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Bilan et perspectives de la CSN / 2004 : une année de haute turbulence au QuébecAnonyme, Lundi, Décembre 22, 2003 - 15:52
CSN
Un silence de mort après la tempête Charest C’est un silence de mort qui a succédé aux nombreuses manifestations devant l’Assemblée nationale quelques heures après l’adoption à toute vapeur, sous le bâillon, de huit projets de loi controversés. « Rarement a-t-on vu un gouvernement aussi arrogant. Au mépris des règles démocratiques, le gouvernement de Jean Charest nous enfonce dans la gorge des projets de loi dont personne ne veut, sauf ses amis du patronat. L’année 2004 en sera une de haute turbulence ! » C’est ainsi que la présidente de la CSN a fait le point à quelques jours de la nouvelle année. Dressant un bilan de l’année qui se termine, Claudette Carbonneau a souligné que « l’élément marquant est sans conteste l’arrivée de la tempête néolibérale Charest qui cherche à tout détruire sur son passage. Le 17 décembre a été une journée de deuil national au Québec. Les dégâts sont considérables. Il faudra s’affairer à les réparer pour protéger nos membres ». Insatisfaction générale Depuis le 14 avril dernier, le gouvernement Charest a posé une série de gestes qui ont soulevé le mécontentement de la population. Il a modifié l'article 45 du Code du travail afin de faciliter la sous-traitance, abaisser le taux de syndicalisation et niveler par le bas les salaires et les conditions de travail des travailleuses et des travailleurs ; il s’est donné des lois pour reconfigurer le réseau de la santé et des services sociaux, décentraliser les négociations, défaire et recomposer les syndicats de dizaines de milliers de travailleuses et de travailleurs et cela au goût des promoteurs de la sous-traitance qui y voient déjà une occasion d'affaires inespérée ; il a augmenté les frais de garde de 5 à 7 $, touchant ainsi plus particulièrement les familles à faible revenu ; il a désyndiquer les travailleuses et les travailleurs qui oeuvrent en milieu familial ; il a modifié les règles du jeu en région pour restreindre la voix de la société civile ; il a rendu les défusions municipales possibles, il n’a toujours pas déposé le plan d’action pour combattre la pauvreté et veut plutôt couper dans les allocations d'aide sociale, s'attaquant ainsi aux plus démunis de la société. En l'espace de huit mois, le gouvernement Charest a réussi le tour de force de mobiliser des centaines de milliers de citoyennes et de citoyens contre ses politiques. L’étoile de Jean Charest pâlit rapidement. Sa cote de popularité est en chute libre. Les plus récents sondages montrent que plus de 60 pour cent de la population se dit insatisfaite du gouvernement actuel. Huit personnes sur dix considèrent que les groupes sociaux ont raison de contester les politiques actuelles du gouvernement Charest. « Jean Charest peut bien continuer de prétendre qu’il a un mandat clair et que la majorité silencieuse est de son côté, les sondages sont limpides ! » Perspectives et priorités pour 2004 La priorité de la CSN en 2004 sera de faire « obstruction » aux politiques du gouvernement Charest pour pallier à la protection de ses membres. Plus de 30 000 personnes se sont réunies à Québec le 29 novembre dernier et, le 11 décembre, plusieurs dizaines de milliers de travailleuses et de travailleurs ont perturbé les lieux de travail. « Le 15 décembre les Québécoises et les Québécois ont été bâillonnés de façon odieuse. Ils ont été pris en otage par le gouvernement de Jean Charest. La CSN entend en 2004 intensifier sa lutte pour permettre aux Québécoises et aux Québécois de gagner dignement leur vie et d'avoir accès à des emplois et des politiques sociales de qualité », a soutenu la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau. Dès janvier, le comité exécutif de la CSN entreprendra une tournée dans les syndicats dans toutes les régions du Québec sur la vie syndicale et le contexte général qui demeurent les deux grandes priorités de la centrale. Le 6 février prochain une réunion spéciale du conseil confédéral a été convoquée pour faire le point sur l’action de la CSN au cours des prochains mois. Les délégué-es décideront des avenues à emprunter, telles les protections à se donner dans les conventions collectives à l’égard de la sous-traitance et pour faire face aux lois nos 25 et 30 dans le secteur de la santé et des services sociaux. Tout autre moyen de pression jugé nécessaire dans les circonstances sera examiné et à cet égard rien n’est exclu. « Depuis leur arrivée au pouvoir, les libéraux soufflent le chaud et le froid sur l'État des finances publiques. Ils promettent tout et son contraire. La confusion règne là où l'on est en droit d'exiger la transparence. Les tarifications se multiplient. Le pire est à craindre concernant l'équité fiscale et la volonté de l'État de maintenir suffisamment de ressources pour remplir ses missions. Ce dossier constituera certes un temps fort de notre action en 2004 » , de poursuivre la présidente de la CSN. Quant aux lois nos 7 et 8, la CSN entend déposer dès le début de l’année des requêtes en nullité en vertu des chartes québécoise et canadienne des droits et libertés. Déjà des plaintes ont été déposées au Bureau international du travail, la semaine dernière, pour violation de la convention internationale C-87 adoptée par l’Organisation internationale du travail (OIT) où siègent près de 170 pays conjointement avec leurs organisations patronales et syndicales. Sur la scène fédérale, le véritable test de Paul