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Les spécialistes soulignent que les 18% d'appuis obtenus par Amir Khadir sont plus qu'honorables - UFP : du rêve à la réalit

Eric, Lundi, Avril 21, 2003 - 11:22

Josée Boileau

L'Union des forces progressistes est entrée en campagne électorale en voulant se faire connaître. Peu à peu, le charisme de son candidat-vedette Amir Khadir, dans Mercier, a fait rêver à un premier élu. M. Khadir a finalement terminé troisième et l'UFP n'a récolté que des miettes à l'échelle du Québec. Pourquoi ?

Le Devoir, édition du samedi 19 et du dimanche 20 avril 2003

L'Union des forces progressistes est entrée en campagne électorale en voulant se faire connaître. Peu à peu, le charisme de son candidat-vedette Amir Khadir, dans Mercier, a fait rêver à un premier élu. M. Khadir a finalement terminé troisième et l'UFP n'a récolté que des miettes à l'échelle du Québec. Pourquoi ?

Amir Khadir - et son entourage, ses sympathisants, les médias - a presque cru qu'il pourrait être élu lundi dernier dans la circonscription montréalaise de Mercier. Mais tant les sondeurs que de vieux routiers de la gauche n'ont pas accordé une seule pensée à cette possibilité. Comme Michel Rioux, militant de longue date qui a travaillé 30 ans à la CSN, qui a su deviner les résultats des élections. « J'ai gardé un vieux fond marxiste-léniniste : je sais faire la différence entre le réel et l'illusion du réel ! », dit M. Rioux en riant.

Le réel, c'est qu'Amir Khadir s'est classé loin derrière le vainqueur, Daniel Turp, du Parti québécois, et la députée libérale sortante, Nathalie Rochefort. Certes, les 18 % d'appuis obtenus par M. Khadir sont plus qu'honorables : les spécialistes soulignent qu'il s'agit même d'un score exceptionnel pour un tel candidat dans le cadre d'une campagne nationale.

La comparaison, en fait, n'est pas à faire avec les 24 % de voix récoltées par le candidat de la gauche Paul Cliche aux élections partielles de Mercier au printemps 2001 - les partielles étant l'occasion de toutes les protestations. Ce sont plutôt les 15 % - et le troisième rang - obtenus par le célèbre Michel Chartrand contre Lucien Bouchard dans Jonquière lors des élections générales de 1998 qui doivent servir de mesure.

Amir Khadir, moins connu, a amélioré ce score : ce n'est pas anodin, surtout qu'au départ, il se fixait un objectif de 15 % des voix. De plus, l'UFP est arrivée troisième dans un autre comté, Outremont, une forteresse libérale. L'UFP y a obtenu 1800 voix et a devancé le candidat adéquiste.

Reste que l'UFP dans son ensemble n'a récolté que 1,06 % des voix à travers le Québec. Même en ajoutant le score du Parti vert, qui se partageait les comtés avec l'UFP, l'appui ne grimpe qu'à 1,5 %. C'est moins que le taux de 1,8 % récolté en 1998 par les trois partis d'extrême gauche qui se présentaient. Mais c'est un résultat qui n'étonne pas les sondeurs.

Le centre

« Globalement, les Québécois ne sont pas à droite, ils ne sont pas à gauche, ils sont au centre », dit Jean-Marc Léger, de Léger Marketing, qui tenait le même discours au plus fort de la popularité adéquiste, l'an dernier. De plus, les Québécois sont très nord-américains dans leur approche électorale : leur logique est binaire, d'où la domination de deux grands partis. « Dans la structure actuelle, la gauche n'a pas de chances à l'extérieur du Parti québécois », assure M. Léger.

Pascale Dufour, politologue à l'Université Carleton, y va d'une analyse plus fine : « Au Québec, on n'a pas le droit d'être à droite. Même l'ADQ n'a pas assumé le fait d'être un parti de droite. Du coup, ça bloque aussi les partis de gauche. Ça n'a rien à voir avec le fait d'avoir des éléments sociaux-démocrates dans son programme. Il s'agit de constater qu'on refuse cette distinction droite-gauche. »

Christian Dufour, politologue à l'École nationale d'administration publique, croit aussi que « ce qui a manqué à la gauche ici, c'est une vraie droite ». Par contre, on y gouverne au centre-gauche depuis 40 ans. « Il faudrait que la gauche réalise qu'elle a été au pouvoir au Québec ; c'est comme si elle ne l'avait jamais assumé. Dans ce contexte, ses revendications ne paraissent pas crédibles. »

Le mode de scrutin

Avec un autre mode de scrutin, la gauche s'en tirerait beaucoup mieux, croient toutefois bien des analystes proches des milieux militants. C'est notamment la thèse de l'UFP elle-même. « Une fois de plus, la logique du mode de scrutin s'est imposée », indique le long communiqué émis par le parti le lendemain des élections, regrettant que l'électorat soit prisonnier du vote utile.

