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Les deux rois et les deux labyrinthespier trottier, Jeudi, Septembre 18, 2003 - 14:01
Jorge Luis Borges
Un réçit de Jorge Luis Borges, humouriste mais combien vrai de la simplicité des choses... Traduit de l'espagnol par : Pierre Trottier La Insignia Les deux rois et les deux labyrinthes Par Jorge Luis Borges Traduction Pierre Trottier Des hommes dignes de foi racontent (mais Allah en sait plus) que dans les premiers jours il y eut un roi des îles de Babylonie qui réunit ses architectes et ses mages, et leurs commanda de construire un labyrinthe si perplexe et si subtil que les hommes les plus prudents ne s’aventureraient pas à y entrer, et que ceux qui entreraient s’y perdraient. Cet œuvre était un scandale, par ce que la confusion et la merveille sont des opérations propres à Dieu, et non aux hommes. Avec le passage du temps, il vint à sa cour un roi arabe, et le roi de Babylonie (pour faire une plaisanterie à son invité) le fit pénétrer dans le labyrinthe où il erra, humilié et confondu, jusqu’au déclin du jour. Alors, il implora le secours divin et arriva à la porte de sortie. Ses lèvres ne proférèrent aucune plainte, mais il dit au roi de Babylonie que lui-même, en Arabie, possédait un labyrinthe et que, plaise à Dieu, il lui ferait connaître un de ces jours. Par la suite, il revint en Arabie avec ses capitaines et ses gouverneurs et corrompit les royaumes de Babylonie avec une si heureuse fortune qui renversa ses châteaux, brisa ses gens et fit captif ce même roi. Il l’attacha sur un rapide chameau et le transporta au désert. Ils chevauchèrent trois jours, et lui dit : ‘’ Oh, roi du temps et de la substance et chiffre du siècle!, en Babylonie tu voulus me perdre dans un labyrinthe de bronze avec beaucoup d’escaliers, de portes et de murs; maintenant le Puissant a bien tenu à ce que je te montre le mien, où il n’y a ni escaliers à monter, ni portes à forcer, ni de fatigantes galeries à parcourir, ni de murs qui interdisent le passage ‘’. Par la suite, il le délia et l’abandonna au milieu du désert, où il mourut de faim et de soif. La gloire soit à celui qui ne meurt pas. Traduit de l’espagnol par : Pierre Trottier, septembre 2003 Source : www.lainsignia.org |
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