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Redistribuer les richesses: donner un sens politique aux luttes sociales

Nicolas, Samedi, Octobre 4, 2003 - 09:44

Guillaume Davranche

Dénoncer l'accaparement des richesses produites par le capital prédateur, c'est dénoncer tout un système de pouvoir qui bannit aujourd'hui les moindres principes démocratiques du champ économique. Pousser au bout cette logique amène à poser la question d'une rupture avec le capitalisme.

Poser la question d'une autre répartition des richesses, c'est aussi poser la question du pouvoir. Pour reprendre une expression de l'économiste Bernard Maris dans Charlie Hebdo pendant les grèves de mai-juin 2003, les richesses, c'est comme un gâteau dont on répartit les parts. " Le tout est de savoir qui tient le couteau ".

En soi, l'objectif d'une redistribution des richesses n'est pas révolutionnaire. Il ne présuppose pas une transformation socialiste, et on peut tout à fait imaginer un capitalisme qui intégrerait un haut niveau de protection sociale et de rémunération des travailleur(se)s - donc une " meilleure " répartition des richesses produites - sans remettre en cause l'ordre social. Il n'y a qu'à comparer les capitalismes suédois et brésilien. L'expression même de " redistribution des richesses " n'est d'ailleurs pas idéale puisqu'elle suppose qu'une part, même moindre, de la richesse produite par les travailleur(se)s, soit reversée à une classe capitaliste dont la fonction dans la société est parasitaire.

Une revendication unifiante

Mais la valeur d'une revendication ne réside pas nécessairement dans sa radicalité, qui lui donnerait un caractère " réformiste " ou " révolutionnaire " ; une revendication sert aussi à tracer des perspectives d'action. Et dans un contexte d'affaiblissement du mouvement ouvrier et d'éclatement du salariat, l'objectif d'une redistribution des richesses joue un rôle unifiant en donnant une cohérence d'ensemble aux revendications parcellaires : hausse des salaires, maintien d'un système de retraite par répartition, réduction du temps de travail, résorption de la précarité, réquisition des logements vides, etc. : tout cela participe d'une même logique et est dirigé contre un même adversaire, le capital prédateur. L'expliciter, c'est donner un sens anticapitaliste à ces différentes reven- dications et aspirations.

En pratique même, avoir la redistribution des richesses comme fondement des logiques revendicatives, c'est s'éviter des erreurs d'appréciation, comme par exemple de croire que les lois Aubry sur les 35 heures étaient " de gauche " alors qu'elles avaient pour principe de ne pas rogner sur les profits des entreprises... Des mesures profitables au travail doivent coûter cher au capital : vouloir biaiser avec cette loi d'airain relève de l'utopie social-démocrate.

Communisme libertaire

Une répartition égalitaire, dans la durée, des richesses produites implique l'expropriation des capitalistes et la réorganisation de l'économie (et de toute la société) sur la base d'un projet socialiste :

1. socialisation des moyens de production et de distribution des biens ;
2. autogestion des entreprises par ceux et celles qui y travaillent ;
3. planification autogérée de la production.

La propriété sociale des grands moyens de production (usines) et de distribution (grands magasins) mettra fin au désordre généré par l'économie de marché en faisant prévaloir l'intérêt général sur les intérêts privés. En substituant un développement économique maîtrisé à la fuite en avant capitaliste, la socialisation permettra notamment de mettre fin au gaspillage des ressources naturelles et à l'insécurité sociale.

Si les entreprises seront la propriété de la collectivité, l'organisation du travail et de la production à l'échelle locale reviendra elle aux travail-leur(se)s concerné(e)s. L'autogestion permettra une transformation du travail en profondeur, notamment la disparition du travail à la chaîne, parcellisé, et la remise en cause de la séparation/hiérarchie entre travail manuel et travail intellectuel.

La planification autogérée, qui nécessitera la mise en place d'organismes appropriés, mettra en corrélation les besoins exprimés et les capacités productives. Elle devra permettre de dépasser ou d'anticiper les possibles contradictions entre les exigences de consommation et la volonté de désaliéner le travail.

Nous n'avons que faire des logiques gestionnaires, des aspirations à " préserver les grands équilibres économiques ", les compromis et l'ordre social. " Tout est à nous, rien n'est à eux ", ce simple slogan résume la logique qui nous porte, des revendications immédiates à un projet de transformation sociale.

