Montréal et Saguenay, le 23 avril 2003. Balayage libéral titrent les grands médias. Pourtant ce parti a recueilli 17,000 votes de moins qu'en 1998. On souligne que la députation péquiste est la plus importante obtenue par ce parti dans l'opposition pour mieux occulter que cette formation politique recule de près d'un demi-million de voix sur ses résultats de 1998. Au profit de l'ADQ, que les distorsions du mode de scrutin font paraître perdante avec ses 4 élus mais qui dans les faits poursuit sa montée, en partie parce qu’elle se présente comme une alternative aux deux autres partis qu’on devient las de voir alterner aux 9 ans. Mais aussi au profit du vide...

En effet, le fait dominant ces résultats est sans contredit l'absentéisme électoral. Avec un taux de participation de 70.5 % il faut remonter aux années 20 pour retrouver une telle désaffection du corps électoral. Au delà du discours moralisateur qu'on commence à distiller ici et là, rappelons ce que les spécialistes des comportements électoraux expliquent depuis longtemps: abstention rime avec exclusion. Les pauvres, les jeunes, les nouveaux citoyens votent peu.

Mais l'exclusion sociale n'explique pas tout. Nous payons le prix d'une certaine façon de faire la politique où la discussion sur l'avenir de la cité se transforme en une lutte des chef hautement médiatisée sans que les enjeux n'apparaissent véritablement. En ce sens, l'abstentionnisme procède de cette culture politique dominante, façonnée par les grands partis et les médias, qui réduit le débat à un spectacle. Qui a parlé de la ZLÉA, de la guerre, des fermetures d'entreprises, du dépérissement des régions ressources ? A cette unicité du discours dominant s'ajoute la remarquable proximité des solutions proposés par les partis dominants. Trois variantes du néolibéralisme, assorti du coté péquiste, d'un lourd silence sur l'article un de son programme, rompu en fin de campagne par une profession de foi vide et creuse envers une souveraineté hypothétique et un appel à l’unité des souverainistes désormais distribués sur tout le spectre de droite à gauche. Nous sommes persuadés que des centaines de milliers de personnes ne se reconnaissent pas dans le PLQ, le PQ ou l’ADQ, qui sont des variantes du néolibéralisme...

Le mode de scrutin doit également être pointé du doigt: tant et aussi longtemps qu'on acceptera une telle inégalité dans la valeur d'un vote, qu'on trouvera normal cette rhétorique du vote utile, ce facteur, combiné aux précédents, influera grandement sur la participation citoyenne aux scrutins.

Ainsi dans 79 circonscriptions sur 125, le candidat élu a obtenu moins de votes que le total des autres. Ces citoyenNEs ne seront pas représentés à l'Assemblée Nationale.

Dans la région de l'Outaouais par exemple, comme le souligne l'analyste Brian Gibb le parti
libéral a reçu 87,176 votes (36,35 %) Le nombre des gens qui ont décidé de rester à la maison est 98,626 (41,11%) Autrement dit, le parti libéral a balayé la région avec l’appui de seulement un tiers de gens qui sont éligible à voter. Nous n’avons pas la démocratie ici. Nous sommes représentés par une oligarchie.

Il faut de toute urgence réformer le mode de scrutin afin d'introduire la proportionnelle. Même à contre-courant de son parti, l'un des prédécesseurs de M. Charest, Claude Ryan, s'est
prononcé courageusement en faveur d'un mode de scrutin mixte, à l'allemande. On saura bientôt de quel bois se chauffe M. Charest qui a dit au lendemain de son élection qu’il agira sur cette question en tenant compte des résultats des travaux des états généraux sur la réforme des institutions démocratiques et ce, «dans la première année du premier mandat» (sic). Sera-t-il aussi frileux que M. Landry qui n'a su résister aux pressions des éléments conservateurs qui dominent de plus en plus son parti ? Les prochains mois seront déterminants. La lutte pour la réforme du mode de scrutin doit se poursuivre. Une question d'urgence démocratique soutient l'UFP qui doit devenir plus que jamais le parti de la rue et des urnes.

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