|
La presse américaine et la guerre en IrakRozenn, Vendredi, Novembre 14, 2003 - 16:16
Rozenn
Tel était le titre fort encourageant de la conférence donnée par la journaliste américaine Kristina Borjesson , hier à l’Université Laval. Mme Borjesson, coauteure et responsable de la publication du livre « Black List » (Éditions les arènes)á, nous faisait part de sa lecture et de son vécu de la couverture médiatique de la guerre en Irak dans son pays. Un témoignage qui, s’il confirme ce que Chomsky nous explique depuis longtemps, fait tout de même froid dans le dos. Tel était le titre fort encourageant de la conférence donnée par la journaliste américaine Kristina Borjesson, hier, à l’Université Laval. Mme Borjesson, coauteure et responsable de la publication du livre « Black List » (Éditions les arènes) nous faisait part de sa lecture et de son vécu de la couverture médiatique de la guerre en Irak dans son pays. Un témoignage qui, s’il confirme ce que Chomsky nous explique depuis longtemps, fait tout de même froid dans le dos. Pour commencer son exposé, Mme Borjesson nous a rappelé que s’il y a aux États-Unis quelques quotidiens, comme le New York Times, d’une grande qualité, il ne faut pas oublier qu’aujourd’hui la grande majorité de la population s’informe par le biais de la télévision. Aussi, si une information ne passe pas à la télévision, on peut dire qu’elle n’existe pas, car seule la TV rejoint la masse critique des gens. (je n’ose imaginer ce que l’on doit penser alors des médias alternatifs comme le nôtre… Qui rejoignons-nous réellement?). Mais je m’égare là, reprenons… Or le problème de la TV aux USA est qu’elle est à la solde du pouvoir en place. Ainsi, saviez-vous que le président de la FCC (institution de régulation des médias américains) n’est autre que… le fils de Colin Powell? Nommé par W lorsqu’il est arrivé au pouvoir. Une couverture médiatique organisée depuis la maison blanche La couverture médiatique de la guerre en Irak peut se découper en différentes phases, dont la première débute avant la guerre. Ainsi, nul n’a pu ignorer le tapage patriotique auquel se sont livrés les Américains, et en particulier les chaînes de télévision, après le 11 septembre. « If you’re not for us, you’re against us », tel est le climat dans lequel les journalistes doivent travailler depuis plus de 2 ans maintenant. Mme Borjesson l’a dénoncé, parlant d’ailleurs d’une couverture inconsistante de ces évènements. D’ailleurs, bien qu’il ait été démontré que la majorité des « terroristes » du world trqde center étaient saoudiens, on a jamais dénoncé l’Arabie Saoudite dans les médias américains, ni mené d’enquête sur les réseaux terroristes de ce pays… Par contre, l’administration Bush a immédiatement tenté de lier Saddam Hussein et Oussama Ben Laden. On a tout de suite présenté l’Irak comme un nid de terroristes et le général Wesley Clark a même avoué avoir reçu un appel de la Maison-Blanche peu après le 11 septembre, pour lui dire de témoigner, lors de son passage à CNN, des liens entre SH et OL, même si ceux-ci n’avaient pas encore été démontrés... Comme la majorité des sources des journalistes américains sont des sources officielles, tout le monde a suivi le mouvement et le lien a très vite été établi… dans les médias! Puis, on a commencé à évoquer la présence d’armes de destructions massives en Irak, et tous les journalistes ont embarqué sur le sujet. La liberté de la presse, pilier de la démocratie voulue par les pères fondateurs Par contre, la couverture des manifestations anti-guerre a été très limitée. Ainsi, Mme Borjesson évoquait le cas d’une de ses amies journalistes qui avait proposé à une animatrice d’une des émissions de radio les plus populaires aux États-Unis, un sujet sur les manifs; celle-ci lui aurait rétorquée que sa direction lui demandait de ne traiter que des sujets pro-guerre. L’objectivité journalistique à l’état pur en somme! Des images très contrôlées La guerre du Vietnam fut la première guerre suivie par la télévision, et ce sont les images de victimes, en particulier dans le camp vietnamien, qui ont mobilisé la population américaine contre cette guerre et donc obligé le gouvernement américain à se retirer. Aujourd’hui, les images sont donc archi-contrôlées et ne filtre que ce qui a été décidé au sommet. Aussi, on a plutôt l’impression de suivre un jeu vidéo qu’une guerre, déplorait Mme Borjesson. De même que lors de la première édition, les seules images qu’il nous ait été donné de voir étaient des images de bombes, tirées la nuit. On n’a pas vu de victimes ni d’images de la population irakienne, rien qui puisse nous permettre de nous représenter le fait qu’il s’agit, au final, d’une population comme la nôtre… Par contre, les citoyens américains peuvent voir chaque jour Paul Bremer leur expliquaer les avancées extraordinaires de son administration provisoire qui, un jour, a permis de rétablir l’électricité dans tel quartier, un autre jour dans tel autre… D’ailleurs le grand gagnant de la guerre est sans nul doute Ruppert Murdoch et sa chaîne d’information continue Fox news! Mais malgré cette situation de plus en plus critique pour les médias et la liberté de la presse, Mme Borjesson essaie de garder espoir et de continuer à exercer son métier tout en respectant les valeurs auxquelles elle croit. Pour ce faire, elle travaille de manière indépendante, et collabore avec un certain nombre de médias alternatifs auxquels elle croit beaucoup. Mais pour contrecarrer ces grands médias, il faut absolument que les médias alternatifs se regroupent en réseau, pour que l’agrégation de nos forces nous permette de lutter efficacement.
|
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Ceci est un média alternatif de publication ouverte. Le collectif CMAQ, qui gère la validation des contributions sur le Indymedia-Québec, n'endosse aucunement les propos et ne juge pas de la véracité des informations. Ce sont les commentaires des Internautes, comme vous, qui servent à évaluer la qualité de l'information. Nous avons néanmoins une
Politique éditoriale
, qui essentiellement demande que les contributions portent sur une question d'émancipation et ne proviennent pas de médias commerciaux.
|