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GUERRE , MENSONGE ET PÉTROLEpier trottier, Samedi, Avril 26, 2003 - 09:25
Miguel Angel Ferrari
LA INSIGNIA 24-02-2003 GUERRE, MENSONGE ET PÉTROLE Par Miguel Angel Ferrari Entre 1618 et 1648, l’Europe fut la scène de la Guerre de Trente Ans, qui impliqua la quasi-totalité de ses pays. Le traité de paix de Westphalie, qui mit fin au conflit, ouvrit une nouvelle étape dans les relations internationales européennes qui, par la suite, s’étendit à l’Amérique, et finalement au reste du globe. Peut-être l’apport au droit international le plus transcendant de ce traité est le principe de souveraineté nationale. Les états indépendants, obligés à reconnaître l’autonomie juridique et l’intégrité territoriale des autres états, devront coexister dans un système politique unique. Cette norme internationale eut, pour le dire de quelque façon, trois faux-pas : la campagne napoléonienne des débuts du XIXè siècle, et les deux guerres mondiales du XXè siècle. Il y eut aussi un moment de gloire : la création en 1945 de l’ONU, encore sous les limitations d’un organisme créé par les vainqueurs d’une guerre. Aujourd’hui, à la suite de tant reculer, l’humanité est restée en arrière du traité de Westphalie. L’unique superpuissance militaire a décidé de se mettre ouvertement au-dessus du droit international. En effet, le 20 septembre 2002 vint à la lumière un document dénommé : ‘’ Stratégie de Sécurité Nationale ‘’ avec la signature de la professeure Condooleza Rice, assesseure du président Bush. Dans ce document, on annonçait des changements radicaux en matière de doctrine internationale. Pour la première fois, on affirme par écrit que ‘’ les États-Unis maintiendront la capacité de renverser quelconque ennemi qui voudrait leur imposer sa volonté, à eux, à leurs alliés ou à leurs amis. « Nous comptons sur la force nécessaire pour dissuader des puissances adverses qui tenteront ou d’égaler ou de surpasser notre pouvoir de guerre ». Par cette affirmation, on enterre la politique de dissuasion et de contention implantée durant ces dernières cinquante années et, avec elle, la prémisse de prévenir la guerre à travers « l’équilibre mondial » qui surgit de la menace mutuelle qu’exercent les puissances face à d’autres. Sans cause préalable De plus, dans ce document, les États-Unis s’arrogent le droit de lancer des attaques sans avertissement préalable, sans être l’objet d’une provocation et sans approbation internationale. « Nous n’hésiterons pas, signale-t-on, à agir seul, si nécessaire, afin d’exercer notre droit à l’autodéfense, préventivement ». En accord avec cette doctrine de guerre préventive les États-Unis attaqueront d’autres pays parce que ces derniers ou un groupe caractérisé préalablement par Washington de « terroriste » se proposeront, aussi selon une évaluation faite par Washington, de menacer les intérêts nord-américains. C’est dire que l’attaque peut se produire sans évidence aucune d’acte d’hostilité. Cette doctrine, qui justifie l’agression unilatérale sans cause préalable, se trouve en ouverte contradiction avec le Droit International. Dans la Charte de l’ONU, on établit très clairement que « les états membres de l’Organisation, dans leurs relations internationales, s’abstiendront de recourir à la menace ou à l’utilisation de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de quelconque État, ou en quelconque autre façon incompatible avec les desseins des Nations Unies ». Il est à souligner que cette doctrine (américaine) ne fut soumise à aucun type de traitement démocratique, ni à l’intérieur ni hors les États-Unis. Ni non plus ne fut discutée avec les alliés de Washington. Et, beaucoup moins, ne fut soumise à la considération des Nations Unies. Ce plan s’est proclamé et s’appliquera sur décret présidentiel. Un autre document fut révélé à un moment par le périodique écossais, le Sunday herald : en septembre 2000, avant les imprésentables élections présidentielles nord-américaines, un groupe de politiciens conservateurs qui comptait entre autres Richard Cheney (actuel vice-président), Donald Rumsfeld (actuel secrétaire à la défense), Jeb Bush (frère de l’actuel président et gouverneur de la Floride), et Richard Perle (actuel chef de cabinet politique du Pentagone) lancèrent un travail intitulé : « Projet pour un nouveau siècle américain ». Dans ce document, il est parfaitement exprimé l’intention de prendre le contrôle militaire de la région du Golfe Persique. Dans un de ses paragraphes les plus significatifs, on signale : « les États-Unis ont cherché pendant des décades à jouer un rôle plus permanent (sic) dans la sécurité régionale du Golfe. Et ce, pendant que le conflit non réglé avec l’Irak offre la justification contiguë. La nécessité de la présence d’une force nord-américaine substantielle dans le Golfe transcende l’affaire du régime de Saddam Hussein ». Fracture Atlantique ? Aujourd’hui, le Golfe Persique est la première source de pétrole du monde, et les États-Unis additionnent 50 années de manœuvres pour la contrôler. Ils ont fourni d’énormes quantités d’armes à Israël et à la Turquie, leur deux principaux alliés militaires dans la région ; ils incitèrent