« Avec Paul Martin et Jean Charest aux commandes à Ottawa et à Québec, le syndicalisme se retrouve en pleine tourmente néo-libérale ! Le voyage que nous entreprenons maintenant sera long et exigeant. Il nécessitera de travailler collectivement, de travailler en équipe et de faire les liens politiques et syndicaux qui s’imposent. »

C’est en ces termes que la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, a lancé un appel à la mobilisation à l’ouverture des travaux du conseil confédéral de la centrale syndicale qui réunit quelque 250 délégué-es au Palais des congrès de Montréal.

La présidente de la CSN s’est dit inquiète de l’arrivée de Paul Martin à la tête du Parti libéral du Canada. « Sa campagne a marqué le triomphe des idées conservatrices et rétrogrades. Porté aux nues par la puissance de sa machine électorale, Paul Martin a réussi à « surfer » sur toutes les questions politiques importantes. Mais la période des esquives est terminée. Le « futur nouveau premier ministre du Canada » annonce de plus en plus ses couleurs. Ainsi, lorsqu’il compte mettre l'accent sur le remboursement de la dette fédérale au cours d’un prochain mandat, il annonce que les marges de manœuvre budgétaires et fiscales du gouvernement fédéral serviront en priorité à atteindre des cibles financières et comptables plutôt que sociales ou de l’ordre d’une plus grande universalité et accessibilité en matière de services publics ».

La présidente a profité de l’occasion pour interpeller monsieur Martin sur plusieurs sujets, dont le déséquilibre fiscal, l’assurance-emploi, la mise en place du régime québécois de congés parentaux, l’adoption des mesures anti-briseurs de grève et le mariage des conjoints de même sexe.

La présidente de la CSN s’est également dit très préoccupée par les changements proposés par le nouveau gouvernement libéral, particulièrement en ce qui a trait à l’affaiblissement de l’article 45, les projets de loi 7 et 8, les services publics et les services de garde et le rôle de l’État. Les raisons de bondir ne manquent pas, selon la syndicaliste, avec en toile de fond la fusion des accréditations syndicales dans la santé et les services sociaux qui place sur la voie d'évitement deux dossiers prioritaires : l'équité salariale et le renouvellement des conventions collectives.

Selon la CSN, le nouveau dogme du gouvernement Charest est clair : sous-traitance tous azimuts, déréglementation, partenariat avec le privé, le moins cher, le chacun pour soi, la liberté d’entreprise. Tout ce qui ne s’accorde pas avec le programme libéral devra subir une chirurgie d’urgence, comme si la solidarité et la cohésion sociales étaient devenues des tumeurs malignes qu’il faut irradier, extraire de la mission et des responsabilités de l’État.

« Les Québécoises et les Québécois risquent de payer bien cher les baisses d’impôts annoncées. Le gouvernement Charest doit d’ores et déjà comprendre qu’il devra composer avec la CSN et ses 275 000 membres. Il doit savoir que nous ne le laisserons pas troquer les droits syndicaux et sociaux de nos membres et ceux de la population. Il doit tenir pour acquis que nous serons unis, mobilisés et à la hauteur des défis qui nous attendent. Déjà, j’entends le maître-mot de notre réplique : Nous aussi, nous sommes prêts ! », a lancé la présidente de la CSN avant de conclure sur les défis qui attendent la centrale syndicale sur le plan de la négociation.

Plus de la moitié des travailleuses et des travailleurs syndiqués du Québec entameront des négociations cette année. Bien sûr le secteur public est du nombre mais aussi des groupes comme les chargé-es de cours des universités et les travailleuses et les travailleurs du transport scolaire et des municipalités fusionnées.

Du côté du secteur privé, mentionnons, entre autres, les syndicats de Radio-Canada, des quotidiens La Presse, le Devoir, le Soleil, le Nouvelliste et ceux de nombreux autres médias régionaux et spécialisés, ceux de plusieurs caisses populaires et du commerce de gros et de détail.

De nombreux enjeux autour de l'emploi seront a l'avant scène cette année : pensons aux secteurs des scieries, de l’acier, des pâtes et papiers et de l’agroalimentaire. Cette conjoncture est aggravée par le désengagement de l'État face à l'emploi et au développement économique.

La CSN compte actuellement 680 grévistes. Le conflit à Radio-Nord entre demain dans son douzième mois. « Que ce soit chez Archivex, aux accessoires électriques Laprairie, dans l’hôtellerie où deux syndicats sont en grève à Trois-Rivières et en Outaouais, dans le domaine de l’alimentation où quatre supermarchés détenus par Provigo sont en conflit sur la Côte-Nord, la CSN sera toujours présente de façon à favoriser la conclusion de véritables ententes négociées », de conclure Claudette Carbonneau.

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) représente plus de 275 000 membres au Québec et au Canada.