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LA DÉCADE DE LA DÉSESPÉRANCEpier trottier, Vendredi, Juillet 25, 2003 - 12:21 Des données de l'ONU dans un texte d'Emir Sader concernant les bienfaits et les méfaits du libéralisme des années 90... Traduit de l'espagnol par : Pierre Trottier AMÉRIQUE LATINE LA DÉCADE DE LA DÉSESPÉRANCE par Emir Sader Nous sommes victimes quotidiennement d’une série d’affirmations, dans l’aire économique, qui finissent par apparaître comme vraies, par la façon dont elles sont réitérées à nos yeux et à nos oreilles. L’utilisation, depuis le commencement des années 90, de l’Indice de Développement Humain (IDH), permet d’évaluer le développement du monde en général, et des pays en particulier, non sur la base de données macroéconomiques, mais par un ensemble d’indicateurs qui s’encadrent dans l’idée de ‘’ développement humain ‘’ dans son ensemble. Il sera toujours possible de questionner si les indices choisis et leurs respectives pondérations correspondent à ce que nous considérons fondamental pour la vie humaine, mais leur supériorité comme méthodologie d’évaluation en relation avec des données comme simplement le Produit Intérieur Brut (PIB) ou la production d’automobiles, est inquestionnable. Dans l’IDH se combinent deux données sur le revenu par habitant déterminant le pouvoir d’achat dans chaque pays, avec des indices des taux de scolarité, d’analphabétisme adulte et d’espérance de vie à la naissance, permettant une estimation plus juste du développement humain des pays, même si les moyennes cachent toujours des disparités – comme c’est plus évident dans le cas du Brésil, de par les énormes écarts de revenus existants -. (Plus grands écarts que le Brésil sont seulement des pays assez pauvres tels la Namibie, le Lesotho, le Honduras, le Paraguay, la Sierra Leone, le Botswana, le Nicaragua et la République centrafricaine). Le rapport publié par l’ONU fait une évaluation générale de la décade des années 90, celle de l’essor des politiques économiques libérales, qui compta en plus sur un fort cycle expansif de l’économie des États-Unis, dans un climat d’euphorie qui semblait ne pas vouloir prendre fin. Le débat entre les adeptes de la mondialisation libérale et ceux de la mondialisation solidaire – entre Davos et Porto Alegre – est ouvert afin de savoir s’il s’agit d’un progrès ou d’un recul. Les premiers argumentent que la pauvreté a diminué et que cela s’est produit justement dans les pays et régions qui ont adhéré à l’orthodoxie libérale – mercantilisation, dérégularisation, privatisation, ouverture des marchés -, pendant que les adeptes d’un ‘’ autre monde est possible ‘’ affirme, au contraire, que la misère et l’abandon se sont étendus forçant l’État à restreindre ses actions en faveur de s critères du marché. L’ONU ne laisse pas de doute dans son bilan : la décade des années 90 représenta un recul sans précédent dans le développement humain du monde, comme il ne s’est jamais vu dans les décades antérieures. Les données s’accumulent : 21 pays reculèrent dans leur indice de Développement Humain, contre seulement 4 dans la décade antérieure. Dans 54 pays, le revenu par habitant est plus bas qu’un 1990. Dans 34 pays, l’espérance de vie à la naissance a diminué, dans 21 pays il y a plus de gens affamé et dans 14, il y a plus d’enfants qui meurent avant l’âge de 5 ans. Les pays sont classés par groupes, selon leur niveau de développement humain. Ceux qui commandèrent le processus de mondialisation libéral – les mondialisateurs – se situent tous au sommet de la liste comme ayant le plus grand développement, suivis par les pays considérés de ‘’ haut développement ‘’, pour avoir pu obtenir des avantages relatifs des conditions existantes dans la décade. Les ‘’ tigres asiatiques ‘’ se situent là, joints aux pays qui montrent des indices sociaux supérieurs dans leur région respective – comme l’Uruguay, le Costa Rica et Cuba en Amérique Latine -. L’Argentine se maintient dans ce bloc, parce que sa brutale régression n’a pas encore été consignée dans les indices utilisés, pendant que le Mexique fut promu à ce groupe, en plein essor de l’économie nord-américaine de laquelle elle bénéficia, étant victime par la suite de la profonde récession de son voisin du nord. On constate que la considération des indices sociaux place Cuba dans une position (rang 52) supérieure, en regard du Mexique (rang 55) et du Brésil (rang 65), malgré le fait de disposer de revenus par habitant plus bas que ces deux pays (5.259 dollars en comparaison de 8.430 et 7.360 respectivement), en ce qui concerne le pouvoir d’achat local réel qui, dans le cas cubain, compte avec les salaires indirects qui favorisent, par exemple, l’éducation et la santé universelle gratuites, en plus du panier de consommation de base subventionné. On révèle ainsi comment l'indice privilégie les critères économiques sociaux au détriment de ceux exclusivement économiques ou économico-financiers. Les résultats ne sont pas moindres pour l’ensemble des pays de croissance spectaculaire tel la Chine, qui arracha à la pauvreté dans la décade, 150 millions de personnes, presque la population du Brésil. Si la Chine avait été exclue, le total de personnes vivant avec moins de $1 par jour aurait augmenté de 18 millions. Le plus grand désastre de la décade s’est vu en Afrique, rejetée par les mécanismes du marché, qui ne trouvèrent pas en elle des attraits suffisants pour les grands investissements, laissant le continent décadent victime du SIDA. Pour 7une grande partie du continent africain et pour beaucoup d’autres pays, l’Office des données de l’ONU caractérise la décade 90 comme ‘’ décade de la désespérance ‘’, en opposition à l’euphorie économiciste qui nous vendit des images totalement fausses de ce que la dictature des marchés et du capital financier apporteraient à l’humanité. Traduit de l’espagnol par : Pierre Trottier, juillet 2003 Source : www.alainet.org Sur d’autres sujets on pourra consulter : |
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