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La surabondance des groupes communautaires: un mythe?Anonyme, Vendredi, Novembre 7, 2003 - 11:14
Jacques Fournier
Commentaire humoristique sur la soi-disant surabondance des groupes communautaires Le vendredi 3 octobre, M. Claude Béchard, ministre de l'Emploi, de la Solidarité sociale et de la Famille (MESSF) rencontrait le Comité aviseur de l'action communautaire autonome (CAACA) et posait la question: Vous trouvez pas qu'il y a trop de groupes communautaires au Québec?. Cette question revient régulièrement, telle un fantôme, dans la bouche des spécialistes de la réingénierie étatique tous azimuts. Elle s'inscrit dans une longue et riche tradition de mythes et légendes. Les groupes communautaires ont été créés en réponse à des besoins sociaux identifiés par les membres qui les constituent. Est-ce à dire que si les groupes sont trop nombreux, c'est parce que les besoins sociaux sont trop nombreux, trop importants, trop criants? Il ne fallait évidemment pas s'attendre à un tel aveu de la part d'un ministre associé à un gouvernement qui veut réduire la réponse de l'État aux besoins sociaux. Il faut plutôt situer la question du ministre dans le contexte des fusions appréhendées, c'est-à-dire d'une part, les fusions potentielles des hôpitaux, des CLSC et des Centres d'hébergement de longue durée, et d'autre part les fusions des divers Conseils (des jeunes, des personnes âgées, des malades, des ceci, des cela, etc. (mais excluez les fusions municipales: contradiction, quand tu nous tiens!). Le gouvernement demande à de très nombreux organismes de fusionner entre eux pour assurer la fluidité (quel beau mot!) et la continuité des services. Il faudrait donc que les groupes communautaires fassent leur part. Si on fusionnait une Maison de jeunes et un Club de l'âge d'or, on aurait une vraie fluidité des services. On s'inscrit à la Maison des jeunes, on vieillit et on n'a même pas besoin de s'inscrire au Club de l'âge d'or. Nous sommes pré-inscrits dès l'âge de 15 ans. C'est de l'efficience, ça, Monsieur le ministre! Par contre, ira-t-on jusqu'à fusionner l'Association sclérose en plaques et l'Association de fibromyalgie? Quelles confusions en vue! Le gouvernement trouve qu'il y a trop de groupes communautaires mais il ne considère pas qu'il y a trop d'entreprises privées. Pourtant, ces dernières créent de moins en moins d'emplois, comparativement aux premiers. C'est vrai que marginalement, exceptionnellement, on observe parfois, en regardant bien, dans une paroisse donnée, deux groupes qui ont à peu près le même mandat ou qui rendent à peu près le même service. Mais c'est rare. D'habitude, les groupes se concertent et rassemblent leurs énergies. Les groupes passent d'ailleurs des heures à se concerter. Parfois, ils ont l'impression qu'ils ne font que ça, se concerter, et qu'ils n'ont pas le temps de rendre des services ou de mener des luttes! Chacun groupe se spécialise. Dire qu'il y a trop de groupes communautaires et qu'ils se marchent sur les pieds, c'est un mythe. D'autant plus que les groupes carburent en grande partie au bénévolat et que c'est dans les petites unités que le bénévolat se recrute et se déploie le mieux. En fait, non seulement il n'y a pas trop de groupes communautaires au Québec, il en manque. Il manque de coopératives et d'organismes communautaires d'habitation, de sections locales de l'Association de défense des droits des retraités (AQDR), d'organismes de défense des personnes assistées sociales et des chômeurs, de Maisons de jeunes, de Centres de femmes, d'organismes d'appui aux personnes atteintes de diverses maladies, de groupes d'éducation dans le secteur de l'environnement, etc. Il manque de groupes parce qu'il y a de la place pour davantage de citoyenneté au Québec, pour davantage d'appartenance sociale, pour davantage de solidarité. Mais le mythe de la surabondance des groupes permet de cesser temporairement de porter attention au sous-financement des groupes. C'est probablement l'objectif du ministre en posant la question. |
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