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Ce mardi matin était rempli de tension, autant du côté des policiers que de celui des manifestants. La journée d'hier fut fertile en événements pas nécessairement heureux, les 340 arrestations ont décimé près du tiers des troupes du côté de la mobilisation et l'épisode de "chasse" opérée par les policiers, qui s'est conclue par l'intervention dans la zone verte, a choqué beaucoup de monde.

Photo-reportage de la marche du mardi après-midi qui s'est tenue dans les rues de Montréal, et qui s'est terminée en une sorte de "sit-in" devant le périmètre de sécurité entourant le Sheraton.
(extrait ou intégral)

Ce mardi matin était rempli de tension, autant du côté des policiers que celui des manifestants. La journée d'hier fut fertile en événements pas nécessairement heureux, les 340 arrestations ont décimé près du tiers des troupes du côté de la mobilisation et l'épisode de "chasse" opérée par les policiers, qui s'est conclue par l'intervention dans la zone verte, a choqué beaucoup de monde.

Le rendez-vous était appelé pour 10h ce matin au carré Phillips, coin Ste-Catherine et Union. Le courage était au rendez-vous! Car le groupe a grossi, a grossi, a grossi jusqu'à atteindre autour de 500 personnes au moment de prendre le départ. Le plan de l'action était sensiblement le même qu'hier : perturber le centre-ville de Montréal par une marche serpentine efficace, rapide et protégée.

Il fallait également faire en sorte que cette marche ne donne aucun prétexte aux policiers pour la déclarer "illégale". Car dès le départ, les policiers ont procédé de la même façon que lundi, en faisant l'annonce par mégaphone de leurs intentions de gestion de circulation, et de leur intolérance face aux infractions. D'ailleurs, les policiers ont rapidement augmenté leur niveau d'alerte à la vue des manifestants masqués, casqués et soi-disant "armés" (selon leur propres propos entendus ce matin). Ils ont d'ailleurs failli céder à la tentation d'empêcher cette action dès son début, mais le centre de commandement a préféré attendre que le grabuge se produise.

Et bien il ne s'est pas produit. Les manifestants ont parcouru le centre-ville financier de Montréal en zig-zag, avec de nombreux changements de direction. Les policiers ont eu fort à faire pour maintenir un déploiement efficace et fermer les axes de circulation automobile. De façon permanente, des escouades anti-émeutes du SPVM équipées étaient prêtes à intervenir à 30 secondes d'avis, suivant la marche par derrière et en parallèle dans les rues avoisinantes, à l'intérieur de minibus. Des escouades anti-émeute de la SQ étaient également déployées à l'intérieur du périmètre de sécurité, elles aussi prêtes à intervenir à 30 secondes d'avis.

Si le but des manifestants, ce matin, était de perturber le centre-ville et de s'en sortir indemnes, alors il ont semblé avoir assez bien réussi. Mais leur véritable réussite est peut-être d'avoir provoqué un immense déploiement policier en vain. Parce qu'il ne semble pas y avoir eu d'arrestations. Des membres d'une escouade de blocage en vélo, qui protégeait le groupe en marche, ont été interceptés, mais nous cherchons à confirmer si ces interceptions se sont soldées en arrestations, ce qui ne semble pas être le cas.

Par la suite, il y a eu appel à la dispersion de la part de la mobilisation, avec rendez-vous planifié pour 13h30 au coin de Guy/Maisonneuve. Policiers et manifestants en ont donc profité pour se reposer et prendre un bon repas, les policiers à leur quartier général installé au Centre Bell, les manifestants un peu partout ailleurs. La zone verte, maintenant établie au Parc Lafontaine, n'avait aucune activité planifiée à cette occasion, par crainte de la répétition des événements de la veille. Seulement quelques personnes s'y sont rendues, mais malheureusement certaines d'entre elles ont effectivement goûté à la médecine policière, subissant une arrestation de type "enlèvement" (voyez l'article à ce sujet).

À la reprise de la marche en après-midi, même scénario qu'en matinée... beaucoup de policiers suivant derrière et en parallèle, une marche toute aussi louvoyante, mais cette fois s'éloignant vers l'est jusqu'à son démembrement au coin Ste-Catherine/St-Laurent. À cet endroit, les porte-paroles de la mobilisation ont offert le choix à la foule de continuer à marcher selon leur gré. La majorité a souhaité le faire, provoquant le départ d'un nouveau groupe qui s'est dirigé presque directement vers les barricades devant le Centre Sheraton.

À l'arrivée de la foule, comptant environ 400 personnes, les policiers du SPVM qui gardaient le périmètre de sécurité ont été promptement remplacés par une escouade anti-émeute de la SQ. Les manifestants se sont calmement installés sur place, assis un peu partout de la clôture jusque dans le milieu de l'intersection Peel/René-Lévesque. Rien n'a vraiment bougé par la suite, pendant plus d'une heure, jusqu'à l'arrivée subite d'un important cordon policier par Peel, qui n'est demeuré que 5 minutes sur place, comme en guise d'avertissement, pendant que les agents de la SQ revêtaient leurs masques à gaz. Ce court moment de tension semble avoir convaincu du monde de quitter peu à peu, évitant le déploiement policier prévu qui devait apparemment pousser le reste des manifestants vers le carré Dorchester à l'aide de gaz et de troupes.

Voyez un photo-reportage de la journée en suivant ce lien.