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Retour sur la grève dans le transport en commun à Montréal

Anonyme, Vendredi, Janvier 2, 2004 - 06:41

Pierre Klépock

Entrevue avec le président de ce syndicat qui explique mieux les circonstances de la grève

Pour la première fois depuis 20 ans, les 2 000 ouvriers membres du Syndicats du transport de Montréal (CSN) ont cessé le travail du 16 au 23 novembre dernier."Pour l'année 2003, l'employeur nous disait, c'est zéro augmentation. Si vous voulez plus que ça, vous allez vous le payer, à moins que vous trouviez des pistes d'économie. Il en proposait une piste : aller chercher l'argent à même notre régime de retraite", nous a déclaré Pierre St-Georges, président du syndicat.

"On était pas nécessairement en désaccord avec ça. Par contre, nous voulions une mécanique qui nous protégerait. Les travailleurs assument 50 % des déficits si jamais le régime est en difficulté. Si l'employeur décide du jour au lendemain de doubler le salaire des directeurs ou prendre de l'argent pour administrer le régime de retraite, le syndicat voulait avoir son mot à dire là-dedans", poursuit Pierre St-Georges.

Les raisons du conflit

Auparavant l'employeur était majoritaire de deux votes sur le conseil d'administration du régime de retraite et advenant égalité, le président du Comité de la caisse, le PDG de la STM, avait le vote prépondérant. "Il décidait et passait de façon unilatéral tout ce qu'il voulait. La dernière négociation portait principalement là-dessus. Le bordel que cela a provoqué... Dès maintenant, le régime de retraite va être géré par un comité paritaire et le vote prépondérant du président est retiré", ajoute le syndicaliste.

Piger dans la caisse

Pour la période 2001 et 2002, les rendements du régime de retraite ont été négatifs. La STM a pris une réserve de 23 millions de dollars à même les surplus du régime. "Ces 23 millions, nous explique Pierre St-Georges, auraient pu faire dégager des surplus actuarielles. l'employeur aurait eu la possibilité de dire : nous avons dégagé des surplus excédentaires, nous voulons un congé de contributions. Dans le futur, on va pouvoir dire : pas question !"

Une gestion paritaire

Pour le syndicat, les argents du régime de retraite, c'est fait pour prendre sa retraite, pas pour éponger les déficits de l'entreprise. "Toute l'administration du régime de retraite est assumé par le comité paritaire et l'employeur est condamné à s'entendre avec nous. S'il n'y a pas d'entente, il n'y a aucune possibilité de modification au régime. Toute décision doit être prise de façon paritaire. Dans le passé, ce qui permettait à l'employeur à piger dans la caisse, à l'avenir, ça va être pas mal plus compliqué pour lui", nous assure le président du syndicat.

Un boss provocateur

Suite aux moyens de pression exercés par le syndicat, l'employeur à immédiatemment fait appel au Conseil des services essentiels. "On nous a imposé une ordonnance pour nous empêcher de faire quelques moyens de pressions que ce soient dans les ateliers. Quand l'employeur s'est présenté au Conseil, on s'est fait ramasser. À toute fin pratique, entre le temps où l'ordonnance s'est appliquée et le moment de l'obtention de déclencher légalement la grève, l'employeur a pris le bâton et a frappé dur : les mesures disciplinaires, les suspensions, les mises en demeures, les poursuites au criminel nous sont tombées dessus. Le boss, ce qu'il voulait, c'est que ça saute. Nos membres sont restés très disciplinés avant et pendant la grève, afin de ne pas perdre notre droit de cesser le travail", nous fait voir le dirigeant syndical.

Le droit de grève sans restriction

À la question si le droit de grève doit être légal en tout temps, même durant l'application de la convention collective, le président du Syndicat du transport de Montréal est d'accord à ce que le droit de grève soit garanti, protégé et enchâssé dans la Charte des droits et libertés, comme c'est le cas actuellement dans la plupart des pays européens. Par exemple, la Constitution française considère le droit de grève comme étant une liberté d'ordre public, qui s'exerce sans restriction. "Le droit de grève, c'est un droit fondamental. C'est pas un droit dont on a abusé ces 20 dernières années. Si l'employeur avait été de bonne foi, la grève aurait pu être évitée. La raison pour laquelle on a déclenché la grève, c'est que l'employeur a pris de l'argent à même le régime de retraite", conclut Pierre St-Georges.

Site du Parti Communiste du Québec et de son journal : "La voix du peuple"
www.pcq.qc.ca


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