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Fin de la grève aux cafétérias de Bombardier Aéronautique à Montréal: C'est ça la sous-traitanceNicolas, Jeudi, Novembre 27, 2003 - 09:34
Nicolas
En grève depuis le 14 août, les travailleuses et les travailleurs des cafétériats de Bombardier Aéronautique, à Montréal, vont rentrer au travail lundi le premier décembre. La FTQ avait fait de ce conflit "une bataille exemplaire pour illustrer les effets dévastateurs de la sous-traitance qui appauvrit les travailleurs et les travailleuses en diminuant leurs conditions de travail et de salaire". Le conflit était inévitable à partir du moment où Bombardier a décidé de vendre à la compagnie Aramark ses cafétériats. Le sous-contractant est une multinationale américaine spécialisée dans la sous-traitance d'à peu près tout ce qui se peut se sous-traiter comme service auxilliaires (cafétériat, entretien, buanderie, alouette!). C'est en plein le genre de compagnie qui veut mettre la main sur les contrats de sous-traitance des services publics. Férocement antisyndicale, la multinationale a décrétée un lock-out dans les anciennes cafétériats de Bombardier dès qu'elle a légalement pu le faire. L'objectif de la compagnie était de faire passer les salaires des employé-e-s syndiqué-e-s de 18$ à 7,75$ de l'heure. Pas surprenant que dans ces conditions le syndicat ait déclenché une grève légale immédiatement après le lock-out. Les syndiqué-e-s étaient probablement dans la meilleure situation possible pour résister à Aramark : ils et elles étaient membres du même syndicat que les ouvriers de Bombardier qui mangent dans leurs cafétériats. Ils et elles ont profité-e-s de la solidarité active des autres travailleurs et travailleuses qui s'est traduite par un boycott ferme des cafétériats et des machines distributrices. Ce boycott a été étendu par le Syndicat des machinistes et des travailleurs et travailleuses de l'aérospatiale (FTQ) à toutes les autres cafétériats non-syndiquées et machines distributrices gérées par Aramark dans les usines qu'il syndique (5 dans la région de Montréal). Finalement, la direction de la FTQ avait décidé de faire de la bataille une lutte exemplaire ce qui n'a pas peu contribué à faire sortir de l'ombre ce conflit. À la mi-septembre, au moment de l'appel au boycott, les "négociations" duraient depuis 8 mois. L'"offre finale" de la compagnie était une claque en pleine face: 8$ de l'heure, avantages sociaux financés à 50% par les employé-e-s, pas de nombre d'heure minimum et droit de gérance illimité pour la compagnie. Autrement dit la compagnie n'ayant pas le choix de tolérer le syndicat --c'est encore la loi pour le moment-- voulait faire comme s'il n'y en avait pas et signer une convention collective vide de sens. Un peu plus de deux mois plus tard, les syndiqué-e-s acceptent un nouveau contrat de travail qui "permet de réduire les effets négatifs de la sous-traitance" (selon le syndicat). J'imagine que si les syndiqué-e-s ont accepté-e-s l'entente de principe, c'est qu'ils et elles sont persuadé-e-s de ne pas pouvoir aller chercher plus... Le syndicat a négocié des salaires qui s'échelonnent de 10,15 $ à 14,50 $ l'heure. Autrement dit, même après 3 mois et demi de grève, un boycott et avec l'appui de la direction de la FTQ, les syndiqué-e-s ont dû accepter une baisse de salaire allant de 20 à 44%. Si c'est ça qui se passe quand les gens sont syndiqué-e-s, qu'ils sont prêt à se battre et qu'ils ont l'appui du mouvement ouvrier, qu'est-ce que ça va être quand le gouvernement va adopter son projet de loi et que les gens vont perdre leur accréditation syndicale en même temps que leur conditions de travail? Quand les compagnies vont pouvoir légalement utiliser des scabs parce qu'officiellement il n'y a plus de syndicat et donc que la "grève" n'est pas légale et sanctionnée par le Ministère du Travail? Va falloir revenir au syndicalisme de lutte de classe d'avant le code du travail et la paix sociale, revenir au syndicalisme révolutionnaire d'action directe. C'est pas moi qui va s'en plaindre... Mais combien de vies brisées et d'humiliations avant que les gens d'ici retrouvent le chemin de la lutte de classe (si jamais ils le retrouvent)? |
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