Martin, sera celui du déséquilibre fiscal. « Nous le mettons en garde. Nous ne tolérerons pas d’autres incursions dans les juridictions du Québec que ce soit dans les municipalités, la santé ou les programmes sociaux comme peut le laisser craindre la création d’un ministère du Développement social », a déclaré la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau. « Quant à l’épineux dossier de l’assurance-emploi, nous pouvons d’ores et déjà annoncer à Paul Martin que la CSN ira en appel du jugement rendu par la Cour supérieure. Il faut d’ores et déjà forcer le fédéral à restaurer le régime d’assurance-emploi ! » Les négociations dans le secteur public dans un bourbier « 2004 devait être l’année des négociations dans le secteur public mais avec les lois nos 25 et 30, la négociation se retrouve dans un véritable bourbier, ce qui ne manquera pas de susciter une vive réplique de notre part. » Pour la présidente de la CSN : « À entendre le gouvernement, la négociation se déroulera normalement sans même savoir qui nous représentons, ni quel sera le profil des nouveaux employeurs. On négociera mine de rien, avec en toile de fond, une période de changement d’allégeance touchant 228 000 personnes et s’étalant sur toute la durée des négociations, en se racontant que l’opération passera inaperçue et ne laissera pas de séquelles ! » « Alors que la négociation est en cours, le gouvernement change les règles du jeu, en décentralisant au niveau local la moitié de la convention collective ; le cœur des dispositions normatives. Le droit de grève disparaît au profit d’une mécanique tronquée de résolution des impasses qui favorise le patronat. À toutes fins utiles, on cherche à faire sérieusement entrave au droit de négociation. Le ministre justifie cette infamie en prétendant rechercher plus de souplesse, moins de lourdeur administrative, alors que son projet fait passer le nombre de conventions collectives de moins de 80 à 1 691. Belle simplification ! » Selon la présidente de la CSN, « avec une telle approche, le gouvernement repousse de plusieurs longs mois, voire des années son obligation de négocier les conventions collectives dans le secteur public, échues depuis le 30 juin dernier. Pendant ce temps, la présidente du Conseil du trésor, Monique Jérôme Forget, ne dit plus mot sur l’équité salariale qu’elle voudrait bien renier. C’est sans compter sur notre ténacité qui remonte à plus de quinze ans ! ». Sur le front syndical L'année 2003 a été une année de grande combativité, la moyenne annuelle des grévistes ayant doublée. Soulignons la fin de deux longs conflits de travail à la céréalière Cargill de Baie-Comeau et à la fonderie Horne de Rouyn Noranda. Soulignons aussi la mise en place de fonds de pension dans les CPE et des gains à cet égard pour les travailleuses et les travailleurs du Syndicat de l'entretien de la Société de transport de Montréal qui obtiennent un meilleur contrôle de leur épargne collective. Les travailleurs de Labatt et Multimarques ont remporté des victoires importantes sur le front de la sous-traitance en faisant adopter des clauses de protection dans leurs conventions collectives. D'autres syndicats poursuivent leur lutte sur cette question. C'est le cas notamment d'Alsthom à Laprairie, des travailleuses et des travailleurs de la municipalité de Saint-Étienne-des-Grès, de ceux d'Urgel Bourgie à Montréal, et des travailleuses et des travailleurs de l'hôtel Plaza La Chaudière en Outaouais. Ce dernier groupe est aux prises avec Michael Rosenberg, celui-là même qui a fait perdurer pendant plus de trois ans un lock-out au Holiday Inn Crowne Plaza de Montréal, en misant sur les faiblesses de l'article 45 du Code du travail. Il récidive aujourd'hui avec ses jeux de compagnies à numéro, en prétextant que les grévistes ont perdu leur lien d'emploi dans le changement de sous-traitant. « Avec la loi no 31, c’est à une multiplication de ce genre de conflit que le gouvernement nous convie ! La paix industrielle est remise en question ! » s’est indignée la présidente de la CSN. « En cette période des fêtes, nous avons une pensée toute spéciale pour les travailleuses et les travailleurs de Radio-Nord dont le conflit de travail se poursuit depuis plus d’un an. » Plus de la moitié des travailleuses et des travailleurs syndiqués du Québec entameront des négociations en 2004. Outre les employé-es du secteur public, les travailleuses et les travailleurs du secteur manufacturier et de ceux des communications, du commerce, de la construction et des grandes usines de pâtes et papier seront en négociation. L'inquiètude est également grande sur le front de l'emploi. Le chantier maritime Davie vient de perdre un important contrat qui aurait maintenu plus de 600 emplois pour un an et demi. Le gouvernement du Québec a refusé d'accorder une garantie d'exécution à Oceanex, de Montréal, qui s’est tournée vers un chantier d’Hambourg, en Allemagne. 642 travailleurs se retrouvent au chômage avec la fermeture de l’usine Abitibi-Consolidated de Port Alfred. « Le gouvernement doit tout mettre en œuvre pour éviter le pire et réviser sa politique de désengagement de l’État à l’égard du soutien à l’entreprise et à l’emploi ! » La présidente de la CSN a conclu en adressant ses meilleurs voeux pour la nouvelle année à toutes les travailleuses et à tous les travailleurs de même qu'aux Québécoises et aux Québécois. La Confédération des syndicats nationaux représente plus de 280 000 travailleuses et travailleurs répartis dans 2 700 syndicats. |
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