et participèrent (à travers la CIA) au renversement du premier ministre iranien Mohammed Mossadegh, dont le délit majeur fut d’avoir entreprit la nationalisation du pétrole et l’expropriation de la Anglo Iranian Oil Co., remplaçant son gouvernement par la brutale dictature du Shah Reza Pahlevi ; ils pointèrent la monarchie fondamentaliste d’Arabie Saoudite et appuyèrent Saddam Hussein dans la guerre contre l’Iran, après la chute du Shah. Les stratèges américains considèrent que cette région est autant fragile qu’essentielle. A l’heure actuelle, les principaux pays producteurs de pétrole (Arabie Saoudite, Irak et Iran), pour différentes raisons, ne sont pas stables ou loyaux envers les intérêts nord-américains. C’est pour cela que pendant la guerre contre l’Irak en 1991, Washington installa des bases militaires permanentes en Arabie Saoudite, au Koweit et au Bahrein. Cette présence militaire fut renforcée postérieurement avec la transformation du Qatar en Centre névralgique des opérations militaires américaines de la région. Les plans de guerre du Pentagone envisagent, selon le New York Times, la conquête des champs pétroliers irakiens le plus rapidement possible, dans le but de les protéger du combat et de commencer sans obstacle à produire du pétrole. Déjà on discute à Washington si, à la suite de la conquête de l’Irak, on devrait permettre à ce pays sa participation à l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP). Dans ce contexte, on comprendra mieux l’attitude des pétrolières Exxon Mobil, Chevron-Texaco, British Petroleum et Royal Deutch Shell. Les entreprises américaines et britaniques parient fort sur la guerre comme étant l’unique façon de pénétrer le marché irakien, actuellement dominé par les pétrolières françaises, russes et chinoises. « Hier à Paris – disait le Clarin du 11 février – pour la première fois depuis la fin de la Guerre Froide, trois puissances européennes du niveau de l’Allemagne, de la France et de la Russie signèrent une déclaration commune dans le but d’empêcher que le président Bush envahisse l’Irak. Des heures avant, à Bruxelles, l’OTAN entra dans sa pire crise après plus d’un demi-siècle d’existence, la France, l’Allemagne et la Belgique voulant bloquer les préparatifs militaires que réclamait la Turquie, avec le soutien de Washington, demandant protection face à une éventuelle attaque irakienne sur son territoire ». Ces réalignements se trouvent nuancés par des expressions chaque fois plus fortes. A partir de la Maison Blanche, George Bush essaya d’épurer la guerre avec un ‘’ game over ‘’. Le premier ministre français Jean-Pierre Raffarin lui répondait catégoriquement que ‘’ cela n’est aucunement un jeu et que la partie n’était pas terminée ‘’. Richard Perle, du Pentagone, fit monter les enchères, manifestant sa croyance que l’OTAN devrait considérer la possibilité d’exclure la France du processus de décision. Aussi, le Secrétaire d’État Colin Powell se priva d’accuser la France et l’Allemagne de « tirer d’embarras » Saddam Hussein. Au-delà de la pyrotechnie verbale, tant la France que l’Allemagne possèdent ses propres intérêts stratégiques dans le Golfe Persique. Les deux pays dépendent du pétrole de cette région, et leur ‘’ establishments ‘’ sont extrêmement préoccupés par une attaque sur ces sources d’énergie et d’une postérieure occupation américaine à longue échéance. Un désastre militaire de Washington dans le Golfe entraînerait de sérieux problèmes à l’économie européenne, mais une victoire américaine laisserait l’Europe vulnérable et sujette à de plus grandes pressions de la part de son associé outre-atlantique. Pour sa part, la Russie possède d’énormes investissements en Irak, et de vieilles relations avec son gouvernement. Le New York Times du 17 octobre 2002 signalait que les compagnies russes contrôlent le droit de vendre 40% du pétrole irakien sur le marché mondial, et ont signé des contrats qui couvrent 70.000 millions de barils de pétrole. Tout ceci pourrait tomber en miettes advenant une invasion américaine. L’Allemagne, la France, la Russie et la République Populaire de Chine maintiendront au Conseil de Sécurité de l’ONU une position destinée à éviter la guerre. Mais certains analystes considèrent que si les États-Unis augmentent la pression et, finalement se lancent avec leur allié britannique à l’aventure militaire, tant Paris que Berlin (et probablement Moscou) en finiront avec le rechignement, afin de ne pas rester totalement en dehors de la répartition du butin. Pendant que les pétrolières pensent qu’une goutte de leur marchandise vaut plus que plusieurs gouttes de sang, et que les papes du complexe militaro-industriel sont déjà en train de calculer leurs bénéfices potentiels, l’écrivain Eduardo Galeano se demande : ‘’ Si le président Bush aime tant l’humanité, et si vraiment il veut conjurer la plus grave menace dont souffre l’humanité, alors, pourquoi ne se bombarde-t-il pas lui-même, au lieu de planifier une nouvelle extermination de peuples innocents ? Traduction de l’espagnol par : Pierre Trottier , avril 2003 Trois-Rivières, Québec , Canada Source…La Insignia www.lainsignia.org |
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