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Pierre Lamy réplique à Jean CharestNicolas, Samedi, Octobre 18, 2003 - 08:55 (Analyses | Néo-lib. | Politiques & classes sociales | Sante / Health / Salud | Syndicats/Unions - Travail/Labor)
Par Pierre Lamy, Président de la Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN
Monsieur Charest, 15 octobre 2003 Monsieur Charest, C’est sans grand étonnement que j’ai pris connaissance de votre lettre publiée dans les médias. Votre procédé m’apparaît un autre reflet de la gestion distante et hasardeuse que vous et votre gouvernement exercez depuis le 14 avril dernier. Vous vous lancez dans un appel au sens des responsabilités, teinté d’un jugement de valeur aussi injuste que superficiel, à l’endroit de ceux que vous nommez « les groupes d’intérêt ». Aussi, par souci de rigueur et d’équité, votre lettre mérite quelques correctifs élémentaires. Vous aurez compris que votre intervention avive encore plus dans nos rangs une inquiétude profonde qui ne cesse d’augmenter à mesure que votre gouvernement laisse courir toutes sortes de spéculations sur l’avenir des services de santé et de services sociaux. Était-ce votre but ? Je me permets de vous rappeler que notre organisation syndicale est présente dans le milieu de la santé et des services sociaux depuis plus de quarante ans (j’insiste sur la notion de services sociaux dont vous ne faites pas grand état). Nous ne possédons ni vérité ni science infuses, mais notre longue expérience du réseau a toujours servi de phare à nos actions visant à améliorer la prestation des services à la population et les conditions de vie des travailleuses et des travailleurs que nous représentons. Au cours de la dernière décennie, ces travailleuses et travailleurs ont porté à bout de bras un réseau vacillant durement éprouvé par les compressions budgétaires et les pertes d’emploi. Les multiples réorganisations, souvent improvisées et inachevées, ont mis à mal les assises d’un réseau public dont nous demeurons très fiers tout en souhaitant son évolution. Il y a beaucoup à faire notamment pour développer les services de première ligne, ceux à la jeunesse et ceux pour les personnes en perte d’autonomie. Saviez-vous, M. Charest, que ceux que vous qualifiez de corporatistes sont depuis fort longtemps à l’avant garde de ces grandes préoccupations que partage la population du Québec ? Saviez-vous aussi que les personnes qui oeuvrent dans les buanderies, à l’alimentation, à la salubrité et dans les services administratifs participent de la même mission et du même progrès social que celles qui dispensent des soins directs à la population ? Ce sont pourtant ces services de soutien, que vous pointez du doigt, qui ont subi les plus fortes compressions depuis dix ans. Le nombre d’employées dans ces services a en effet diminué de 25,4% soit une perte de 9400 emplois. Notre volonté de développer des services de qualité ne se heurte pas à celle d’améliorer les conditions de travail de nos membres. Il suffit de rappeler que parmi les travailleuses et travailleurs du réseau, dont près de 100 000 font partie de notre organisation, 55 pour cent ont un statut d’emploi précaire et 30 pour cent ne bénéficient d’aucune sécurité d’emploi. Le salaire annuel moyen de ce personnel occasionnel est de $24 500. Au cours des dix dernières années, la rémunération du personnel syndiqué a progressé annuellement de 2,3%, alors que les dépenses globales en santé et services sociaux augmentent au rythme de 5,4% par an. Il faut donc regarder ailleurs que dans la rémunération du personnel l’explication à la forte croissance des dépenses. En particulier, nous vous demandons M. Charest, ce que vous allez faire pour freiner la hausse du coût des médicaments qui augmente au rythme insoutenable de 18,5% par an. Si notre volonté d’améliorer ces conditions de travail doit recevoir de vous l’épithète de corporatiste alors nous la porterons et nous en serons fiers ! Si vous admettiez finalement, monsieur Charest, que les ressources humaines dans le réseau de la santé et des services sociaux ne sont pas une contrainte et un défi, mais plutôt une richesse et un espoir vous devriez sans tarder renoncer à vos projets de privatisation et de recours à la sous-traitance. Je vous renvoie le même message d’ouverture et de grandeur et, j’ajouterais de respect, à l’égard des personnes qui ont contribué, avec leur conviction et leur savoir-faire, au développement d’un outil collectif aussi essentiel que notre réseau public de santé et de services sociaux. Dans le cas contraire, notre fédération n’aura d’autre choix que de joindre les forces progressistes de notre société qui ont à coeur de défendre un héritage dont vous ne vous seriez pas soucié. Par Pierre Lamy, Président de la Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN
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