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En lock-out - Les travailleuses et les travailleurs de Nova Bus s'inquiètent pour la sécurité du public

Nicolas, Mercredi, Septembre 3, 2003 - 15:58

CSD

MONTREAL, le 3 sept. - Les 330 travailleuses et travailleurs de l'usine Nova Bus de Saint-Eustache, en lock-out depuis le 23 juin dernier, sont inquiets. Ils doutent sérieusement que les derniers autobus de transport urbain terminés sans eux, par la compagnie, au cours des dernières semaines soient vraiment sécuritaires.

Membres du Syndicat démocratique des salarié-es de Nova Bus, affilié à la Centrale des syndicats démocratiques (CSD), ces travailleuses et travailleurs ont décidé d'exprimer publiquement leurs doutes et leur inquiétude, craignant pour la sécurité des usagers du transport en commun comme pour celle du public.

"Nous nous devions de réagir vite et publiquement, car c'est de la sécurité même des gens dont il est question, au-delà du conflit de travail que nous vivons actuellement", affirme le président du syndicat, Claude Alarie.

Livrer à tout prix

Depuis le début du lock-out, la compagnie Nova Bus, une division de Prévost Car, a décidé de poursuivre coûte que coûte les livraisons d'autobus, plutôt que de les retarder, les interrompre tant que dure le conflit de travail. C'est ainsi qu'elle a décidé de faire aligner les autobus à Boucherville et de les faire terminer dans une autre usine de Prévost Car, à Saint-François-du-Lac.

"Les travailleurs de cette usine sont loin d'être spécialisés dans l'assemblage, ni dans la finition, ce sont des soudeurs, ils fabriquent la structure des autobus. L'usine ne dispose pas, non plus, des installations et de l'équipement requis pour effectuer des vérifications, encore moins des réparations", explique Claude Alarie.

En outre, les travailleurs syndiqués de Saint-François-du-Lac ont tous été mis à pied, toute la production est arrêtée depuis le déclenchement du lock-out qui frappe l'usine de Saint-Eustache.

La compagnie allègue que c'étaient des cadres de Saint-Eustache qui s'occupent de la finition des autobus à l'usine de Saint-François-du-Lac. "Il y en a peut-être eu, mais nous avons la preuve sur vidéo que des briseurs de grève (des scabs) ont bel et bien travaillé sur les moteurs ainsi que sur la boîte de contrôle électronique, qui est au coeur du fonctionnement des autobus", ajoute-t-il.

Une vérification poussée

Avant d'être acheminé aux clients, chaque autobus est soumis à des tests serrés de contrôle de qualité. Ces tests qui comprennent quelque 200 points sont exclusivement effectués par les salariés de Nova Bus à Saint-Eustache, la plupart sont des travailleurs hautement qualifiés et expérimentés qui affichent plus de 20 ans d'expérience.

De plus, quand les tests de qualité sont terminés, le travailleur ayant effectué la vérification appose son numéro de matricule dans le livre de non-conformité. Ce même travailleur appose une étiquette d'identification sur le véhicule. Dans toute l'usine, huit personnes syndiquées seulement sont habilitées et autorisées à le faire.

Les cadres pourraient théoriquement faire ces tests, mais le syndicat doute qu'ils aient l'habileté manuelle pour les exécuter.

Des actions de sensibilisation

Le comité exécutif s'est rendu à Québec la semaine dernière afin d'y rencontrer des représentants des mécaniciens et des chauffeurs du Réseau de transport de la Capitale (RTC). Par cette démarche, le comité exécutif voulait leur faire part de ses inquiétudes. En effet, Nova Bus doit fournir 19 autobus à la RTC, or, au moment du déclenchement du lock-out, les travailleurs de l'usine de Saint-Eustache n'avaient pas procédé aux derniers tests de qualité.

Pourtant, quelques autobus ont déjà été livrés, certains même devraient être en service dès cette semaine à Québec. "Est-ce que les tests de vérification ont été effectués sur ces autobus? Et, si oui, qui les a faits? Il y a peu de gens à l'intérieur de l'usine qui sont capables de le faire, si bien que nous ne pouvons qu'avoir de sérieux doutes : les autobus livrés au RTC sont-ils vraiment sécuritaires?", s'interroge le président du syndicat.

Il a d'ailleurs invité les travailleurs du RTC à être particulièrement attentifs, entre autres de surveiller de près le système de freinage comme le pare-brise qui peut parfois présenter pour le chauffeur une mauvaise définition de la vision. La moindre défectuosité pourrait avoir de graves conséquences pour la sécurité des usagers comme pour celle du grand public.

"Ce sont les connaissances, l'expertise développée au fil des années par les travailleuses et les travailleurs qui constituent pour le public la meilleure garantie qui soit quant à la qualité des autobus fabriqués à Saint-Eustache. C'est aussi un gage de sécurité. La compagnie peut bien le nier, mais ce sont ces travailleuses et ces travailleurs qui font la différence entre un autobus sécuritaire de qualité et un autobus qui peut mettre la sécurité des gens en danger", souligne Denis Giguère, conseil syndical à la CSD.

L'exécutif a également rencontré les travailleurs d'une autre usine de Prévost Car à Sainte-Claire afin de les sensibiliser à ce qu'ils vivent actuellement.

Toujours déterminés

Entamant leur 11e semaine de lock-out, les travailleuses et les travailleurs syndiqués de Nova Bus sont toujours aussi déterminés qu'au premier jour. Profondément solidaires, ils entendent se battre jusqu'au bout pour conserver et améliorer leurs acquis, notamment en ce qui trait à la protection de l'ancienneté et à la limitation de la sous-traitance.

Sans contrat de travail depuis juillet 2002, les travailleuses et les travailleurs ont, quelques jours avant le lock-out, majoritairement rejeté les offres patronales, qui comprenaient un contrat de travail de cinq ans avec des
augmentations salariales globale de 12%.

www.csd.qc.ca


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