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Centrale termique du Suroît: Les patrons jubilent tandis que les citoyenNEs ragent

Nicolas, Mercredi, Janvier 14, 2004 - 08:38

Nicolas

C'est devenu un classique des décisions du gouvernement libéral: les patrons en sont heureux tandis que les divers groupes sociaux les dénoncent. L'aval donné au projet de centrale thermique Le Suroît, à Beauharnois en Montérégie, ne fait pas exception à la règle. Toutes les prises de positions des représentants des patrons allait dans le même sens (un gros "bravo!" avec quelques bémols pour se donner bonne conscience) tandis que tous les autres intervenants, de l'Union des consommateurs au Parti Québécois en passant par Greenpeace et la Centrale des syndicats du Québec, dénoncent le projet de centrale.

Une centrale termique

À la base, le projet de Le Suroît est une centrale termique utilisant le gaz naturel comme combustible. Cette technologie est, on s'en serait douté, polluante. Dans le contexte du protocole de Kyoto, qui vise à réduire l'émission de gaz à effet de serre, le projet est un non-sens. En effet, selon Greenpeace, le projet contribuera à faire augmenter les émissions de gaz à effet de serre (GES) au Québec de 2,6 % alors que l'objectif de Kyoto est une réduction totale de 6 %.

"Si l'on permet à Hydro-Québec de construire le projet Le Suroît, nous aggraverons la pollution liée aux changements climatiques, au smog urbain et aux pluies acides", déclare Steven Guilbeault de Greenpeace. "Du point de vue de la qualité de l'air, ce serait comme ajouter 20 000 voitures sur les routes du Québec!" Hydro-Québec a beau affirmer que le "nouveau" projet --c'est la deuxième mouture-- est moins polluant que le premier, Greenpeace estime que c'est marginal (à l'origine le projet devait faire augmenter de 2,8% les émissions de GES). Outre les GES, le Bureau d'audience publique en environnement (BAPE, qui avait refusé le premier projet) soulignait que le projet émettrait 570 tonnes/année de monoxyde de carbone, 240 tonnes/année d'oxyde d'azote et de particules, 150 tonnes/année d'ammoniac, etc.

De faux prétextes

Le gouvernement justifie cette décision lourde de conséquences en affirmant que cette nouvelle centrale devient nécessaire pour assurer la sécurité des approvisionnements des QuébécoisES à l'horizon 2008. Pour les écologistes ce n'est donc pas le projet qui a été modifié, mais les raisons pour le justifier. En effet, en 2002, ce projet devait permettre à Hydro-Québec de "profiter des occasions d'affaires sur les marchés" (en terme clair, pour le marché de l'exportation). A peine un an plus tard, on nous dit qu'il s'agit maintenant d'une mesure exceptionnelle pour assurer la sécurité des approvisionnements en électricité des québécois.

Une coalition de regrouppements environnementalistes* demande ce qui s'est passé entre 2002 et aujourd'hui. Quelle malheureuse hécatombe s'est abattue sur nos réserves énergétiques ? Ces réserves sont-elles gérées avec suffisamment de prudence ? Pourquoi le plan stratégique d'Hydro-Québec, qui sera étudié la semaine prochaine à l'Assemblée nationale, n'en fait pas état ? Pourquoi la Régie de l'énergie n'a-t-elle rien vu, elle qui exerce un contrôle serré de la sécurité des approvisionnements d'Hydro-Québec ? Existe-t-il d'autres solutions moins dommageables pour l'environnement, voire plus profitables économiquement, que l'option retenue ? Les choix de développement énergétique se limite-t-il à une question de délais de mise en service ? Plus fondamentalement, qu'en est-il du respect de la politique énergétique québécoise qui parle plutôt d'énergie renouvelable, de planification intégrée des ressources, de conservation de l'énergie et d'efficacité énergétique ?

Il semble plutôt clair, en regardant qui émait des communiqués d'appui, que ce sont bien plus les patrons qui vont bénéficier de cette nouvelle centrale que les "QuébécoisES". Les Manufacturiers exportateurs du Québec, par exemple, émettent un communiqué d'appui dans lequels ils soulignent que "les faibles coûts énergétiques, notamment dans le secteur industriel, constituent un avantage comparatif majeur pour le Québec et pour la compétitivité des entreprises manufacturières". En fait, l'électricité est une donnée fondamentale dans le calcul des coûts de production industrielle pouvant aller gruger jusqu'au tiers des coûts totaux dans certaines industries. Et on parle de gros sous, les 10 000 manufacturiers québécois exportent pour 120 milliards de marchandises par année. Évidemment, pour le capital, il est bien plus intéressant de voir Hydro-Québec produire toujours plus d'électricité "à des coûts compétitifs" que de mettre en place de couteux programmes d'efficacité énergétique... Et tant pis pour l'environnement.

Il y a des alternatives

Hydro-Québec et le gouvernement ont beau prétendre que la centrale est nécessaire "en attendant" que de nouvelles centrales hydro-électriques entrent en fonction, la triste réalité c'est qu'une fois construite la centrale Le Suroît continuera de produire (et de polluer!) pendant des décennies. Greenpeance souligne que plusieurs alternatives s'offrent en matière d'énergie comme la mise en place de programmes musclés d'efficacité énergétique. De plus, le Québec a un potentiel particulièrement enviable dans le secteur éolien. Mais les politiques de développement de ce secteur sont plus que timides. L'année dernière seulement, les Allemands ont installé trois fois plus d'énergie éolienne que nous projetons en installer au cours des dix prochaines années. Que dire du solaire thermique (pour le chauffage de l'eau et de l'air) utilisé près de 200 fois plus en Autriche que chez nous.

Les environnementalistes* ont sans doute raison en affirmant que "malgré les améliorations apportées par rapport au projet initial, il n'est pas possible de voir de bon côté à cette centrale. En outre, le bilan global des GES augmente si l'on tient compte des émissions liées à l'extraction, au raffinage et au transport du gaz. La réalisation de ce projet est un grand pas en arrière pour le Québec, pour l'environnement et pour le développement durable. C'est une décision irresponsable dans le contexte où le gouvernement n'a toujours pas de plan d'action pour respecter le protocole de Kyoto. Par cette décision, le Québec renie non seulement son engagement à l'égard du Protocole de Kyoto, mais aussi les ententes bilatérales qu'il a paraphées avec les états du Nord-Est Américains pour la réduction des émissions de tous les gaz polluants à l'origine du smog, des pluies acides et du réchauffement de l'atmosphère. En fait, la centrale marque définitivement la fin de "l'énergie bleue" dont les québécois sont pourtant si fier."

*Le Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement du Québec (RNCREQ), l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) et l'Union québécoise pour la conservation de la nature (UQCN).



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