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À jonquière: Le scabreux dossier de la brasque

batiste, Lundi, Février 2, 2004 - 12:20

Batiste W, Foisy

Alcan, cette mutinationale dont le dernier sommet de Davos a mis en exergue le dévouement sans borne qu'elle porte pour ses employés, veut construire une "usine de traitement des basques usées" à Arvida (Jonquière). La brasque usée est un déchet classé dangereux. Le projet fait présentement l'objet d'une audience pulique... Une troisième usine de traitement des déchets dangereux au saguenay (il y en a déjà une à Larouche et une autre à St-Ambroise, le même genre que celle projetée à Belledune), voilà comment Alcan remercie la communautée qui l'a mise au monde.

Mon dossier sur cette sale affaire.

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Quelques infos à connaitre avant d'entrer dans le vif du sujet:

-L'ancienne municipalité d'Arvida a été fondée par Alcan. Arvida est l'acronyme de Arthur Vinning Davis, fondateur de la multinationale. Un vrai company-town.

-En l'an 2000, le ministère de l'Environnement du Canada a élu Jonquière ville la plus polluée au Canada.

-Jonquière a le plus au tôt de cancer (tout cancers confondus) au Québec, c'est aussi l'endroit au Québec où l'on meurt le plus de maladie respiratoire. C'est enfin la deuxièeme place où l'on meurt le plus de cancer du poumon, la première étant La Baie... située à une demie-heure de voiture de Jonquière.

-La brasque usée est un déchet classé dangereux issu de la réfection des cuves d'électrolyse. 517 000 tonnes de brasque (!) sont présentement entreposées à Arvida et les alumineries québécoises d'Alcan en produise envirion 25 000 tonnes par année.
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LE CREDD FERA UNE DEMANDE D'AUDIENCES PUBLIQUES
(décembre 2003)

Le Conseil régional de l’environnement et du développement durable (CREDD) déposera une requête au Bureau des audiences publiques sur l’environnement (BAPE) afin que le projet de construction d’une usine de traitement des brasques usées dans le secteur Arvida de l’arrondissement Jonquière soit exposé et débattu publiquement.

La décision, prise le 20 novembre lors d’une réunion du conseil administratif de l’organisme sis à Alma, fait suite au dépôt public par le BAPE, le 28 octobre, du dossier relatif au Projet d’implantation d’une usine de traitement de la brasque usée à Saguenay, arrondissement de Jonquière, par le Groupe Alcan Métal primaire. Ce document, consultable sur le site Internet du BAPE ainsi qu’aux bibliothèques de Chicoutimi et d’Arvida, expose le projet d’Alcan d’implanter une usine de traitement des brasques usées – un déchet classé dangereux issu de l’électrolyse de la bauxite contenant notamment de l’ammoniac, du fluorure et du cyanure – à proximité de son aluminerie d’Arvida.

« C’est assez essentiel qu’un projet comme ça soit, au moins, soumis au public et que les gens en comprennent bien les enjeux, explique le directeur général du CREDD, Daniel Groleau. Le CREDD croit à l’institution du BAPE et il n’est pas question qu’un projet tel que celui là ne passe pas par là ». Pour lui, il va de la mission même de son organisme de faire cette demande. « Je ne dis pas que c’est pas correct, poursuit-il, c’est pas ça du tout. Mais je veux qu’on y réfléchisse ».

Les principaux enjeux qui poussent le CREDD à faire une demande d’audience publique sont, selon M. Groleau, la provenance des brasques, le flou entourant le procédé de traitement utilisé et le fait que ce serait la troisième usines de traitement de déchets dangereux en opération au Saguenay.

De son côté, le Comité de l’environnement de Chicoutimi (CEC) attend la tenue de son prochain conseil administratif, le 9 décembre prochain, pour décider s’il fera, oui ou non, une demande au BAPE. Le responsable du dossier, Marco Bondu, affirme cependant que, pour lui, une audience publique s’impose et que c’est la position qu’il défendra au CA.

NOTE: les demande ont finalement été acceptées

LA PROVENANCE POSE PROBLÈME
(décembre 2003)

Pour le responsable du dossier au CEC, Marco Bondu, la provenance des brasques « c’est le point le plus chaud » du dossier, car il pourrait signifier qu’Arvida devienne, en quelque sorte, la poubelle à brasques d’Alcan. D’autant plus qu’approximativement 500 000 tonnes de brasques, provenant des différentes alumineries québécoises de la multinationale, sont déjà entreposées à Arvida.

Dans le document rendu public par le BAPE on peut lire que «les brasques usées proviendraient principalement d’Alcan et, dans une moindre mesure, de tierces parties. Les brasques d’Alcan seront celles qui sont générées lors de la réfection des cuves d’électrolyse (Canada, USA et Europe) ainsi que celles actuellement en entreposage à Jonquière».

