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LA PLAIE DES AGROTOXIQUESpier trottier, Jeudi, Juillet 31, 2003 - 14:16 (Analyses | Agriculture | Democratie | Droits / Rights / Derecho | Ecologie | Elections & partis | Globalisation | Politiques & classes sociales | Poverty | Sante / Health / Salud | Syndicats/Unions - Travail/Labor) Au Costa Rica, et en plusieurs endroits à travers l'Amérique Latine et dans le monde, on utilisa un produit chimique pour l'agriculture qu'on savait toxique, et qui de plus, provoquait la stérilité. Conspiration des transnationales du chimique et de la Standard Fruit Company, où en est-on rendu avec les chimiques et l'alimentation? Cet article donne l'alerte, d'autant plus que l'on en est rendu à la seconde Révolution Verte, celle des OGM.... Traduit de l'espagnol par : Pierre Trottier LA INSIGNIA 29-07-2003 Costa Rica : Entrevue avec Hernan Hermosilla La Plaie des Agrotoxiques Par Gerardo Iglesias, Rel-Uita, Intégrant du Forum Emaüs, un réseau d’organisations populaires et œcuméniques qui travaillent pour la défense de la vie, en dialogue avec Rel-Uita, Hernan Hermosilla aborde les tragédies provoquées par le DBCP et le Paraquat, produits d’un modèle désaxé et assassin. Q. : Quel est le compte rendu de l’utilisation de Némagon? Ce nématicide fut utilisé pendant 20 ans et provoqua la stérilité de 16 mille travailleurs au Costa Rica. Il s’agit d’un produit hautement toxique qui endommagea la vie de milliers d’ouvriers des plantations de bananes et de leurs familles. La tragédie du DBCP – aussi connu sous les noms de Némagon et Fumazone – est considérée par certains spécialistes de la médecine du travail comme la plus grande au monde. On utilisa ce produit dans toute l’Amérique Centrale. Oui, il fut appliqué aussi en Colombie et dans le sud du Brésil. En Amérique Centrale on l’utilisa sur la côte caribéenne, qui est la région bananière par excellence. Le résultat fut une grande rentabilité pour les transnationales bananières, et des dommages terribles dans la vie des pauvres ouvriers qui ne furent pas avertis du risque qu’ils encouraient. De là, la réaction des syndicats, des organisations environnementales, et du Forum Emaüs qui agit pour la défense et la promotion des droits humains. Une lutte qui continue encore. Q. : Qui produit cet agrotoxique? Le DBCP, découvert par Oppenheim en 1833, fut fabriqué commercialement par les transnationales étasuniennes Dow Chemical Company, Occidental Chemical Company et Shell Oil Company. Une entreprise israélienne, Dead Sea Bromine, le fabriqua aussi et le commercialisa dans la décade 70. Au Costa Rica, sur une période de 15 à 20 ans, on importa 5 millions de litres d’ingrédient actif. Une maudite et terrible charge toxique qui tomba sur un petit pays, causant des effets très nocifs pour la santé et l’environnement. En 1958, on constata que le produit provoquait la stérilité chez les mammifères; pour les transnationales bananières, cependant, cette donnée ne fut pas une raison suffisante pour cesser de l’utiliser. Bien sûr, depuis qu’elles cherchaient la permission de le breveter et l’exporter, on savait à l’interne des entreprises de recherche que le produit occasionnait différents degrés de stérilité et d’autres dommages. Cela fut découvert par ces mêmes entreprises qui le produisaient et elles essayèrent de cacher cette information. En 1975, Dow Chemical alerta la Standard Fruit Company, un de ses meilleurs clients, et cette dernière se compromit à prendre en charge quelconque réclamation future en échange de ne pas arrêter l’approvisionnement de l’agrotoxique, parce que son prix était très attrayant et son effet comme nématicide tellement effectif : il tuait toute vie. Ainsi, le DBCP s’est appliqué en Amérique Latine, en Asie, en Israël, en France, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et aussi aux États-Unis. Les médecins du Costa Rica donnèrent l’alarme lorsqu’ils trouvèrent de nombreux cas de couples qui, désirant devenir parents, ne le pouvaient pas et, dans la recherche d’un facteur commun, découvrirent le Némagon. Postérieurement, ils alertèrent les autorités et exigèrent sa prohibition, comme cela était arrivé aux E.U. en 1977. Le gouvernement costaricain d’alors fut lent à prohiber l’entrée de Némagon. Les intérêts des entreprises transnationales bananières passèrent avant la santé de milliers de travailleurs et de leurs familles. Les comptes-rendus disent que, lorsque finalement en 1979 on défendit l’importation et l’utilisation du DBCP au Costa Rica, la Standard Fruit avait ses caves remplies au port de Limon, et que simplement elle chargea ses bateaux et transporta le produit au Honduras où il fut appliqué. Q. : Aussi on vit les enfants qui apportaient de la nourriture à leurs parents travaillant dans les plantations, affectés par ce produit… Sur les premières listes des affectés il y avait seulement des hommes. Mais, par la suite, plusieurs femmes et enfants furent ajoutés. Le DBCP s’est résulté toxique tant à l’inhaler qu’à être absorbé par la peau, et comme vous le signalez, plusieurs enfants qui allaient dans les plantations, et les femmes qui lavaient les vêtements contaminés furent affectés. Comme on méconnaissait, mais qu’on craignait des effets de malformations, les travailleurs qui furent ‘’ indemnisés ‘’ eurent à signer un document dans lequel