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Mes désirs sont désordreHercule Dufferin, Vendredi, Mai 9, 2003 - 14:59
Yves Pageau
La pratique qui consiste à attribuer à un enfant un deuxième nom formé du deuxième nom d'un de ses parents ou d'une combinaisons des deux aurait des conséquences insoupçonnées Dans le dépliant intitulé LA FILIATION que publie le Ministère de la Justice du Québec, on explique que le nom de famille attibué à un enfant est formé du patronyme du père, celui de la mère ou d'une combinaison des deux. Les rédacteurs du Ministère n'ont-ils donc pas accès au dictionnaire? Pour qu'un nom de famille soit digne de ce nom , il faudrait que tous les enfants issus de la même union portent le même. Dans le cas qui nous occupe, les enfants ont désormais la chance de porter le deuxième nom de l’un ou l’autre de leurs parents ou les deux et pas toujours le même que ses frères et sœurs, avec ou sans trait d’union et selon un ordre aléatoire. Quand il porte le deuxième nom de ses deux parents, l’enfant, selon un rite qui intrigue les anthropologues et désole les psychologues, est invité à en abandonner un sans penser devoir s’excuser d’avoir pu froisser le parent dont il abandonne le nom. Pour qu'un patronyme soit digne de ce nom, il faut qu'il soit hérité du père, autrement il s'agit d'un matronyme. Le rituel patronyme servait à marquer le lien filial qui unit le père présumé et son enfant présumé à qui il donnait son nom. L'idéologie moderne, en éliminant ce rituel voulait casser le patriarcat au sujet duquel on a dit tant de mal. Il est probable que nos descendants qui auront vu le rôle de leur père, de leur grand-père et celui de leur arrière-garand-père réduits à celui de payeur de pension alimentaire comprendront que la famille est un domaine de compétence féminine qui ne les concerne pas. L'atteinte à la symbolique de la paternité pourrait expliquer les difficultés que connait l'institution familiale. On ne peut s'en plaindre sans risquer aussitôt d'être accusé de participer à une offensive anti-féministe. Le même dépliant au sujet de "La filiation" explique ainsi les raisons qui justifient le changement de nom d’un enfant: « Louis Bérubé et Lise Bélanger ont une fille de douze ans: Marie. Louis joue son salaire aux courses. En outre, le voici reconnu coupable d’inceste. La cour lui retire son autorité parentale. Il ne peut donc plus intervenir dans les décisions concernant sa fille, ni même la voir. Dans ce cas, Lise peut demander que Marie porte le nom de Bélanger. » Est-il possible de souligner l'incongruïté du texte sans risquer de se faire stigmatiser? C'est risqué. Le 16 mars 2002, madame Sue Edelman alors ministre au parlement du Yukon pour les questions féminines, la Santé et les Affaires sociales et Ministre responsable de la Commission de la santé et de la sécurité au travail adressait par courriel un message au personnel du cabinet dont elle faisait partie. Il était intitulé «Mort du mouvement de la femme.» En voici un extrait: « J'ignore à quel moment j'ai commencé à remarquer que les organisations féminines ordinaires ont disparu et que les fémi-nazies, qui ont une vision très étroite de la plupart des choses, ont soudainement eu le droit de dire que parce que je n'étais pas d'accord avec elles, je n'étais plus une féministe - parce que je ne partageais pas leur point de vue radical, je n'étais plus intéressée à l'égalité de la femme... » Le 15 avril 2002, madame Sue Edelman a présenté des excuses et sa démission à titre de Ministre responsable des questions féminines. La première ministre du Yukon, Pat Duncan, en confiait alors la responsabilité à Cynthia Tucker, la ministre de l'Éducation du territoire.
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