Guillaume Davranche (AL Paris-Sud)

Extrait du mensuel communiste libertaire français Alternative Libertaire (numéro de septembre 2003).

Le numéro de septembre 2003 du mensuel est maintenant en ligne.
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Sujet: 
Quand?
Auteur-e: 
Louise-Anne Maher
Date: 
Sam, 2003-10-04 12:28

Quand est-ce qu'on commence?


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Sujet: 
C'est déjà commencé...
Auteur-e: 
Nicolas
Date: 
Sam, 2003-10-04 13:52

C'est déjà commencé. Le problème c'est que la tendance est plutôt à prendre des sous dans nos poches pour les redistribuer à ceux et celles qui en ont déjà plus qu'assé. C'est entre autre ça le résultat concrèt des baisses d'impôts jumelées à des hausses de tarifications.

Si on veut renverser la tendance, va falloir s'y mettre et vite!


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Sujet: 
encore une utopie
Auteur-e: 
Jonathan Lepage
Date: 
Dim, 2003-10-05 08:13

Encore un texte utopique inspiré de Marx

La Russie et la Chine ne vous ont rien appris?

Communisme = Pouvoir à l'état!
que se soit communisme libertaire ou socialisme.

De plus, c'est bien beau sur papier, redistribution des richesses, moins d'heure de travail, réduction du travail parcellaire. Mais si on veut avoir de l'argent à redistribuer faut quand même que les entreprises fonctionnent et compétitionnent avec le marché mondiale capitaliste.

SVP Arretez de vous illusionnez, c'est bien beau de rêver mais un moment donné il faut redescendre sur terre.

Juste une dernière note, des travailleurs d'usines il n'y en a pu beaucoup aujourd'hui, pis des caissiers chez couche-tard c'est pas un ouvrier, c'est un travailleur, un employé, un salarié.

un ouvrier : Personne rémunérée pour effectuer un travail manuel. Ouvrier menuisier. Ouvrier d'usine. Ouvrier agricole.

Les théories de Marx sont vraiment intéressante, mais elles ont été écrite au XIXe siècle et doit être prisent dans leur contexte.

Jonathan Lepage
Être humain


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Sujet: 
confusion
Auteur-e: 
Nicolas
Date: 
Dim, 2003-10-05 09:17

Alternative Libertaire n'est pas une organisation marxiste --même si elle intégre des apports positifs du marxisme-- mais libertaire, c'est à dire anarchiste. Pour en savoir plus sur ce que propose ce groupe, on peut lire son Manifeste pour une alternative libertaire dans lequel on se rendra compte qu'elle prone, comme tous les anarchistes, la destruction du capital et de l'État.

L'amalgame communisme=russie est facile, trop facile. Il a toujours existé des courants communistes qui était contre l'État. Pour en savoir plus, vous pouvez lire ce texte de la revue Ruptures sur la tradition communiste dans l'anarchisme (un courant antiétatiste).

Pour ce qui est des ouvriers, j'ai pas trop envie d'embarquer là dedans mais de deux choses l'une: premièrement il n'y a pas de moins en moins d'ouvriers mais de plus en plus (si on prend les choses globalement et qu'on ne regarde pas que notre petit nombril occidental); deuxièmement l'exemple de l'employé du Couche Tard est traité dans le texte ou il parle spécifiquement des moyens de distribution (il prend la peine de mettre "magasin" entre parenthèses!). S'il y a effectivement eu des changements depuis 150 ans, il n'en demeure pas moins que les travailleurs et les travailleuses (employés ou ouvriers) sont encore exploités par le capital directement (dans le privé) ou indirectement (dans le public).


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Sujet: 
C'est commencé?
Auteur-e: 
Louise-Anne Maher
Date: 
Dim, 2003-10-05 13:30

Ma question ne concerne pas le capitalisme sauvage qui sévit depuis longtemps. Je veux savoir quand est-ce-qu'on commence à mettre en application un monde anarchiste, concrètement.


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Dossier G20
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Très beau dessin: des oiseaux s'unissent pour couper une cloture de métal, sur fonds bleauté de la ville de Toronto.
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