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Journée d’action contre la violence faite aux femmes: 19 septembreNicole Nepton, Mardi, Septembre 16, 2003 - 10:54
Regroupement québécois des CALACS
"La rue, la nuit, femmes sans peur", "Quand une femme dit non, c’est non", "Take back the night", "Dans la jungle des rues, les femmes rugissent", "No means no" scandent les femmes depuis plus de 25 ans dans les rues de villes et villages des Amériques et d’Europe le troisième vendredi de septembre. "La rue, la nuit, femmes sans peur", "Quand une femme dit non, c’est non", ""Take back the night", "Dans la jungle des rues, les femmes rugissent", "No means no" scandent les femmes depuis plus de 25 ans dans les rues de villes et villages des Amériques et d’Europe le troisième vendredi de septembre. Elles marquent la Journée d’action contre la violence faite aux femmes. Cette manifestation a pris naissance en 1978 alors que les femmes américaines manifestaient contre la pornographie dans les rues de San Francisco. En 1981, le Regroupement québécois des centres d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) reprend l’initiative au Québec, de concert avec les associations canadiennes et américaines contre le viol. Depuis, des femmes de tout le continent manifestent contre la violence sexuelle faite aux femmes, dénonçant le fait qu'elles doivent encore et toujours être vigilantes dans leurs déplacements. Par exemple, 60% des Montréalaises disent avoir peur faire une promenade seules le soir dans leur quartier, versus 15% des hommes (Sécurité des femmes et transport commun à Montréal, juin 2001). Cependant, il n’y a pas que lors de la Journée d’action contre la violence faite aux femmes qu’il soit nécessaire de dénoncer les agressions sexuelles. L'agression à caractère sexuel est un des crimes les plus répandus et les moins dénoncés, avec un taux de dénonciation ne dépassant pas les 6%. Cela s’explique notamment par le traitement judiciaire difficile. Que peut vouloir dire être victime d’agression sexuelle en 2003? Voici quelques exemples de situations rencontrées dans les CALACS en 2003 : Un tribunal a admis l'intoxication de l’accusé comme facteur atténuant au moment de rendre sentence. Serait-ce deux poids, deux mesures, quand on sait que l'ivresse au volant est un acte criminel lui aussi punissable d’une peine minimale? Nous avons aussi vu des contre-interrogatoires menés directement par l’accusé auprès de la victime. Il est déjà assez difficile pour une victime de revoir son agresseur à la cour, imaginez quand ce dernier s'improvise avocat de la défense! Une autre pratique de plus en plus répandue consiste à obliger les femmes agressées sexuellement à passer au détecteur de mensonges sous prétexte qu’il y a de nombreuses plaintes mensongères. Pourtant, les statistiques policières démontrent qu’il n’y a pas plus de plaintes mensongères en matière d’agressions sexuelles que pour tous les autres types de crimes. Même si le système judiciaire connaît des lacunes importantes, les obstacles que peuvent rencontrer les femmes agressées sexuellement ne se limitent malheureusement pas qu’à la justice. Il y a de cela 4 ans, le Ministère de la Santé et des Services Sociaux (MSSS) a procédé à la révision complète de la trousse médico-légale et médico-sociale pratiquée auprès des femmes agressées sexuellement. À l’origine considérée comme un examen facultatif, la pratique démontre que les femmes sont souvent très lourdement pressées de subir un examen médical avec la trousse. Quand on sait que celle-ci comporte des examens gynécologiques qui ne sont pas sans rappeler l’agression sexuelle dont elles ont été victimes, pourquoi le leur imposer sous prétexte que la poursuite exige des dossiers constitués de preuves "objectives" mur à mur? On revient par la bande à l’obligation d’une preuve de corroboration, alors que les réformes du Code criminel avaient aboli cette règle. D’autre part, des femmes ayant été agressées dans leur logement nous ont raconté les difficultés rencontrées lorsque leur propriétaire refuse l’annulation du contrat de location. Ces femmes seront-elles condamnées à vivre dans la terreur jusqu’à la fin de leur bail? Le fait que les agressions sexuelles subies dans le pays d’origine ne puissent constituer un motif suffisant pour que l’immigration accepte une femme comme réfugiée politique au Canada est une autre discrimination faite aux femmes. Il ne faut également pas perdre de vue qu’il y a des milliers de femmes au Québec chaque année qui n’osent même pas nommer les agressions sexuelles subies parce que personne ne croirait que leur conjoint, leur oncle, leur père, leur entraîneur, le directeur d’école les a agressées sexuellement. Ce ne sont que quelques exemples des difficultés rencontrées par les femmes. Quand on sait que le gouvernement qui vient d’être élu a déjà jugé qu’il n’était pas nécessaire de maintenir un poste de ministre désignée et spécifique à la Condition féminine, on peut se demander s’il trouvera cette problématique suffisamment importante et évitera de sabrer dans les budgets des programmes sociaux et dans ceux de l’indemnisation aux victimes d’actes criminels. Cette année, les 30 centres d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) du Québec manifesteront le 19 septembre 2003 dans chacune des régions de la province. Il y aura distribution de tracts et d’autocollants de dénonciation auprès et bien d'autres activités telles que des marches de dénonciation pacifique dans les rues, parcs et palais de justice, des kiosques de sensibilisation, des conférences de presse... Mais cette journée n’est pas le seul moment qui nous soit donné pour appuyer la lutte contre les agressions à caractère sexuel. Des petits gestes suffisent parfois; qu’il s’agisse simplement de croire les victimes, de les soutenir, de dénoncer les propos sexistes et dégradants. Il peut aussi s’agir de faire un geste de dénonciation auprès de vos député-es concernant les difficultés auxquelles font face les victimes d’agressions sexuelles. C'est de la pression populaire que viennent les modifications les plus fondamentales quand il est question des droits des individu-es. N’hésitez pas à nous contacter au 514-529-5252 afin de connaître les activités du CALACS le plus près de chez vous. Marie Drouin et Carole Tremblay, Regroupement québécois des CALACS Voir aussi :
Section sur les violences faites aux filles et aux femmes de Cybersolidaires
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