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L'économie de l'automobile au QuébecMartin Audet, Mercredi, Novembre 19, 2003 - 14:51 Cette étude démontre que contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'argent ne manque pas dans le secteur des transports au Québec. Ainsi en redirigeant une partie de l'argent neuf du secteur de l'automobile vers le transport en commun par des moyens éprouvés, le problème du financement du transport en commun pourrait être réglé tout en favorisant les transports durables et en respectant le protocole de Kyoto. Cette opération serait par ailleurs bénéfique pour l'économie du Québec et aurait pour effet de réduire l'augmentation des bénéfices de l'industrie automobile. Communiqué de presse pour Diffusion immédiate Poser la question du financement des transports collectifs suivant de nouveaux termes de référence Montréal, le 19 novembre 2003- Dans le cadre d'une activité de la Coalition pour le transport en commun, l'auteur Richard Bergeron rendait publiques les données de l'économie de l'automobile contenues dans un livre qu'il vient de publier intitulé L'économie de l'automobile au Québec, poser la question du financement des transports collectifs suivant de nouveaux termes de référence. Pour les organismes membres de la Coalition, cette étude démontre clairement que les Québécois et les Montréalais investissent globalement et de plus en plus des sommes gigantesques pour se déplacer et assurer leur mobilité. Les ressources financières sont donc disponibles et la richesse nécessaire à la réalisation de ces dépenses est donc au rendez-vous.. Malheureusement, faute de politiques publiques dynamiques et visionnaires, ces dépenses pour la mobilité sont effectuées massivement dans le seul secteur de l'automobile au détriment de l'économie du Québec et de la qualité de notre environnement. Un solide coup de barre s'impose donc et ce dernier ne peut être le fait que des gouvernements. L'étude, selon la Coalition, vient confirmer l'intérêt et l'urgence d'un nouveau plan de financement des transports en commun, plan déjà promis par le gouvernement mais dont la publication est sans cesse reportée. Voici en marge de cette présentation les faits saillants de cette étude : En 2002, les transporteurs publics de la région métropolitaine de Montréal ont transporté 41 millions de passagers de plus que six ans plus tôt, et ce, tout en disposant de budgets qui, en dollars constants, furent inférieur de 43 millions de dollars à ce qu'ils étaient en 1996. Une telle « performance » ne pouvant être reproduite indéfiniment, le transport collectif, comme chacun le sait, se retrouve aujourd'hui plongé dans une crise financière majeure. Tous s'entendent pour dire qu'en transport des personnes, l'argent se fait rare, et plus encore l'argent neuf. Ce n'est absolument pas ce qu'indiquent les chiffres relatifs à l'automobile. Dans le marché québécois du véhicule neuf, le chiffre d'affaires est passé de 7,8 milliards de dollars en 1995, à 12,7 milliards en 2002. Si on considère l'ensemble des ventes au détail dans l'automobile - véhicules, carburants, pièces et services -, l'argent neuf qui fut canalisé ver l'automobile au cours des cinq dernières années a totalisé 16,1 milliard de dollars. Ce qui signifie que chaque fois que les ménages ont disposé de 1 $ de plus à affecter à leurs dépenses de consommation, ils ont canalisé 63 ¢ vers leurs automobiles, contre seulement 37 ¢ vers l'alimentation, l'ameublement, la santé, les loisirs, etc. En ce qui concerne plus particulièrement la région métropolitaine de Montréal, l'argent neuf investit dans l'automobile a totalisé 11,7 milliards de dollars, toujours au cours des cinq dernières années. À l'évidence, l'industrie automobile et, plus généralement, les intérêts liés à l'automobile n'éprouvent aucune difficulté à canaliser vers eux autant d'argent neuf que l'amélioration de la condition économique des Québécois le permet. Sauf à ne pas craindre le ridicule, on ne pourra indéfiniment continuer de se réclamer de Kyoto et du développement durable, tout en étranglant financièrement le transport collectif et en laissant le secteur automobile progresser au maximum de ses potentialités commerciales. Rien que pour procéder aux travaux urgents sur le métro et renouveler le parc d'autobus, ce sont 2,5 milliards de dollars qu'il faudrait d'urgence investir dans les transports collectifs de la région métropolitaine. Si l'on souhaite que l'achalandage continue de progresser au rythme des dernières années, c'est le double de cette somme qu'il faudrait investir. Enfin, si l'on est le moindrement conséquent avec notre engagement de réduire les émissions de gaz à effet de serre en transports des personnes (Kyoto), l'investissement à réaliser, d'ici quinze ans, excèdera 20 milliards de dollars. C'est trop cher, entend-on de tous côtés ! Pourtant, au cours des seules cinq dernières années, ce sont 11,7 milliards de plus que la population montréalaise a dépensé dans l'automobile... L'économie de l'automobile au Québec propose de canaliser vers le transport collectif une partie de l'argent et de l'argent neuf aujourd'hui accaparés par l'automobile. Les moyens d'y parvenir sont connus : programme de redevances-remises, ajustement des droits d'immatriculation à la consommation des véhicules, introduction d'une taxe de stationnement, hausse de la taxe sur les carburants, et pourquoi pas, retour des péages. Utilisées simultanément, ces mesures permettraient d'abaisser significativement la consommation des véhicules neufs achetés par les Québécois, tout en alimentant un Fonds Kyoto à raison de 1 à 2 milliards de dollars par année. Ces sommes seraient affectées à l'amélioration des transports collectifs et, plus généralement, à la mise en oeuvre d'une véritable stratégie de développement durable pour la région montréalaise. Le Québec ne produit ni véhicules, ni carburants. C'est pourquoi un dollar sur deux dépensés par les Québécois dans l'automobile sert à créer de la prospérité économique et de l'emploi en dehors des frontières du Québec. En 2002, dans l'automobile, le déficit commercial du Québec a atteint le chiffre fantastique de 21 milliard de dollars. Ce qui permet de dire qu'au cours des dernières années, notre volonté apparemment insatiable d'augmenter notre consommation automobile fut nettement le principal facteur rendant essentielle la croissance des exportations du Québec, et expliquant donc les pressions accrues exercées sur nos territoires agricole et forestier. Il suit que toute stratégie de développement consistant à réduire notre dépense automobile, au profit d'une dépense accrue dans les transports durables, nous serait hautement profitable. Calculé sur quinze années, et toujours pour la seule région métropolitaine de Montréal, Kyoto entraînerait une réduction de 42 milliards de dollars de notre dépense en transport et nous procurerait un avantage économique net totalisant 29 milliards de dollars. C'est pourquoi il n'est aucunement exagéré de dire que pour le Québec, Kyoto représente une opportunité économique sans égale. Nous faisons aujourd'hui face à deux choix : doubler notre taux de motorisation et nous doter de véhicules toujours plus lourds, plus puissants et plus chers, dans l'espoir d'enfin rattraper les Etats-Unis; miser sur l'excellent réseau de transport collectif que l'on trouve déjà à Montréal pour en faire la métropole mondiale des transports durables. L'économie de l'automobile au Québec démontre que le second choix est non seulement réalisable, mais encore qu'il correspond beaucoup mieux que le premier à l'histoire, à la géographie, à la personnalité et à l'intérêt de Montréal. Pour plus d'info: André Porlier Document disponible sur la page principale du site du CRE-Mtl
Site Web du CRE-Mtl (contient le rapport)
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