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Manoeuvres de l'Etat algérien autour de la question des disparitions forcéesAnonyme, Mardi, Juin 24, 2003 - 13:14
Ahlem Ouloumia
L'Etat algérien veut, appamarement, "liquider" le dossier des disparitions forcées en usant de subterfuges administratives et représsives au lieu de suivre la voie de la justice et de la vérité. Détails d'une opération de liquidation de la vérité. Les deux ONG algériennes SOS Disparus et le Collectif des familles de disparus en Algérie, ont interpellé, dans une lettre rendue publique le 22 juin 2003, la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l’homme (CNCPPDH, officiel, créée en mars 2001), sur des cas de «pression» subies par les proches de disparus dans la ville d’Oran, 400kms à l’ouest d’Alger. plusieurs familles de disparus ont été convoquées, depuis le 13 mai dernier, par les services locaux du Département de sécurité et de renseignement (DRS, ex-Sécurité militaire). Des fonctionnaires du DRS ont demandé aux personnes convoquées de se présenter avec un livret de famille, d’une photo du disparu, d’un extrait d’acte de naissance et d’une fiche familiale. Elles ont été interrogées sur les circonstances de la disparition des proches et ont leur aurait demandé de revenir le lendemain pour signer un procès verbal. Aux interrogations de ces familles, un agent leur aurait déclaré que l’Etat leur versera une aide sociale et des allocations familiales. Or, ont poursuivi les deux ONG, en y retournant le lendemain, Bouguetaya Yakout a refusé de signer le PV. «Le document contenait un faux témoignage disant que son fils disparu, Acem Abdelkader, est une victime du terrorisme», est-il souligné dans la lettre. D’après SOS Disparus et le Collectif des familles de disparus, Acem Abdelkader a été enlevé, le 16 janvier 1994, par les services de sécurité du domicile de son voisin à Maraval, quartier d’Oran, sous les yeux de sa famille et de ses voisins. Pour les deux organisations, cette «manoeuvre de l’Etat», vise à disculper les services de sécurité, impliqués dans les diparitions, en accusant les groupes terroristes. Le second objectif serait de «faire accepter de force» aux familles le principe de l’indemnisation sans tenir compte «du droit à la vérité et à la justice». Les deux ONG ont demandé à la CNCPPDH de mettre un terme à cette situation et d’annuler les PV signés par les familles convoquées. En avril 2003, Lakmiti Malika de Jijel, à 350 kms à l’est d’Alger, dont l’époux a été enlevé en 1995 par «par des gendarmes et des militaires en compagnie d'un «informateur» cagoulé», a été contactée par le tribunal pour « enquête ». Après un interrogatoire sur la disparition de son mari, le procureur l'aurait informé, sans explication, que le mari Lakmiti est décédé, qu'il l'a appris par une liste reçue du ministère de la Justice mentionnant des personnes décédées. Le procureur lui a annoncé que les autorités vont la contacter pour un dossier d'indemnisation. «Si le ministère de la Justice a mené une enquête, les résultats doivent en être communiqués à la famille», a indiqué alors SOS Disparus. L’ONG rappelle dans un communiqué que la jurisprudence du Comité des Droits de l'Homme de l'ONU, organe composé d'experts indépendants, relève l'obligation faite aux Etats, non seulement d'établir avec certitude le sort des personnes disparues, mais également d'en poursuivre les auteurs. La question de l’indemnisation est également posée. Car, comme l’a soutenu l’avocat Farouk Ksentini, président de la CNCPPDH, l’indemnistation ne peut être effective que suite à un vote du parlement.
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