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L'homme n'est pas un ennemi à abattreAnonyme, Mercredi, Mai 14, 2003 - 09:49
Bibi Labine
Elizabeth Badinter, la philosophe, qui fut une militante féministe de la première heure, juge très sévèrement les dérives de celles qui prétendent défendre les femmes. Elle a récemment publié Fausse Route aux éditions Odile Jacob dans lequel elle explique que faire comme si rien n'avait changé dans les rapports entre les sexes est mensonger et contre-productif. Lisez un extrait de son livre Fausse Route Elizabeth Badinter Il faut un sérieux effort de mémoire pour retrouver l'atmosphère des années 1980. Après les grandes victoires de la décennie 1970 et l'arrivée de la gauche au pouvoir, tous les espoirs étaient permis. Pour certaines, l'heure était à l'enthousiasme, sinon à l'euphorie. En moins de vingt ans, les féministes pouvaient se réjouir d'un bilan glorieux. L'augmentation massive des femmes sur les lieux de travailleur ouvrait enfin les portes d'une certaine indépendance. Dès lors qu'on gagne sa vie et celle de ses enfants, on peut quitter un homme qu'on ne supporte plus. Liberté précieuse, quasiment inconnue de la génération précédente. Le nombre des divorces ne cessait d'augmenter, et peu a peu le mariage traditionnel se vidait de son contenu. Exit ce carcan millénaire. Avec la contraception et l'avortement, les femmes occidentales se sont trouvées dotées d'un pouvoir sans précédent dans l'histoire de l'humanité. Qu'on le veuille ou non, cette révolution signait la fin du patriarcat. Tu seras père, si je le veux, quand je le veux. Enfin, on égrenait comme autant de victoires les noms de celles qui investissaient pour la première fois des territoires jusqu'alors masculins. De la première femme reçue major à l'Ecole polytechnique à la première présidente de la Cour de cassation en passant par la première commissaire de police et bien d'autres «premières», on avait le sentiment qu'un bouleversement s'opérait dans la définition des genres. L'image de la femme traditionnelle s'effaçait pour laisser place à une autre, plus virile, plus forte, presque maîtresse d'elle-même, sinon de l'univers. Enfin, on changeait de rôle ! Après des millénaires d'une tyrannie plus ou moins douce qui la cantonnait aux seconds rôles, la femme devenait l'héroïne du film où l'homme jouait les utilités. Cette inversion si jouissive était certainement source d'une précieuse énergie pour les femmes en quête de nouvelles frontières. D'ailleurs, de frontières, il n'était plus question. Tout ce qui était à lui était à elle, mais tout ce qui est à elle n'est pas à lui. Fortes de cet esprit conquérant, les femmes se voyaient bientôt partager le monde et la maison avec leurs compagnons. L'égalité des sexes devenait l'ultime critère d'une véritable démocratie. Insensibles à la nouvelle vague du féminisme américain qui tenait un discours essentialiste, séparatiste et «nationaliste» recréant un nouveau dualisme sexuel oppositionnel, les Françaises rêvaient d'une relation apaisée avec les hommes de leur vie : père, mari, patron et tous les autres. Avec l'aimable autorisation des éditions Odile Jacob
Un article paru dans l'Express au sujet du dernier livre d'Élizabeth Badinter
Lisez aussi l'entrevue avec l'auteur
L'homme n'est pas un ennemi à abattre
http://www.lexpress.fr/Express/Info/Societe/Dossier/feminisme/dossier.asp?ida=390636
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