Michel Rioux estime lui aussi que le grand écueil de la gauche se trouve là. « Tant que le processus électoral n'aura pas été changé, il y a un atavisme sur la quasi-impossibilité pour un parti de gauche de se faufiler. [...] J'ai vu tellement de générations de militants déployer des efforts, de l'énergie, pour se faire élire. Mais sans changement du mode de scrutin, c'est tellement inutile ! »

Pascale Dufour, elle, s'interroge de plus en plus sur le fait que le mode de scrutin induise le vote utile. En France, le « vote pour soi » a atteint son paroxysme lors du premier tour de l'élection présidentielle de l'an dernier. Il en a découlé l'imprévisible choix entre la droite et l'extrême droite au deuxième tour du scrutin.

Christian Dufour, lui, trouve qu'on fait porter bien des choses sur une éventuelle réforme du mode de scrutin. « Ça devient la panacée !, s'exclame-t-il. Mais avoir la proportionnelle verrouillerait le pouvoir pour 30 ans aux mains d'un parti du gouvernement, comme les libéraux. Pour la gauche, c'est se résigner à l'opposition. »

L'organisation

Psyché de l'électeur ou pesanteur du mode de scrutin ne doivent toutefois pas occulter l'aspect bien terre à terre d'une campagne électorale. « Les élections, c'est mathématique : les candidats ont peu d'importance », insiste Jean-Marc Léger. Ce qui compte, c'est d'aller chercher des votes, et c'est une affaire d'organisation.

Or l'UFP est à des années-lumière de la force des vieux partis. Lors d'un colloque qui avait lieu cette semaine à l'Université du Québec à Montréal (UQAM), son conseiller au programme, Gordon Lefebvre,racontait que le parti avait 50 000 $ à consacrer aux 73 circonscriptions où il présentait des candidats. On en a ciblé 15 où vraiment faire campagne - en misant sur le porte-à-porte, les appels téléphoniques, les dépliants. Des efforts particuliers ont été consacrés à certains endroits : Outremont, par exemple, pouvait compter sur un « gros » budget de 12 000 $ !

M. Lefebvre signale aussi que l'UFP « est un petit laboratoire qui a à peine dix mois ». Il a fallu cinq ans de tractations entre trois partis de gauche pour qu'ils finissent par se fédérer - un fonctionnement qui n'a rien à voir avec les partis traditionnels, tout comme le fait de ne pas avoir de leader désigné.

De plus, avec ses 1800 membres, l'UFP est encore loin du parti de masse auquel Gordon Lefebvre croit possible de parvenir, à une condition : « casser l'union sacrée entre le PQ et les centrales syndicales ». Ce sera long, reconnaît-il.

Jean-Herman Guay, politologue à l'Université de Sherbrooke, croit pour sa part que la gauche devra franchir une autre étape : se repenser. Il en est persuadé, le mode de scrutin nuit à l'UFP, qui pourrait compter sur une base électorale d'au moins 5 %. Mais il ajoute : « La gauche n'a pas fait son examen de conscience, elle n'est pas sortie de l'idée que l'État est la réponse à tous les problèmes. Il y a, dans le discours de gauche actuel, quelque chose qui relève de Proudhon, des prémarxistes : une utopie de l'ordre de l'émotion. On ne demande pas que leurs propositions soient chiffrées mais au moins qu'ils fixent un ordre de grandeur. »

Toutes ces contraintes considérées, l'UFP a-t-il fait erreur en se lançant en campagne ? « Pas forcément, estime Pascale Dufour. Les absents ont toujours tort. Si l'UFP n'avait pas décidé de participer à la campagne, où aurait-elle pris la parole ? Qui l'aurait écoutée ? » Or, sur le terrain, le parti a participé à moult débats et sa couverture médiatique a été plus importante qu'espéré.



Sujet: 
Tiré de la presse commerciale
Auteur-e: 
cdubois
Date: 
Lun, 2003-04-21 13:47

Il s'agit d'un texte tiré de la presse commerciale et qui est copyrighté. Alors je vote -1 et j'invite le posteur original à :
1) Soit obtenir la permission de Josée Boileau
2) Reposter une note avec un simple lien vers le texte (si la chose est possible).

Christian


[ ]

Sujet: 
Problème de copyright
Auteur-e: 
maxbeg
Date: 
Lun, 2003-04-21 14:32

Comme le mentionne Christian, l'article est "copyrighté"...
Je suis allé vérifier l'accessibilité de l'article afin de le soumettre en lien Web, mais il est cadenassé dans le site du Devoir, donc inaccessible à la majorité des lecteurs du CMAQ...
Maxime


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