L’usine aurait une capacité de traitement de 80 000 tonnes de brasques par an, desquelles 20 à 25 000 tonnes proviendraient de celles déjà en entreposage à Arvida, 25 à 30 000 tonnes des alumineries québécoises d’Alcan, 25 000 tonnes d’autres alumineries du Québec et 5000 tonnes d’usines Alcan hors Québec.

De l’avis du responsable du dossier au CEC, si la capacité de l’usine était revue à la baisse et qu’elle servait d’abord à traiter nos brasques locales, « on se rapprocherait davantage du développement durable ».

À propos des brasques provenant d’usines Alcan hors Québec, le directeur du CREDD, Daniel Groleau, raconte que son organisme a demandé des clarifications à l’entreprise, mais que personne ne pouvait leur en dire davantage. « La réponse est toujours la même, dit-il. C’est que les marchés sont à développer. Mais, en ce qui me concerne, quand on parle d’Alcan, les marchés ne devraient pas être à développer, ils les connaissent ».

La question de la provenance appelle également celle du transport. On se souviendra que, le 19 mars 1990, aux installations portuaires d’Alcan de La Baie, une explosion est survenue dans un cargo qui devait servir à transporter des brasques usées à une usine de traitement située en Arkansas. Le contact des brasques avec de l’humidité avait alors été à l’origine de l’explosion.

Les brasques de l’usine d’Arvida seraient, elles, transportées par chemin de fer dans des wagons conçus spécialement à cet effet. Il n’y aurait donc plus de risque qu’un accident tel que celui de La Baie survienne. « C’est sûr qu’Alcan semble démontrer qu’ils ont le souci de transporter ça de façon sécuritaire, dit M. Groleau. Mais le risque on l’élimine jamais. »

« Ça va être un bel enjeu de développement durable, conclut le directeur général du CREDD. On est conscient qu’il y a des impératifs économiques pour Alcan là-dedans, mais il y a également des impératifs environnementaux par rapport aux 500 000 tonnes qui sont entreposées en ce moment dans la région. Est-ce que c’est une priorité de s’en débarrasser en premier ? Je pense que c’est aux gens de décider et, pour moi, c’est clair que ça va prendre un BAPE pour en discuter ».

NOTE: en audience publique Alcan a révélé que des brasques Américaines (provenant du Tenessee et probablement du Kentucky) seraient transporté au Saguenay. Des brasques de Kitimat en Colombie-Brittanique pourrait aussi être acheminée au Royaumme.

LE PROCÉDÉ DEMEURE MÉCONNU
(décembre 2003)

Pour des raisons de secret industriel principalement, le procédé LCLL (pour Low Caustic Leaching and Liming) qui serait employé pour traiter les brasques usées dans l’éventuelle usine d’Arvida n’a pas encore été explicitement détaillé.

« Malheureusement, admet la relationniste du Centre de recherche et de développement d’Alcan à Arvida, Renée Larouche, il n'y a pas, à l'heure actuelle, de document public disponible pour [..] aider à comprendre plus à fond le procédé. Cependant, s'il devait y avoir des audiences publiques en environnement, nous mettrions ce genre de document à la disposition du public. »

« C’est un procédé qui n’est pas connu, qui est expérimental, renchérit le directeur du CREDD, Daniel Groleau. Il va donc falloir bien le faire connaître aux gens ». Pour lui, ce flou est un enjeu important qui devra être débattu en audience publique.

Le procédé LCLL consiste en sept étapes : le broyage et le concassage des brasques, la lixiviation (« lavage »), la filtration, la destruction des cyanures par chauffage, la cristallisation du fluorure en sodium, une seconde filtration et enfin l’ajout de chaux (« caustification ») au fluorure du sodium.

Pour l’instant, tout ce que l’on sait des répercussions environnementales du procédé, c’est qu’elles devraient être très faibles étant donné qu’il ne s’agit pas de thermométallurgie comme c’est le cas à Gum Springs en Arkansas où se trouve la seule usine de traitement des brasques en Amérique du nord, mais d’hydrométallurgie.

L’étude d’impact déposée au BAPE révèle toutefois qu’il y aurait des émissions d’ammoniac dans l’air, mais qu’aucune répercussion « significative » sur la qualité de l’air n’est prévue. « De ce que l’on en sait, dit Marco Bondu du Comité de l’environnement de Chicoutimi, ce serait en bas de toutes les normes permises. Mais il reste à voir si les normes sont trop permissives ».

NOTE: le LCLL produit lui-même des résidus (non-dangereux ceux-ci) dans une proportion de 1,2 tonnes par tonne de brasque traitée (!). Alcan pense pouvoir les "valoriser" (les vendre), mais n'a pu le confirmer en audience publique. Advenant qu'elle ne trouve pas preneur les résidus seront... entreposés à Arvida!

