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Ici’t c’est juste pour rire…Anonyme, Dimanche, Juillet 27, 2003 - 11:10
Marc-André Boivin
Une incursion en territoire occupé. Imaginez ce que ça devait être, sous le règne nazi, de se faire fouiller à chaque fois que l’on allait au travail ou que l’on rentrait chez soi. Imaginez ce que ça doit être actuellement pour les PalestinienNEs de se faire constamment réviser au moindre déplacement, et ce dans leur propre ville, dans leur propre quartier. Heureusement, ici, on vit dans une democracy, nous avons le droit de circuler librement et notre vie privée est formellement protégée par les chartes des droits et liberté du Canada -donc par sa Majesté la Reine- et du Québec. C’est vrai que l’on nous fouille parfois plusieurs fois par jour lors des festivals, et spécialement si l’on a eu la bonne idée de vivre à l’intérieur du périmètre occupé par l’un d'eux. J’ai moi-même, lors des dernières semaines, eu le privilège de vivre au cœur du territoire occupé par le festival Juste pour rire, et j’ai ainsi économisé une fortune en billet d’avion, bien qu’en vérité j’ignore le coût du passage pour Jérusalem. Mais ici c’est pas pareil, c’est juste pour rire. Il y avait bien une multitude d’agents de sécurité vêtus de rouge, de cadets et d’agents du Service de Police de la Ville de Montréal, mais seuls ces derniers étaient armés et seulement de pistolets. Et pour une fois, c’était surtout des gens comme vous et moi qui exerçaient le pouvoir sur nous, les résidentEs et festivaliers. Ainsi, c’était des jeunes mal payés qui nous demandaient d’ouvrir nos sacs et ce, avec un zèle exemplaire. C’est dire comment la démocratisation du pouvoir répressif est valorisante. Une autre différence avec la Palestine, c’est que les gens ne semblaient en général pas s’offusquer d’ouvrir leur sac. Certains semblaient même assez fier de ne rien avoir à cacher. Je soupçonne que plusieurs auraient préféré la fouille à nu afin de s’amuser encore plus. Ainsi, l’autorité démocratisée était tout à fait tranquille dans l’exercice de ses fonctions, elle ne se sentait pas menacée par nous, et pouvait ainsi nous protéger calmement contre nous-même, par exemple dans le cas où nous aurions eu la malveillance de nous couper les veines avec une bouteille de bière cassée (le taux de suicide au Québec est l’un des plus élevé au monde) ou pire, de boire autre chose que de la Labatt, brassée avec zèle par des briseurs de grève. Évidemment, aucun explosif ne fut saisi sur le site, pas plus que des armes, car tout cela est inutile en régime démocratique où les dominéEs ne remettent nullement en question le monopole de la violence par l’État. De plus, nous, on n’est pas des PalestinienNEs, mais des QuébécoisES. Marc-André Boivin
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