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Comment un Uqamien a impunément relancé la surenchère répressive dans le quartier Centre-SudAnonyme, Dimanche, Novembre 9, 2003 - 02:05 (Analyses)
COBP
L'étudiant Daniel Normandin devient le nouveau champion du nettoyage social lorsque son réçit délirant et inexact sur "l'insécurité" dans Centre-Sud reçoit le titre de Lettre de la semaine dans le quotidien La Presse. De la lettre de Daniel Normandin Comment un Uqamien a impunément relancé Cet été, les partisans du nettoyage social se sont trouvé un nouveau champion pour défendre leur croisade sécuritaire dans le quartier Centre-Sud : un étudiant en droit de l’UQAM en la personne de Daniel Normandin. Cet uqamien est l’auteur d’une lettre intitulée " Désolation, rue Saint-Denis " qui a été publiée dans le quotidien La Presse le 29 juin 2003. Une lettre, qui verse tantôt dans la désinformation, tantôt dans la démagogie, et qui prétend que la vente de drogue, la prostitution et la mendicité sont partout dans le quadrilatère Saint-Denis/Sherbrooke/St-Hubert/Viger parce que la police, de même que les agents de sécurité de l’UQAM et ceux de la station de métro Berri-UQAM, auraient abandonné les rues du quartier au profit des activités criminelles. En résumé : on voit trop de pauvres et on voit pas assez de police, ce qui fait fuir une certaine clientèle privilégiée, ce qui est pas bon pour les affaires des marchands. Les boss de La Presse ont tellement raffolé du discours insécuritaire à Normandin que sa lettre a été élue "Lettre de la Semaine ", consécration suprême pour les auteurs du courrier des lecteurs. Et pour récompenser ce lumineux uqamien d’avoir si courageusement exercé son devoir de citoyen-dénonciateur, La Presse lui a remis une copie laminée de sa lettre qu’il pourra montrer fièrement à tous ses amiEs! C’est pas beau ça? (et pourquoi un ti-bec sur la joue tandis qu’on y est?) Et ce n’est là que le début puisque la lettre de Normandin sera l’élément déclencheur d’une petite tempête politique dans l’arrondissement. Les porte-parole de l’association marchande du secteur, la Société de Développement du Quartier Latin, récupéra pour son propre compte les insinuations tendancieuses de Normandin, et réussira même à en rajouter. Le président de l’arrondissement, Martin Lemay, devra se défendre publiquement. Puis, vers la fin de la période estivale, la controverse aboutira au déclenchement de l’opération SABOT par le Poste de Quartier 21, qui se traduit par une patrouille à pied intensive dans le secteur, dont les jeunes de la rue feront, en partie, les frais… encore une fois. À première vue, on doit reconnaître qu’il y a peu d’auteurs du courrier de lecteurs qui peuvent se vanter d’avoir obtenu un si gros impact. Mais, de toute évidence, si les écrits de cet uqamien ont reçu tant d’écho de part et d’autres, c’est tout simplement parce que Normandin a eu l’audace dire tout haut ce que pensent depuis toujours de nombreux marchands, des nouveaux résidents yuppies de Centre-Sud et des policiers patrouilleurs. Et peut-être aussi que ce genre de discours typiquement de droite passe mieux quand c’est signé d’un universitaire? Normandin, à qui "la vitalité socio-économique " du quartier tient à cœur, affiche haut et fort son parti-pris en faveur de la classe marchande et s’autoproclame frauduleusement le défendeur des intérêts des résidentEs d’un quartier qu’il a pourtant lui-même déserté. Il revendique que l’État municipal montréalais lance ses forces armées constabullaires à l’assaut des plus démunis, laissés-pour-compte et vulnérables d’entre les pauvres : ceux et celles qui n’ont pas de toit et qui vivent dans la rue, ou qui font la rue. Ces pauvres parmi les pauvres auraient commis le crime impardonnable d’avoir contrevenu à l’esthétisme urbain, de gâcher " le décor " et " le paysage ", empêchant ainsi les membres des classes moyennes et les riches de se sentir chez eux lorsqu’ils flânent sur la rue Saint-Denis pour flamber leur pognon. Bref, Normandin se porte à la défense d’une classe pour en attaquer une autre. Selon Normandin, l’empressement apparent avec lequel la clientèle du Théâtre Saint-Denis " …arrive à l’heure des spectacles et quitte immédiat après la fin… " constitue un des principaux indices qui lui permet de dire que " le quartier n’est pas sécuritaire. " Il voit une terrible injustice dans le fait que des malheureux marchands seraient privé de la possibilité de faire encore plus d’argent, parce que la clientèle du Théâtre Saint-Denis, dont les poches sont pleines de fric, préférait se lancer dans les dépenses ailleurs en ville. Il est vrai qu’il faut avoir une bonne dose de bravoure (ou de culot) pour oser se parader avec des vêtements et des bijoux qui coûtent les yeux de la tête et s’empiffrer dans des restaurants à prétention exotiques devant des itinérantEs qui sont, pour la plupart, sous-alimentés et qui n’ont souvent que les mêmes vieilles fringues usées, parfois même sales et trouées, à se mettre sur le dos. Et quand on se paye le luxe d’une petite sortie au Théâtre Saint-Denis, c’est pour se divertir et rigoler et non pas pour être confronté à de criantes inégalités sociales, qui sont beaucoup moins drôles et divertissantes. On aura vite compris que Normandin ne fait aucun effort pour tenter d’avancer quelque hypothèse théorique que ce soit relativement aux problématiques qu’il soulève. Le propose de Normandin se limite à une vulgaire et superficielle analyse de surface : ce qu’il dénonce, ce n’est pas la surconsommation de drogue, ni la condition des travailleurs et travailleuses du sexe et celle des itinérantEs, mais bien tout simplement la visibilité de ces phénomènes urbains. Et c’est pour lutter contre cette visibilité que Normandin interpelle directement le maire Tremblay, lui demandant s’il est l’homme qui " acceptera de se mouiller dans une politique de nettoyage du quartier " et en exigeant des autorités ni plus, ni moins que des " actions énergiques " . Étant moi-même un résidant du Centre-Sud qui observe ce qui s’y passe, je crois être bien placé pour démontrer comment Normandin monte délibérément en épingle ce qu’il qualifie lui-même être les problèmes no.1, no.2 et no.3 du quartier, respectivement la présence de dealers, de mendiantEs et de prostituéEs. Normandin s’en prend à des cibles d’autant plus faciles puisque les petits revendeurs de drogue ou les travailleurs et les travailleuses du sexe, ou encore leurs clientEs, ne sont évidemment pas des personnes en position de se défendre dans le cadre du procès permanent que ces gens subissent devant le tribunal de l’opinion publique. Je reprendrais donc un à un chacun des trois énoncés sur les soi-disant problèmes du quartier afin d’en révéler les nombreuses exagérations et faussetés sur lesquelles Normandin fonde son discours qui aboutit à réclamer une recrudescence de répression, sans jamais employer ce mot. Commençons par le début : Le problème no.1 auquel nous sommes confrontés ce sont les "dealers
site web du Collectif Opposé à la Brutalité Policière
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