DE LA NEIGE DANS UN ENTREPOT DE BRASQUE
(Janvier 2004)

Comme partout ailleurs au Saguenay à ce temps-ci de l’année, dans l’entrepôt numéroté 654 où est stockée une partie des brasques usées qu’Alcan entrepose à Arvida, il y a de la neige. Le hic, c’est que, de l’aveu même du porte-parole d’Alcan, François Ameye, la brasque « c’est réactif à l’eau ».

« On ne s’attendait pas à ça », lance le président du Conseil régional de l’environnement et du développement durable (CREDD), Daniel Groleau. Celui-ci a pris connaissance de la situation lors de la visite de l’entrepôt qui avait lieu le 20 janvier à l’occasion de la première partie des audiences publique sur le Projet d’implantation d’une usine de traitement de la brasque usée à Saguenay. « Même les représentants d’Alcan n’avaient pas l’air de s’y attendre, ajoute-t-il. Ils semblaient mal à l’aise. »

En contact avec de l’eau, la brasque dégage des gaz – de l’hydrogène, du Méthane et de l’ammoniaque – qui peuvent provoquer des explosions en milieu confiné. C’est ce qui s’est produit le 19 mars 1990. Le Pollux, un cargo amarré aux installations portuaires d’Alcan à La Baie, qui devait transporter un chargement de brasques en Arkansas, avait alors explosé. Deux morts avaient été constatés.

Durant la visite de l’entrepôt, le surintendant en santé et sécurité et en environnement à Alcan, Stéphane Leblanc, a expliqué que cette neige avait pénétré dans le bâtiment « à cause des grands vents des derniers jours » et que la situation était tout à fait exceptionnelle. Il a ensuite admis que des gaz vont se dégager du tas de brasques quand la neige fondera. Il a enfin ajouté que, puisque le bâtiment est ventilé, il n’y a pas lieu de craindre une explosion. Mais une question demeure: ces gaz non-traités, ils vont où?

En audience publique, le président du Comité de l’environnement de Chicoutimi, Yves Gauthier, a questionné la commission ces émanations. Il a demandé s’il était possible de les quantifier et quel impact cela pouvait représenter sur le réchauffement climatique compte-tenu que le méthane est un gaz à effet de serre. L’expert en impact environnemental d’Alcan, Clément Brisson, a été incapable de répondre.

DES BRASQUES AVAIENT CONTAMINÉ LE SAGUENAY AU CYANURE
(JANVIER 2004)

Parce qu’elles avaient entré en contact avec de l’eau, des brasques usées mal entreposées ont contaminé au cyanure pendant quatre ans les eaux du ruisseau Lahoud, un affluent de la rivière Saguenay.

C’est entre 1986 et 1990 que les événements se sont produits, explique l’ingénieur en analyse industriel du ministère de l’Environnement du Québec Martin Tremblay.
À l’époque, les « cellules » d’entreposage des basques usées étaient étanchées à l’argile. Or, de l’eau s’était introduit dans l’une de ces cellules et, en raison de son caractère hydro-réactif, avait permis à la brasque de produire des gaz qui ont fissuré l’argile. L’eau pouvait donc s’écouler librement à l’intérieur de la cellule.

En contact avec la brasque, l’eau se chargeait de cyanure, un des composants toxique de la brasque. Puis, par effet de ruissellement, elle se rendait dans le ruisseau Lahoud situé à proximité du site d’entreposage.

Les analyses effectuées par le ministère de l’Environnement sur les eaux du ruisseau Lahoud entre 1986 et 1989 ont révélé des taux de cyanure allant de 0,17 à 1,3 milligrammes par litre. Actuellement, le Règlement sur la protection et la réhabilitation des terrains contaminés, en vigueur depuis mars 2003, prévoit que la concentration en cyanure en milieu industriel ne peut être supérieure à 0,2 mg/l . L’organisation mondiale de la santé, quant à elle, recommande de ne pas dépasser 0,07 mg/l . Mais, comme le précise Martin Trembaly : « à l’époque, il n’y avait pas de critère ».

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L'affaire se poursuit... la phase 2 des audiences publiques aura lieu à partir du 12 février. Si ça vous écoeure il est encore temps d'envoyer vos mémoire au BAPE.

[la majeure partie du contenu de ce dossier a paru dans le journal La Pige]

autre texte sur le sujet
www.cmaq.net/fr/node/14676
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Sujet: 
Merci Baptiste
Auteur-e: 
Nicolas
Date: 
Ven, 2004-02-06 11:30

Merci de nous relayer ce genre d'information. Le contrôle ouvrier et les luttes syndicales c'est bien beau, mais il faut aussi se rappeler que qui dit prolétariat industriel dit nécessairement pollution industrielle. C'est pas mauvais de garder l'oeil ouver sur le genre de merde qu'il faudra nettoyer après la révolution, quand nous vivrons l'autogestion généralisée...


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