ils renonçaient à accuser les transnationales d’être responsables des malformations congénitales présentes ou à venir. Aujourd’hui, dans les plantations de bananes d’Amérique Centrale, il est très ordinaire de voir des enfants victimes des agrotoxiques, malformés, avec des cancers. Agressés par la matrice belliqueuse de la révolution verte, et par la matrice lucrative des transnationales. Q. : De récentes recherches indiquent que dans les eaux souterraines le DBCP possède un effet résiduel de plus de 100 ans. Cela est un nouvel élément de préoccupation. Bien que le DBCP aie une durabilité apparente de 30 à 40 jours dans un environnement ouvert, aujourd’hui on sait que dans les eaux souterraines il peut demeurer jusqu’à 140 ans. Dans la ville de Fresno, Californie, on constata que l’eau était contaminée par cet agrotoxique. En 1999, la municipalité de Fresno et les entreprises fabricantes du DBCP arrivèrent à un accord qui fit que les entreprises payèrent 21 millions de dollars. Le montant convenu de l’accord était de 100 millions de dollars afin de réaliser des travaux de purification des eaux jusqu’en 2035. C’est comme si eut explosée une bombe atomique. Nous pouvons nous demander qu’est-ce qui se passe avec les eaux souterraines qu’il y a sous des milliers d’hectares de ce désert vert que sont les plantations de bananes? Q. : Quel est le travail que le Forum Emaüs réalise avec ceux qui ont été touchés par le DBCP au Costa Rica? Pour le moment notre attitude en est une de solidarité avec les organisations qui tâchent de leurs procurer une indemnisation. Souvenons-nous que dans les dernières dix années, des demandes ont été présentées devant les cours des États-Unis, du Costa Rica et maintenant, du Nicaragua. Dans le cas du Costa Rica nous sommes solidaires avec cette action, nous dénonçons la tragédie afin qu’on oublie pas, en même temps que nous luttons pour une agriculture différente, afin que des aberrations comme celle-ci cessent de se produire. La lutte concrète et spécifique, au niveau national et international est mise en branle, logiquement, par ceux qui ont été affectés, et nous sommes avec eux et défendons leur cause. Q. : Le Forum Emaüs, uni à l’Uita et à d’autres organisations, patronne une campagne qui a pour objectif la prohibition du Paraquat. Comment évaluez-vous la campagne? Que s’est-il passé durant ces trois années de lutte? En premier lieu, on peut rappeler que le Paraquat (Gramoxone) est un herbicide très utilisé tant par les grandes entreprises que par les petits agriculteurs pauvres qui sont tombés dans le piège du modèle agricole adapté à la grande industrie chimique que promeuvent les transnationales, en alliance avec l’académie – très fidèle collaboratrice – et les gouvernements. Dans ce contexte, les herbicides qui éliminent la mauvaise herbe comprennent la majeure partie du marché des substances agrochimiques, dont les ventes atteignent presque la moitié de la valeur du marché mondial des agrotoxiques. Syngenta (Novartis + AstraZeneca) domine avec 17% du marché des pesticides, et les ventes d’herbicides constituent 38% des opérations commerciales de cette transnationale, le Paraquat étant son produit le plus important. Syngenta affirme que le Paraquat est le second agrochimique le plus vendu dans le monde. Le Paraquat est un produit qui n’a pas d’antidote (comme presque tous les agrotoxiques), et qui est aussi absorbé par la peau. Au Costa Rica, plusieurs des morts par intoxication au travail sont associés à cet herbicide qui à la fois, est un des produit les plus populaires afin de commettre des suicides dans nos pays. Les personnes qui l’ingèrent meurent à la suite d’une longue et douloureuse agonie. Le Paraquat est la cause de la plus grande partie des intoxications et des mortalités provoquées par les pesticides en Amérique Centrale. Cela ne peut continuer. Il provoque des dommages énormes aux paysans pauvres qui l’utilisent avec un produit qui n’est pas nécessaire pour la production. Deux transnationales l’ont même enlevé de leur liste d’ingrédients pour contrôler la mauvaise herbe, pour les dommages qu’il occasionne, étant donnée sa haute toxicité et ses impacts dans la contamination et l’intoxication, principalement. Par notre campagne, nous cherchons à ce qu’il soit prohibé, que le gouvernement du Costa Rica défende l’importation, l’utilisation et la vente de ce produit. Cela devrait être, postérieurement, une décision de tous les pays de l’Amérique Centrale et des pays qui l’utilisent actuellement, suite à ce qu’on connaît maintenant des dimensions de ce problème. Q. : Une autre agriculture est possible? Bien sûr, des milliers d’agriculteurs démontrent maintenant que oui on peut produire sans agrotoxiques. L’agriculture organique rend plus libres les personnes qui, de plus, vivent plus tranquilles et plus saines. Les catastrophes peuvent être contrôlées sans la ‘’ plaie ‘’ des agrotoxiques, et il a été démontré qu’on peut avoir une relation différente et respectueuse avec la nature, et produire des aliments à travers un travail digne dans lequel les travailleurs, le produit, le consommateur et l’environnement sont respectés. Traduit de l’espagnol par : Pierre Trottier, juillet 2003 Source : La Insignia ……www.lainsignia.org Sur d’autres sujets on pourra consulter : |
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