|
Afghanistan - Un journal fermé et son rédacteur en chef arrêté pour offense à l'islamNicolas, Jeudi, Juin 19, 2003 - 21:02
Reporters sans frontières
MONTREAL, le 19 juin - L'hebdomadaire privé Aftab a été fermé et deux responsables de la rédaction ont été arrêtés, le 17 juin 2003, pour avoir publié des articles jugés "blasphématoires". Le journal appelait à une interprétation modérée de l'islam et à une adaptation de cette religion au monde moderne lors de l'élaboration de la nouvelle Constitution afghane. "Il est regrettable et inquiétant pour l'avenir de la liberté d'expression en Afghanistan de voir une publication fermée et deux journalistes arrêtés pour avoir exprimé leur opinion sur la place de l'islam dans la future Constitution du pays", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. L'organisation a demandé au président Hamid Karzai d'intervenir pour obtenir la libération du rédacteur en chef d'Aftab et de son adjoint, ainsi que la réouverture de l'hebdomadaire dans les meilleurs délais. La parution, le 11 juin 2003, du dernier numéro de l'hebdomadaire Aftab a suscité l'indignation au sein du Conseil des oulémas (responsables religieux) de la Cour suprême de Kaboul. Dans un article intitulé "Saint fascisme", le rédacteur en chef de ce journal, Sayeed Mirhassan Mahdawi, remettait en cause l'Islam tel qu'il est pratiqué à l'heure actuelle et liait le retard social et économique des sociétés musulmanes au caractère archaoque de cette religion. Il critiquait également les crimes ethniques commis au nom de l'islam, par d'anciens chefs moudjahidin notamment. Un autre article de cette édition déclarait que l'Islam, tel qu'il est pratiqué en Afghanistan, est contraire à la démocratie et aux droits sociaux et politiques de ses citoyens. Qualifiant ces articles d'"offense à l'islam", la Cour suprême a demandé à la présidence afghane la fermeture du journal Aftab et exigé que son rédacteur en chef soit jugé. Le 17 juin, le gouvernement a ordonné la fermeture de l'hebdomadaire et l'arrestation de Sayeed Mirhassan Mahdawi pour "blasphème". Le rédacteur en chef et son adjoint, Ali Payam Sestani, de nationalité iranienne, sont depuis emprisonnés à Kaboul. Les deux journalistes auraient jusqu'à présent été bien traités par les autorités. Une commission spéciale, la Commission de défense de la liberté de la presse et d'évaluation des médias, est chargée de statuer sur le degré de responsabilité des deux hommes, avant de transmettre leur cas à la justice. Les locaux du journal Aftab ont, quant à eux, été fermés. Des exemplaires du dernier numéro de l'hebdomadaire ont par ailleurs été saisis dans plusieurs kiosques de la ville. Le ministère de l'Information et de la Culture a largement défendu le point de vue de la Cour suprême. "Plusieurs articles de la dernière édition d'Aftab étaient blasphématoires. Il était de notre devoir d'interrompre la publication de ce journal", a déclaré le vice-ministre de l'Information et de la Culture, Hamid Mobarez. Distribué à Kaboul à quelques centaines d'exemplaires, l'hebdomadaire Aftab, publié en langue dari, est critique à l'égard du gouvernement actuel et des chefs moudjahidin. Sayeed Mirhassan Mahdawi, qui a longtemps vécu en Iran et appartient à la minorité chiite, réalise Aftab avec plusieurs journalistes iraniens. Ils dénoncent fréquemment les crimes des seigneurs de guerre et des moudjahidin. En avril dernier, Sayeed Mirhassan Mahdawi avait reçu des menaces de mort par téléphone suite à la publication d'un article qui appelait à l'instauration d'un gouvernement laoc en Afghanistan. Depuis plusieurs semaines, le débat sur la place de l'islam dans la nouvelle Constitution afghane s'est intensifié dans le pays. N'attendez pas d'être privé de l'information pour la défendre! Reporters sans frontières défend les journalistes emprisonnés et la liberté de la presse dans le monde, c'est-à-dire le droit d'informer et d'être informé, conformément à l'article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Reporters sans frontières compte neuf sections nationales (Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Suède et Suisse), des bureaux à Abidjan, Bangkok, Buenos Aires, Istanbul, Montréal, Moscou, New York, Tokyo et Washington, et plus de cent correspondants dans le monde.
|
|
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Ceci est un média alternatif de publication ouverte. Le collectif CMAQ, qui gère la validation des contributions sur le Indymedia-Québec, n'endosse aucunement les propos et ne juge pas de la véracité des informations. Ce sont les commentaires des Internautes, comme vous, qui servent à évaluer la qualité de l'information. Nous avons néanmoins une
Politique éditoriale
, qui essentiellement demande que les contributions portent sur une question d'émancipation et ne proviennent pas de médias commerciaux.
|