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Métro-Gagnon Champfleury en lock-out : 80 syndiquéEs à la rue

Nicolas, Samedi, Octobre 4, 2003 - 18:17

Collectif anarchiste La Nuit (NEFAC-Québec)

Dans un geste éminament respecteux de ses employéEs et de sa clientèle, composée entre autre de plusieurs centaines de locataires des HLM St-Pie X, Denys Falardeau a mis son épicerie Métro-Gagnon de Beauport en lock-out le 1er octobre dernier. Résultat: les 80 syndiquéEs battent le pavé depuis ce temps-là.

Un boss comme dans le bon vieux temps!

Denys Falardeau, le propriétaire unique de la chaîne Métro-Gagnon (1), est un capitaliste comme dans le bon vieux temps: arrogant et autoritaire jusqu'à devenir caricatural. L'homme possède une quinzaine d'épiceries dans l'est du Québec qui lui ont permis de déclarer plus de 23 milions de profits l'an dernier. Si la majorité de ses commerces sont syndiqués, c'est un adepte des relations de travail version XIXe siècle. Même si c'est le même syndicat et le même propriétaire, chacune de ses épiceries a une convention collective indépendante et les conditions varient beaucoup d'une place à l'autre. Les conflits ne sont pas rares avec cet homme qui se fout de ses clientEs comme de ses employéEs (fermer le 1er du mois à la porte d'une cité de HLM, faut le faire!). Même ses fournisseurs goûtent à sa médecine, comme lors de la foire Expo-Québec où il les force à venir s'installer dans son (immense) kiosque en les menaçant de ne plus vendre leur marchandise dans ses épiceries s'ils ne le paient pas lui...

Des salariéEs déterminéEs

Avec 260 000$ de ventes par semaine, le Métro-Gagnon Champfleury n'est pas exactement une petite épicerie. Les 80 syndiquéEs, qui ont dû faire une grève de 9 jours il y a 3 ans, savaient que leur patron ne céderait pas facilement et c'est pourquoi ils et elles se sont donnés un mandat de grève à 93%. "Ça fait deux mois qu'on a un mandat de grève mais il n'y a pas eu de moyens de pression, explique un délégué syndical rencontré sur les lignes, ni ralentissement, ni sabotage, ni bris de matériel." D'après les lock-outéEs, le boss a voulu les prendre de court quand il a vu que les syndiquéEs ne céderaient pas sur les questions salariales. "On a réglé les clauses normatives mais on ne s'entend pas sur le salarial, raconte un militant syndical, après deux rencontres de négociation, le patron a fait un lock-out, il veut faire un exemple." Les syndiquéEs veulent que les augmentations arrivent plus vite pour les gens en progression dans l'échelle salariale (à toutes les 600 heures plutôt que 800), que les salariéEs "hors-échelle" aient des augmentations de 4% par année pour 3 ans et que le patron double sa contribution au fonds de pension (qu'elle passe de 5 à 10$ par semaine). "Il y a d'autres petits problèmes, conclu le syndicaliste, comme une semaine de congé supplémentaire que le patron a donné ailleurs et qu'il nous refuse, mais le gros du conflit est là." Fort des fonds de grèves locaux et nationaux des Travailleurs unis de l'alimentation et du commerces (TUAC), les syndiquéEs pensent bien pouvoir tenir assez longtemps pour faire plier leur patron et faire un exemple, dans l'autre sens.

Qu'est-ce qui se passe aux TUAC?

Le Métro-Gagnon Champfleury est la cinquième épicerie de la région à connaître un conflit de travail depuis le début de l'année. Toutes sont syndiquées au local 503 des TUAC. Il y a quelque chose qui ne colle pas avec la réputation assez moche de ce syndicat dans la région. "Quand j'ai lu dans votre tract (2) que les TUAC étaient marqués par le syndicalisme d'affaire, ça m'a fait dresser les cheveux sur la tête, nous disait André Dumas de l'exécutif syndical, mais c'est vrai et les 503 sont un peu les moutons noirs là dedans..." "Nous, quand on s'est présenté à l'exécutif, on a dit qu'on était pas intéresséEs à recruter des membres pour recruter des membres, explique le secrétaire-trésorier, on veut faire du syndicalisme point, c'est-à-dire lutter pour améliorer les conditions de travail des travailleurs et des travailleuses." C'est qu'il y a trois ans, le local 503 a connu des changements à la direction... Marie-Josée Lemieux, qui a commencé sa "carrière" aux TUAC en 1986 comme militante de base sur son lieu de travail, est devenue la première femme présidente d'un local des TUAC. Aujourd'hui, le syndicat affirme, sur son site web, vouloir "faire en sorte que jeunes et moins jeunes évoluent en harmonie et non plus en groupes séparés, ce constat vaut pour leur vie en entreprise tout comme au sein des TUAC 503", ce qui tranche avec le passé (ou en tout cas de ce qu'en retiennent d'ancienNEs jeunes syndiquéEs)... De même, on prépare un congrès de déléguéEs, pour 2004, "au cours duquel les orientations futures de [la] section locale seront tracées pour les années à venir". C'est pas la révolution, c'est sûr, mais si un syndicalisme combatif se développe dans le secteur de l'alimentation et du commerce à Québec, ce sera déjà ça de pris. Qui vivra, verra...

Le magasin Métro-Gagnon Champfleury est situé au 2828, Boul. Champfleury dans l’arrondissement Beauport à Québec. Une vingtaine de personnes tiennent des lignes de piquetages sur les heures normales d'ouverture. Les visites de solidarité sont bienvenues. Les personnes voulant rejoindre le syndicat peuvent composer le 418-623-4388.

Notes:
(1) Il a marié la fille du fondateur de la chaîne, Aimé Gagnon, dont il était l'associé et duquel il a racheté toutes les parts à son déces.
(2) Tract du collectif La Nuit en soutien aux grévistes du IGA-Coop à Sainte-Foy, voir Le Trouble no 19.

www.nefac.net


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