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Fermeture et négociations chez Air Liquide Chantage éhonté

Nicolas, Mardi, Septembre 9, 2003 - 15:13

FTQ

MONTREAL, le 8 sept. - Les négociations chez Air Liquide se déroulent dans un contexte de chantage éhonté avec notamment des fermetures, des transferts de production en Ontario et des reculs majeurs. En janvier, Air Liquide fermait la division ALPC. En juillet, en plein coeur des négociations, elle annonçait la fermeture de l'usine de Boucherville et le transfert de la production en Ontario. "Air Liquide détruit tout sur son passage. Nous nous étions entendus sur les demandes non monétaires. Une entente prise le 15 juin au matin ne tenait plus dans l'après-midi! Nos demandes monétaires sont raisonnables. La compagnie ne le conteste pas. Air Liquide veut transférer de la production en Ontario et en profite pour casser le syndicat. C'est certainement une des pires négociations que j'ai vécues en termes de mauvaise foi", a déclaré Bruno Lefebvre, coordonnateur du Syndicat des Métallos (FTQ) pour la région de Montréal.

"Nous sommes proches d'un règlement. Nous avons proposé une alternative réaliste face à la fermeture. Nous avions une entente sur les clauses à incidence non monétaire. Notre proposition sur les augmentations est fort raisonnable. Il reste des grenailles à négocier. Depuis des années, nous avions développé chez Air Liquide une formule gagnant gagnant. Elle veut revenir à l'ancienne formule gagnant perdant. Nous ne serons pas les perdants. La compagnie fait une erreur majeure. Elle détruit son futur. Elle est en train de perdre toute crédibilité", a poursuivi Germain Lambert, président de la section locale.

Des reculs partout

Dès le point de départ des négociations, Air Liquide annonce ses couleurs: elle enlève la clause de libération du président du syndicat ainsi que le local du syndicat, demande un gel des salaires, coupe sa contribution au REER collectif des travailleurs et demande un partage important de sa contribution aux régimes d'assurances collectives.

Le 16 juin, lors d'une rencontre de négociations, le syndicat parvient à une entente sur la question de la libération du président syndical, le règlement des griefs en suspens et les autres clauses non monétaires. Dans l'après midi, lors de la reprise des négociations sur les clauses monétaires, l'employeur indique que l'entente intervenue le matin n'est plus valide.

Le syndicat se retire. Entre-temps, des rumeurs persistantes circulent au sujet d'une fermeture partielle ou complète de l'usine de Boucherville. Le syndicat demande et obtient une rencontre de conciliation le 3 juillet. Il somme l'employeur de démentir ou de confirmer ces rumeurs. Ce dernier confirme que la compagnie veut transférer la production en Ontario et qu'elle a procédé à l'embauche d'une agence de sécurité mais nie qu'elle veuille fermer l'usine. Le 7 juillet, Air Liquide annonce officiellement la fermeture de l'usine pour le 12 septembre! Pendant ce temps, des agents de sécurité non syndiqués sont déjà aux portes de l'usine. "Nous avons exigé de la compagnie qu'elle enlève ces gardes de sécurité. Depuis 37 ans que nous sommes syndiqués avec les Métallos, il n'y a jamais eu de violence. Nous avons pourtant connu un conflit de 10 semaines en 1991. La compagnie a acquiescé. Pourtant le 4 septembre, elle les rappelle à nouveau. Prépare-t-elle un autre mauvais coup?", s'est interrogé Germain Lambert.

Le 4 septembre, lors d'une rencontre de négociations, la compagnie fait une offre finale sur la fermeture qui touche à peine huit travailleurs. "Tout ce que cela fait, c'est de laisser sur la touche les travailleurs âgés de 55 ans et plus. Ils sont près de 25 qui pourraient prendre leur retraite. Nous avons développé une formule qui est plus juste pour les travailleurs et qui ne coûte pas plus chère à la compagnie. De plus, cette dernière n'offre rien de nouveau pour régler les négociations. Les travailleurs se sont réunis et ont donné à 78 % un mandat de grève à leur comité de négociations. Les travailleurs sont scandalisés de l'attitude de la compagnie. Est-ce tout le respect que cette compagnie donne à sa main d'oeuvre alors qu'elle prône le partenariat depuis plus de quinze ans?", a indiqué Bruno Lefebvre.

Une solution : un règlement négocié

"Nous demandons à la compagnie de retourner à la table des négociations et de surseoir à toute tentative de procéder de façon unilatérale. Nous croyons que les gestionnaires actuels ont une vision dépassée des relations de travail et risquent par leurs comportements d'hypothéquer le développement de la compagnie au Québec et au Canada" a conclu le coordonnateur syndical.

L'entreprise emploie 35 000 travailleurs dans le monde. Au Canada, elle emploie 2 200 travailleurs. Sept groupes sont syndiqués au Canada et au Québec dont six avec le Syndicat des Métallos. Les usines d'Anjou et de Montréal sont très rentables.



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