre, elle accordait une injonction pour interdire à la FTQ toute forme d’obstruction aux entrées du port de Montréal (comme le dit la chanson l’Internationale : Le droit du pauvre est un mot creux! En un mot, pour les capitalistes, on peut faire autant de manifestations pacifiques, qu’on veut, cela ne leur fait pas un pli… mais ne touchez pas leur argent! Voilà qui devrait servir de bonne leçon aux plus ardents défenseurs de la paix sociale, un concept complètement contradictoire quand on prétend mener une lutte contre le pouvoir capitaliste, et surtout, quand on veut la gagner. Les travailleurs et travailleuses doivent continuer la lutte et ne pas en rester aux actions inoffensives, au risque d’être trahis une fois de plus par la direction du mouvement syndical, pour qui le retour de la paix sociale est plus important que de véritables gains pour la classe ouvrière. |
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