|
« Réclame ta rue » : une belle réussite à Québec!neonyme, Lundi, Septembre 8, 2003 - 01:44
neonyme
(Texte et photos)
Le lieu choisi pour établir la fête était demeuré complètement secret jusqu'à la toute dernière minute, mais le rassemblement avait été appelé pour 13h00 à l'Îlot Fleurie, sous les viaducs qui surplombent la basse-ville. C'est en effet de cet endroit que devait s'entamer l'action de réappropriation dans un premier temps, par une marche dans les rues du quartier St-Roch, en route vers cette destination inconnue. À la vue de la faible mobilisation de quelques événements récents, certains observateurs se demandaient quel genre de succès connaîtrait cet événement qui était en cours de planification depuis le mois de mai. Les craintes se sont rapidement dissipées à la vue de la troupe qui s'amassait rapidement sous les viaducs, et c'est entre 400 et 500 personnes qui ont pris le départ aux alentours de 13h30, au grand plaisir de tout le monde! Une température tout simplement parfaite (enfin!) est venue en ajouter au délice du moment. Pourquoi cette action? Le collectif organisateur voulait donner aux gens l'occasion de témoigner concrètement et de façon créative leur désir de changer des choses dans la vie en ville. Dans la tradition des streetpartys, on voulait avoir un événement gratuit, non soumis aux règles de la circulation automobile et de la règlementation municipale qui en découle, pour faire la preuve qu'une action directe peut embellir nos communautés et redonner du pouvoir à ceux qui aiment y vivre. Penser globalement, agir localement: à l'approche de la rencontre de l'OMC à Cancun, c'était aussi l'occasion de faire valoir certains messages alter-mondialistes, et de démontrer qu'on peut sortir de la logique du profit en créant des événements gratuits et auto-produits par ceux qui y participent. Il ne faut pas oublier qu'à Québec, nous sommes habitués de voir nos grands espaces publics être "squattés" par des événements culturels commerciaux qui exigent des déboursés pour fréquenter des lieux qui sont supposés appartenir à tous. Le lieu choisi fut l'intersection Du Pont/St-Joseph (à deux pas du local du CMAQ), au coeur du quartier St-Roch. C'est un endroit très symbolique, un témoignage frappant des effets de la "revitalisation" du quartier, à l'ombre des édifices à bureaux consacrés aux nouvelles technologies, là où l'ancien mail est disparu et où commence ce qui en reste. Un endroit où s'entrechoquent la pauvreté et la richesse nouvellement arrivée, où se trouvent à quelques dizaines de mètres de distance les boutiques de mobilier et décoration haut de gamme et les locaux de soupes populaires et d'organismes communautaire oeuvrant auprès des démunis. La rue Du Pont offre quotidiennement le spectacle de luttes entre espoir et désespoir, une concentration particulière de détresse humaine par moments. La rue St-Joseph pour sa part, a été récemment refaite en fonction des piétons, en pavés avec trottoirs bas, pourtant cette rue ne devient piétonne qu'une fois par année. Et bien en ce superbe samedi de septembre, le lieu a été temporairement rendu aux citoyens pour une fête qui s'est étirée jusqu'en mi-soirée. Sous le regard de policiers restés observateurs, la foule a pris possession du coin de rue, fermant les deux rues d'un bloc dans chaque direction. Une scène fut établie sur le parvis du mail St-Roch, avec aux alentours un terrain de jeu avec filet, un espace pour la danse, une zone pour le vélo acrobatique, un "salon" en plein air avec les sofas, et tout le reste de la rue pour jouer, danser, peindre, maquiller, faire résonner les tam-tams et faire des banderolles. Il est difficile d'expliquer la beauté de l'ambiance joyeuse, et de la magie se se sentir maître de la rue pendant ces moments. Les photos ci-dessous sont là pour essayer d'en témoigner un peu. Le tout s'est déroulé dans le calme pour le reste de l'après-midi. Une épluchette de maïs a aussi été organisée en fin d'après-midi, et d'autres spectacles étaient prévus en soirée. Mais les policiers ont procédé à une arrestation de façon plutôt musclée vers les 19h30, semant dans la foule (qui s'était diluée un peu à ce moment) la crainte d'une intervention plus large. Les organisateurs ont donc choisi de démanteler la scène et une bonne partie des gens ont quitté. Environ une soixantaine de participants ont "résisté" en demeurant sur les lieux, jusqu'à l'intervention de policiers en civil, qui ont forcé une dispersion des gens suite à leur réaction hostile envers un taxi qui avait contourné la barrière. Malgré la finale un peu boiteuse, l'ensemble de la journée fut un succès et une belle réussite, la satisfaction était vraiment palpable chez les organisateurs et les participants. Tout le monde semblait convaincu que c'était la première édition d'une série qui devrait se prolonger plus loin dans le temps. Aurons-nous une tradition de fêtes de rue à Québec? ***** Voici le photo-reportage de la fête, sous forme d'album souvenir en photos. Cliquez sur une image pour en voir une version agrandie. Photos: neonyme
Site web pour cet événement
|
|
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Ceci est un média alternatif de publication ouverte. Le collectif CMAQ, qui gère la validation des contributions sur le Indymedia-Québec, n'endosse aucunement les propos et ne juge pas de la véracité des informations. Ce sont les commentaires des Internautes, comme vous, qui servent à évaluer la qualité de l'information. Nous avons néanmoins une
Politique éditoriale
, qui essentiellement demande que les contributions portent sur une question d'émancipation et ne proviennent pas de médias commerciaux.
|