Le XIIe Congrès forestier mondial (CFM-2003), parrainé par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), vient de se terminer. Les quelque 2400 participants en provenance de 140 pays, réunis au Centre des Congrès de Québec, ont discuté la semaine passée des grandes orientations internationales concernant les forêts pour les cinq prochaines années. L’idée n’est pas mauvaise, au départ…

« Un congrès forestier mondial constitue, pour tous ceux qui sont intéressés par les forêts et la foresterie, un moment privilégié pour faire le point sur le chemin parcouru, pour réfléchir à la situation actuelle et les tendances ainsi que pour explorer de nouveaux horizons », peut-on lire sur le site internet officiel de l’événement, dont le thème était cette année La forêt, source de vie. Bien, pourquoi pas?
Mais il y a un hic… Comment peut-on s’imaginer un seul instant que des décisions qui favorisent avant tout la protection de l’environnement soient adoptées, alors que parmi les principaux commanditaires de l’événement, on retrouve ces mêmes industries qui rasent nos ressources forestières : Abitibi Consolidated, Bowater, Canfor, Cascades, J.D. Irving ltd., Tembec, UPM-Kymmene, l’Association des producteurs forestiers du Canada, Kruger, Welwood…
Le parti pris industriel ne peut être positif lorsqu’il est temps de parler de développement durable, il suffit pour s’en convaincre d’observer la réticence des entreprises à l’enquête publique sur la forêt québécoise… Le directeur général du Conseil de l’industrie forestière, Jacques Gauvin a d’ailleurs affirmé à la Presse canadienne, la semaine dernière, que pour demeurer compétitives sur les marchés internationaux, les entreprises ne peuvent envisager une réglementation plus sévère.
Ces congrès forestiers, qui se tiennent à tous les 6 ans depuis 1949, ont fait tout sauf réussir à mettre un frein à l’exploitation effrénée et irresponsable des forêts de la planète. Pendant qu’on discute à Québec de tièdes politiques satisfaisant les grandes entreprises, l’équivalent d’un terrain de soccer de forêt primaire est rasée à toutes les deux secondes!
La situation est très grave, comme le démontrent encore une fois les toutes récentes études réalisées par la FAO : les forêts mondiales se rétrécissent de 9.5 millions d’hectares par an, moins de 5% d’entre elles étant aménagées de façon « rationnelle ».
Des décisions gouvernementales doivent être prises rapidement! « Le rôle du Congrès est consultatif et non exécutif », apprend-on dans le document de travail des participants. Mais l’heure est plutôt aux actes, on ne peut plus attendre pour mettre en place des mesures concrètes qui arrêteront, ou du moins ralentiront le massacre des ressources forestières planétaires.