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L'anti-politique et la révolution de la vie

Anonyme, Lundi, Juin 2, 2003 - 10:30

calvaire01

Texte d'un autre temps critique, mais encore d'actualité

Réfléchissant à nouveau sur le débat autour de la NEFAC (Fédération des
anarchistes du Nord Est, au États-Unis et au Québec, NDLR) et écoutant la
soirée des élections municipales, je me suis rendu compte à nouveau d'un
lien profond entre certaines critiques que nous avons adressées à la NEFAC
et les critiques que nous faisons des organisations politiques libérales
comme les partis politiques et des politiciens. En fait, c'est le passage
d'une politique de la simple domination/oppression par les besoins comme
c'est le cas de notre aliénation et de notre soumission au travail salarié
et à la gestion de nos patrons et patronnes et de leurs différents
travailleurs et travailleuses d'encadrement et d'administration à
l'assujettissement par la délégation de nos pouvoirs qui est plus de l'ordre
de la servitude volontaire qui se joue dans la domination des organisations
politiques dans l'administration de la vie quelles qu'elles soient. Que nous
délaissions nos pouvoirs à d'autres qui exerceront le pouvoir sur nous et
sur les autres ou que nous déléguions à une organisation formellement
non-hiérarchique comme une fédération anarchiste qui gérera les situations
de vie par consensus ou par le vote majoritaire (largement influencés par
les vainqueurs du jeu du débat et de la réthorique), décisions une fois
prises qui devrons être assumées par tous et toutes (qui le veulent ou non)
ou du moins acceptées selon les règles de la constitution acceptées ou non
par tous et toutes, l'hétéronomie finale de la vie se reproduira.
Hétéronomie : ``État de la volonté qui puisse en-dehors d'elle-même, dans
les impulsions ou dans les règles sociales, le principe de son action``.

Si la majorité peut imposer sa volonté contre celle de la minorités ou des
minorités, des gens vivront de façon hétéronome. Si la majorité silencieuse
accepte les règles dictées par une minorité par consentement ou non (si elle
n'y a pas réfléchi ou si elles vont finalement contre sa volonté ou ses
désirs), la majorité vivra de façon hétéronome. Il reste le consensus. Il y
en a plusieurs formes qui dégagent plusieurs possibilités intéressantes ou
non. Le consensus par un débat court qui ne mette pas en jeu clairement tous
les tenants et les aboutissants ainsi que tous les points fondamentaux de
chaque décision ne peut nous mener qu'à l'à peu près ou au n'importe quoi.
Il y a celui qui se fait après une discussion en profondeur libre et
ouverte, mais qui amène des décisions finales qui devront être assumées peu
importe l'avenir de leurs conséquences et le changement des données de la
vie en général (socioéconomique, sociohistorique, économico-politique,
etc.). Ce consensus ne peut être qu'un voeu de foi en l'avenir de nos
décisions et en nos prévisions concernant les futures conditions dans
lesquelles s'appliqueront ces décisions. Il n'apparaît pas vraiment
intéressant. Il ne restera alors que le processus de décision par la
discussion collective ininterrompue qui se rejoue dans son débat à chaque
nouvel instant. Mais alors aucune organisation ne peut se fixée dans ses
principes pour que cette discussion ininterrompue puisse y prendre la
première place. Il reste cependant la seule logique de
réflexion/discussion/prise de décision qui peut rester valable à tout
instant et qui remet en possibilité et en jeu à tout moment nos libertés.

Mais encore, cette logique est essentiellement procédurale et fonctionnelle.
Si nous ne voulons pas que notre vie se limite étroitement à son
organisation et à son administration, nous devons sortir de cette logique
qui est celle par excellence des formes principales de la domination
actuelle : le capitalisme comme industrie du travail assujetti, hiérarchisé
et dominé, l'État ou les États et ses bureaucraties (incluant les
administrations et les gouvernements régionaux, provinciaux , municipaux et
autres) comme organisations oligarchiques et hétéronomes de contrôle et de
gestion de la vie, le patriarcat entre autres comme mode de gestion par
l'homme de la vie familiale et de la vie de ses autres (enfants, femmes,
etc.), du contrôle de la vie en général par la raison idéologique
(scientisme, capitalisme, religions, technobureaucratie, psychologisme,
etc.) et j'en oublie sûrement certaines autres.

