Partage de mon expérience personnelle de la "snake marche" du 28 juillet le matin. Réflexion sur le respect de la diversité des tactiques et le pacifisme.

Lundi 28 juillet 2003,

J’ai été dans mes premières manifestations en 1994-95. C’était des manifestations étudiantes contre les réformes Axwhorty. Il y avait beaucoup de monde. Je me rappel être sur la rue Saint-Denis dans une manifestation qui remplissait la rue de Sherbrooke jusqu’au Champs de Mars, et encore plus. Ces manifestations avaient un peu la même ambiance que les manifs contre la guerre en Irak au printemps 2003.

Ce matin, j’ai été à la manifestation contre l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). J’aime les manifestations. Y’a toujours plein de monde la fun. Des gens qui sourient et qui semblent bien dans leur peau. J’aime encore plus les manifs où les gens s’opposent à des institutions qui ont des objectifs de détruire la démocratie en lui imposant les contraintes d’un marché économique artificiel. Oui, je suis contre l’OMC. Je suis aussi pour une réforme des systèmes politique occidentaux, d’un investissement de l’état pour favoriser l’implication politique par des réformes dans le système de l’éducation à long terme, de lois pour limiter le lobbying corporatif. Mais surtout et avant tout, je suis pour une culture de la démocratisation des médias, de l’engagement sociale et de l’esprit critique.

À la manif, j’ai vue toute sorte de monde. Des gens qui sont venues en curieux, des agents de police en civile, des jeunes du mouvements anarchistes, des étudiants en vacance, des gens d’un certain âge, ont tous défilés ensemble à partir des deux points de départ au Carré Philips et au Carré Norman Bethume. Au début, j’étais confortable parce qu’on était dans un parc, je reconnaissais des visages. Il était 7 heure du matin et je me réveillais tranquillement assis sur les murets de la statu du Carré Philips.

À sept heure et quart nous sommes partis sur Sainte-Catherine en direction ouest pour rejoindre l’autre cortège qui arrivait du Carré Norman Bethume. Je me suis sentis un peu anxieux parce que c’était la première fois que je manifestais le matin. L’air frais et la cadence rapide de la marche ont réussi à me réveiller complètement. Arrivé au coin Sainte-Catherine et Peel nous avons rejoins l’autre cortège et je me suis sentis rassurer parce que nous étions plus nombreux. Nous avons tourné vers le sud sur Peel pour aller rejoindre le Boulevard René-Lévesque. En arrivant au coin René-Lévesque et Peel, nous nous sommes arrêtés. En voulant tourner vers l’ouest, nous nous sommes trouvés devant un barrage de Policiers de l’escouade tactique. Personnellement, je n’ai pas l’habitude de faire face au force de l’ordre. Je ne cultive pas de haine pour les policiers. Je préfère les aimer. Ils sont là pour me protéger n’est-ce pas.

Nous sommes arrêté devant le barrage policier pendant quelques minutes. Je ne me sens pas nerveux du tout. Les gens sont souriants et enjoués. Un jeune homme m’approche pour faire une entrevue. « Qu’est-ce qui vous amène à la manifestation ce matin monsieur? » Je lui répond : « Ben je préférais venir manifester ce matin que cette après midi. De cette façon, je peux affirmer que je suis contre l’OMC tout en ne perdant pas ma journée de travail. » Il me demande a nouveau : « Est-ce que c’est votre première manifestation? » Je lui répond : « Je suis membre du CMAQ depuis quelques années. Je ne vais pas à toutes les manifestations, mais je fais ma part comme je peux en m’impliquant dans plusieurs activités. Je vais habituellement à toutes les grosses manifestations importantes. » Il me demande ensuite : « Est-ce que vous avez l’habitude de venir dans les manifestations où il y a du grabuge? » Un peu perplexe je lui répond : Je n’ai pas encore vu de grabuge. Je sais pas s’il va y en avoir. En tout cas, je n’ai pas prévu de briser quoi que se soit. On verra bien comment ça va se passer. Pour ce qui est de mes habitudes... Ben j’étais à Québec en avril 2001. J’ai pas fait de grabuge. »

Personnellement, je suis un peu irrité quand on essais de m’inclure dans des activités que je dénonce. Je ne crois pas que tel que l’OMC, je suis venus manifester mon désir de faire du grabuge. Mais, bon enfin. La manifestation recommence à marcher. Le cortège se dirige sur Peel vers le nord à partir de René-Lévesque pour se rendre jusqu’à Maisonneuve. Jusqu’ici, j’étais toujours confortable avec la manifs. Tout à coup, il y a un groupe d’individus qui commencent à faire des actes que je ne trouve pas constructif. Mais, d’où sont-ils sortis? En marchant sur Maisonneuve vers l’ouest, ce groupe commence à mettre des barrières dans la rue pour bloquer le passage de véhicule suite au cortège. Je commence à être un peu nerveux parce que je ne suis pas d’accord avec ce qu’ils font et je me sens mal de leur dire. Je veux pouvoir faire partie d’une manifestation pacifique qui dure toute la journée, pas d’un feu de paille qui dure une heure.

Je ne suis pas celui qui à le plus d’expérience avec les manifestations contre l’OMC ou autre. Dans ma perception des choses, le mouvement Altermondialiste set beaucoup plus qu’une bande qui renverse des poubelles sur la rue Crescent en descendant vers René-Lévesque. Le mouvement Altermondialiste c’est toute une communauté internationale ayant son élite intellectuelle, ces groupuscules idéologiques, sa paranoïa de l’infiltration policière (qui d’après moi fais plus de mal que l’infiltration elle même). Le mouvement Altermondialiste est inclusif, il y circule la norme selon laquelle il faut respecter la diversité des tactiques. Voilà pourquoi je n’ai rien dis lorsque j’ai vue ces gens renverser des poubelles. Je me suis dis : « Respecte leur tactique. Ces gens passe à l’action. » Je me suis aussi dis : « Respecte ta tactique. Sois fidèle à toi même. Reste pacifique. »

Oui. Je suis resté pacifique. J’étais trop anxieux dans cette manifestation. Je ne dis pas qu’elle ne devrait pas avoir lieu. Je l’encourage à continuer toute la journée, tant qu’elle ne fait pas de grabuge. Pourtant, je suis trop anxieux pour y rester. J’ai vue assez de monde avec des marques de blessures causées par la répression des forces de l’ordre. De manifestant pacifique, je suis devenu absent. Pourtant, je souhaite à tout ceux qui sont resté; un bon courage et beaucoup de persévérance. Ce matin n’est qu’un début. Les manifestations doivent continuer tant qu’il y a une rencontre mini-ministérielle. Je vous suggère d’aller faire un tour pour voir ce qui se passe. Ça vaut la peine pour les curieux. N’oubliez jamais de vous écouter.