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Claude Picher, l'OMC et nous

Anonyme, Mardi, Juillet 22, 2003 - 08:58

J-P

Le chroniqueur le plus engagé de La Presse, Claude Picher, nous propose ce matin (mardi) « l’heure juste sur l’OMC », sans farce !
Permettez que je m'insurge ?

Le chroniqueur le plus engagé de La Presse, Claude Picher, nous propose ce matin (mardi) « l’heure juste sur l’OMC », sans farce ! Évidemment, on se surprend guère de lire l’idéologue de La Presse résumer le mouvement antimondialisation à une poignée de militants qui se préparent à « provoquer des affrontements violents avec la police ». C’est quand même désolant de penser que plusieurs lecteurs de ce brûlot néolibéral vont prendre pour « l’heure juste » la caricature que monsieur Picher livre des altermondialistes… des paranoïaques malades qui voient des complots partout jusque dans l'OMC, une si heureuse et brave organisation.

Le brave Claude nous assène des phrases formidables telles que cette pseudo-conclusion : « On peut certes se demander comment il se fait qu’une organisatiopn vouée à la promotion des échanges internationaux fasse l’objet d’une campagne de haine aussi violente. Toutes les expériences (notez bien le TOUTES) montrent pourtant que la libéralisation du commerce profite à tout le monde (notez bien le TOUT), et que ce sont souvent les plus pauvres qui en profitent le plus ».

Alors voilà, si on veut améliorer la situation des plus pauvres de ce monde, comme monsieur Picher le souhaite, il faudrait plutôt appuyer l’OMC. Picher nous livre d’ailleurs une belle illustration de sa mauvaise foi en laissant entendre aussi que OMC rime avec paix ! Oui, oui, notre putain du Capital nous fait remonter jusqu’en 1947, à la fondation du GATT qui a effectivement été mis en place en partie parce qu’en intégrant mieux les échanges entre les nations on croyait limiter les risques de conflit.

Or, le GATT n’est plus et a accouché d’un monstre, l’OMC, qui veut maintenant étendre son emprise à la protection des droits de propriété intellectuelle, au commerce des services publics et tutti quanti. Le rhétoricien effleure à peine cette dimension puisque, de toute évidence, les tractations qui se déroulent actuellement permettent guère d’espoir quant à une solution durable aux problèmes engendrés par le capitalisme débridé.

Ce que Picher balaie sous le tapis c’est que l’OMC n’est ni plus ni moins qu’une organisation dont le but ultime est de ramener l’ensemble des activités humaines dans le giron du négoce et de la marchandisation. Tout doit se vendre, tout doit s’acheter, tout doit être breveté.

C’est ridicule de prétendre que la « libéralisation » telle que promu par l’OMC et ses membres les plus influents amènera la libération et la richesse aux pauvres et aux opprimés de cette planète. Plus d’un demi-siècle de régime néolibéral planétaire n’a permis qu’à quelques uns des pays de la périphérie de véritablement voir le niveau de vie de leurs citoyens augmenter. Pour bon nombre des pays sous-développés en 1947, la situation est carrément pire aujourd’hui. Durant la même époque, les écarts entre riches et pauvres n'ont cessé de s'accroître à l'intérieur des pays riches. Comment se fait-il qu’en 60 ans, l’OMC et ses si nobles principes ne soit pas parvenus à libéraliser un peu l'accès à de l’eau potable, les médicaments essentiels, l’électricité ou encore le savoir faire technologique ? Comment se fait-il qu'en 60 ans de régime supposément libéral, les droits humains individuels et collectifs les plus fondamentaux ne figurent toujours pas au chapître des priorités ?

En s’engageant ainsi sans aucune nuance aux côtés des promoteurs de la mondialisation néolibérale dans une lutte sans merci contre les fous-crackedpot-capotés qui réclament la fin de cette ploutocratie, Picher fait la preuve qu’il est complètement biaisé voire menteur.



Sujet: 
Passage qui me démange...
Auteur-e: 
Anonyme
Date: 
Mer, 2003-07-23 22:31

"Plus d’un demi-siècle de régime néolibéral planétaire n’a permis qu’à quelques uns des pays de la périphérie de véritablement voir le niveau de vie de leurs citoyens augmenter."

Quoique ces 50 dernières années n'ont pas été bénéfiques pour tous et ont vu l'augmentation du pouvoir des entreprises, je vois mal comment on peut qualifier ces années de "néolibérale". Voici une définition rapide de néolibéralisme "Désir renouvellé de réduire l'État, de libéraliser les marchés et de mettre fin à la vision keynésienne de l'économie". Comment peut-on qualifier les années qui ont vu la naissance de l'État-providence et de la mise sur pied de nombreux programmes sociaux de "néolibérales". Selon moi, cette vague du renouveau libéral a du prendre son envol dans les années 80 avec Reagan et Thatcher, et non pas en 1950 comme vous semblez l'affirmer.

Simon Vallée


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Sujet: 
Vous avez raison, merci !
Auteur-e: 
Anonyme
Date: 
Jeu, 2003-07-24 09:21

Ok. Mettons qu'en plus d'un demi-siècle les institutions nées des accords de Bretton-Woods n'ont pas rempli leurs promesses.

J-P


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