Il m'apparaît que le seul moyen de rebâtir l'existence en-dehors de cette
domination de la logique fonctionnelle-procédurale ne peut être que la mise
en jeu comme phénomène premier et fondamental de l'existence la vie de tous
et de toutes reconquise collectivement et égalitairement dans la plénitude
de leurs potentialités par elle-même (sexuelles, créatives, imaginaires,
esthétiques, matériellement productrices, etc.) et auto-gouvernée par les
divins vivants et les divines vivantes que nous sommes. Ce jeu de pouvoir
relèguerait l'administation de la vie au second rang. Cette administration
permettrait seulement d'assurer les conditions de possibilité de ces vécus
et leur solidarité comme communauté. Comme l'autonomie de chacun et de
chacune se développerait dans son étendue (réflexive, intellectuelle,
culturelle, corporelle, etc.) prioritairement, toute organisation ne
pourrait reposer que sur la pleine participation de tous et de toutes à une
discussion collective permanente ainsi qu'aux prises de décision. Pour ce
qui en est de l'exécution des tâches politiques quotidiennes, elles
pourraient être assumées par des délégué(e)s toujours responsables et
révocables qui doivent aussi rendre compte toujours à ceux et celles qui les
ont mandaté(e)s. Ceux-ci et celles-ci vivant de leur suprême souveraineté ne
pourraient accepter d'être trompé(e)s par ces délégué(e)s. Et ceux-ci et
celles-ci pourraient être sélectionnées par hasard ou être élues à
l'unanimité. Ou s'il en est possible, tous et toutes les individu(e)s
exerceraient les tâches politiques quotidiennes. Il s'agirait ici que les
communautés soient petites et qu'elles gardent un lien général par la
confédération de leurs communautés à des échelles plus larges.

Cette reprise en charge progressive pourrait être vue comme une
démocratisation radicale. En ce qu'elle ne pourrait viser qu'à l'autogestion
par tous et toutes de toutes les sphères d'activités sociales telles
qu'elles sont aujourd'hui ce qui comprend le capitalisme, les États, le
patriarcat et les mécanismes autres de domination qui deviendraient alors
des processus d'auto-domination. Les gens s'y domineraient eux-même dans
l'égalité et la liberté. Absurde ? Pas nécessairement. Mais cette
démocratisation n'existerait dans sa plénitude ici que dans la
transformation générale et révolutionnaire poursuivit à travers la
réalisation de tous et de toutes sur leurs propres vies mais à travers
l'abolition de toutes les formes de domination de la vie et de nos vies, des
formes citées plus haut dans le texte et des autres existantes ou possibles.
Cette révolution serait un travail de tous les instants (une révolution
alors vraiment permanente) faite dans l'autonomie et la solidarité comme
valeurs vitales et justes pour la vie égalitaire de tous et de toutes. Dans
cette révolution ininterrompue, les organisations ne serviraient qu'en
autant que nous en ayons besoin et cesseraient dans le cas contraire
d'exister sans que nous ayons à nous déchirer pour cela. Au centre de cette
transformation continuelle, radicale et révolutionnaire, se développerait
l'existence libre et solidaire comme point de départ et comme fondement
permanent. Cette démocratisation ne serait accomplie fondamentalement que
comme communisme libertaire et comme révolution permanente. Elle ne viserait
pas à l'autogestion de ce qui est, mais remettrait en jeu nos imaginations
et notre créativité à chaque instant. Le monde serait notre plus divine
création, toujours constante et nouvelle ainsi que toujours fomentée selon
nos vies, nos souverainetés et nos désirs.

Dès aujourd'hui, il m'apparaît que la vie devrait prendre son cours libre,
fou et solidaire. Que la fête commence pour ne plus jamais se terminer ! Que
nous rejetions au second rang l'organisation politique pour laisser place à
la solidarisation, à la guerre destructrice et permanente de tous et de
toutes contre les formes de la domination et à la souveraineté créatrice,
répétée dans l'éternité, de nos vies et de leurs instants ! Encore une fois,
que la fête commence ! Que cette vie se fasse dans la lutte des classes ou
comme éveil de l'auto-gouvernement de chacun et de chacune contre toutes les
formes de domination, cela me semble secondaire. Le prolétariat est un
concept qui domine les gens en essayant de les réduire à cette existence
justement conceptuelle qui permait aux leaders passés , présents et futurs
révolutionnaires ou non de leur dicter leurs conduites nécessaires tout en
les unifiant selon leurs vues. ``Agissez selon les lois (inéluctables ou
non) de votre histoire``, aurait pu dire Marx et les différents marxismes et
l'anarchisme lutte-de-classiste et plate-formiste n'échappe pas souvent à
cette logique. J'y reviendrai ou nous y reviendrons... À quoi ? Certainement
pas à cette logique, mais bien plutôt à son pourquoi et à l'ancrage de
l'anarchisme plate-formiste et lutte-de-classiste dans la logique de
domination de ce soi-disant prolétariat révolutionnaire et dans celle de la
primauté de la logique fonctionnelle-procédurale. Mais, déjà dans ce texte,
vous aurez vu sa critique explicite et implicite.

Festoyons la souveraineté sublime de la vie et faisons fleurir ensemble son
environnement !



Sujet: 
Une correction parmi d'autres qui seraient nécessaires
Auteur-e: 
calvaire01
Date: 
Mar, 2003-06-03 12:36

Hétéronomie : ``État de la volonté qui puise [...]`` Et non ``puisse``...


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Très beau dessin: des oiseaux s'unissent pour couper une cloture de métal, sur fonds bleauté de la ville de Toronto.
Liste des activités lors de ce
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