Après avoir délibéré pendant plus qu'une journée, un jury de Montréal composé de 9 femmes et de 2 hommes a rendu avec assurance un verdict de « non coupable » dans le procès pour émeute des activistes Jonathan Aspireault-Masse, Jaggi Singh et Christina Xydous. Les accusations datent du 23 octobre 2000, il y a plus de deux ans et demi, alors que plus de 1000 personnes se sont rassemblées au centre-ville de Montréal pour protester contre la tenue d’une réunion du G-20 (qui inclut les dirigeants du FMI et de la Banque mondiale). Le procès aura duré en tout trois semaines.

MONTRÉAL, jeudi le 24 avril 2003

Après avoir délibéré pendant plus qu'une journée, un jury de Montréal composé de 9 femmes et de 2 hommes a rendu avec assurance un verdict de « non coupable » dans le procès pour émeute des activistes Jonathan Aspireault-Masse, Jaggi Singh et Christina Xydous. Les accusations datent du 23 octobre 2000, il y a plus de deux ans et demi, alors que plus de 1000 personnes se sont rassemblées au centre-ville de Montréal pour protester contre la tenue d’une réunion du G-20 (qui inclut les dirigeants du FMI et de la Banque mondiale). Le procès aura duré en tout trois semaines.

Le verdict du jury démontre une volonté claire du jury puisque les défendeurs ont aussi été blanchis de la charge moins grave d’ « attroupement illégal », une accusation qui a été utilisée contre des centaines de contestataires montréalais au cours de la dernière décennie. Le jury a fini par appuyer les points défendus par un groupe de défendeurs ouvertement anarchistes et gauchistes qui n'ont pas caché leurs croyances politiques. Le cas de la Couronne s’est grandement basé sur les témoignages de plusieurs officiers supérieurs de la police de Montréal ayant au moins deux décennies d’expérience. Leurs témoignages ont été solidement rejetés en faveur de la défense, menée par l’avocat Pascal Lescarbeau qui défendait Jonathan, Christina et Jaggi, qui s’est par ailleurs défendu seul la plupart du temps. Leur défense reposait sur une critique en règle du comportement de la police, non sur leurs actes, et aussi sur le fait que cette dernière visait des activistes politiques défendant ouvertement leurs croyances. Le procès a aussi révélé l'usage généralisé d'agents infiltrateurs (vraisemblablement habillés comme des manifestants), tout comme une surveillance significative d'activistes politiques par la police, y compris de personnes sans histoire d'arrestation, ni même avec des dossiers criminels.

Peut-être tout aussi important que le jugement lui-même, est le fait que plusieurs jurés, à l'extérieur de la salle d'audience, ont souhaité bonne chance aux défendeurs. Un jury, qu’on peut a tout le moins qualifier d’avoir été essentiellement composé de membres de la classe moyenne, était clairement compatissant envers Jonathan, Jaggi, Christina et les autres contestataires du G20, et cela même après avoir regardé des images des vidéos de la police montrant des scènes de légère destruction de propriété et où l’on voyait aussi des pierres lancés en direction de la police après que cette dernière ait décidé de charger les manifestants avec des chevaux et suite a l’apparition de l’escouade anti-émeute et l’utilisation du poivre de cayenne. [A noter que pendant la sélection du jury, la Couronne a systématiquement exclut des personnes qui pouvant avoir des vues critiques en raison de leur profession, tel que des professeurs et des écrivains, tout comme deux hommes noirs de la classe ouvrière. Un juré, professeur de cégep, a même critiqué les tactiques de la Couronne dans une lettre ouverte dans un hebdomadaire montréalais.]

Jonathan, Jaggi et Christina aimeraient remercier tout celles et ceux qui les ont supportés,
autant par leur présence au tribunal qu’avec leurs messages de solidarité. Votre appui était essentiel et très significatif. Le verdict rendu aujourd'hui n'est pas seulement une victoire pour les trois défendeurs, c’est aussi une victoire modeste pour les organisations politiques à Montréal. La police et la Couronne ont essayé d’accroître leurs attaques contre des organisations qui descendent dans la rue en amenant des accusations qui peuvent résulter en des sérieuses périodes d’emprisonnement. Pour le moment, ils ont raté leur coup, du moins à Montréal. [L'avocate de la Couronne a indiqué qu'elle pensait aller en appel.]

Jonathan, Jaggi et Christina offrent leur appui à John Clarke, Gaétan Héroux et Stefan Pilipa de la Coalition ontarienne contre la pauvreté (OCAP) qui sont actuellement en procès à Toronto pour leur rôle dans une manif anti-pauvreté de juin 2000 à Queen’s Park. John fait face à cinq années en prison. Gaétan et Stefan jusqu'à deux, pour leur rôle présumé comme chefs de la manif. Leur défense a commencé récemment et nous leurs souhaitons tout le meilleur. Pour plus d'info au sujet du procès OCAP : http://www.ocap.ca. John, Gaétan et Stefan font une bataille cruciale dans les cours légales pour tous les organisateurs et activistes qui luttent contre les politiques injustes qui sont contre les pauvres et les sans logis.

Aussi, Jonathan, Jaggi et Christina aimeraient souligner leur appréciation et se montrer en solidarité avec les communautés et les individus qui font face à des attaques systématiques du système légal à leur encontre en raison de leur simple existence quotidienne: les peuples autochtones, les immigrés et les communautés de réfugiés, les pauvres, les gens de la rue, les travailleurs du sexe et autres. Aussi, nous sommes savons que des centaines d’activistes et d’organisateurs de la région de Montréal font encore face à des nombreuse accusations (assemblée illégale, troubler la paix, etc.) pour leurs efforts politiques. Cela inclut d’autres contestataires du G20 qui font encore face à des charges moindres à la cour municipale, aussi bien que des contestataires contre la brutalité policière, des activistes de solidarité avec les palestiniens, des squatters, des personnes
sans statut, des manifestant contre la pauvreté et autres. Pour information au sujet des batailles légales des milieux progressistes de Montréal, consultez le site du Collectif Opposé à la brutalité policière qui maintient un calendrier Judiciaire : http://www.tao.ca/~cobp/calendrier-judiciaire.html

Et puis, il y a beaucoup d'autres batailles en cour. Jaggi, en particulier, fait face à quatre procès cette année, y compris un procès avec jury dans la Ville de Québec, en rapport avec les manifs contre la ZLÉA en avril 2001, aussi bien qu'un procès à Montréal pour son rôle dans une manif contre la visite de Benjamin Netanyahu à l’Université Concordia (Jaggi, qui n’est pas un étudiant, fait l’objet d’une interdiction arbitraire de pénétrer l’Université Concordia pendant une période de cinq années. Une décision prise par l'administration de l'université, avec absolument aucun respect de processus légitime).

Encore une fois, merci à tout le monde pour votre appui. Pour rester en contact au sujet des procès du G20, et d’autres événements dans les cours montréalaises, envoyez un courriel à : mont...@tao.ca.

Solidairement,
Jonathan, Jaggi et Christina