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Le citoyen a-t-il un pouvoir politique?n39isma, Mardi, Avril 15, 2003 - 16:49
Ismael Raymond
Dans le cadre de l’édition 2003 du Salon international du livre de Québec s’est tenue samedi dernier une table ronde ayant comme thème « Le citoyen a-t-il un pouvoir politique? ». La discussion, animée par le journaliste Gil Courtemanche, mettait en scène quatre invités dont le président de l’Union paysanne, Roméo Bouchard, et le professeur Pierre Mouterde. Devant un auditoire nombreux et captivé, les quatre interlocuteurs présents ont tenté de répondre à la question thématique bien d’actualité quelques jours avant les élections provinciales : le citoyen a-t-il un pouvoir politique de nos jours?. Les invités étant tous militants dans leur champ d’intérêt respectif, le public a eu droit à des interventions musclées qui ne laissèrent personne indifférent. Des messages d’espoir pour ceux et celles qui luttent au sein des mouvements sociaux ont fait réagir positivement l’auditoire séduit par la volonté contagieuse de bâtir un monde meilleur par la voie politique. Pour Pierre Mouterde, qui a étudié sur le terrain les mouvements sociaux d’Amérique latine, la population québécoise a besoin d’innover dans ses pratiques politiques afin qu’émerge un nouveau discours de gauche. « La lutte citoyenne doit retrouver son dynamisme des années 60 et il y a un espace possible pour le faire concrètement au Québec », soutient-il. Le professeur en philosophie au Cégep de Limoilou a vécu les luttes de certains mouvements politiques de gauche, notamment lors de sa visite au Mexique, en Équateur et au Brésil. En s’inspirant de l’Amérique latine du sous-commandant Marcos et de la guérilla zapatiste, du Mouvement des travailleurs sans terre et du Parti travailliste de Lula, Pierre Mouterde affirme que les militants québécois n’arrivent pas à se faire entendre à travers les institutions car il y a absence de solidarité, d’un mouvement social fort qui permettrait d’atténuer ce qu’il qualifie de «crise de la gauche au Québec». Faisant suite au propos de M. Mouterde, le président de l’Union paysanne a ajouté « qu’il faudrait développer une culture du rassemblement au Québec afin d’enrayer le fléau de la solitude du militant ». Pour Roméo Bouchard aussi, il est essentiel que la lutte se fasse sur la base d’une coalition de groupes solidaires et prônant les même valeurs progressistes, autant dans le domaine agricole que social. En ce sens, il a dénoncé d’une certaine manière la façon de faire des « sectes de gauche » et de certains individus qui seraient des obstacles à l’avancement du mouvement militant car ils ne cherchent pas à s’allier avec d’autres groupes afin de créer une force solidaire. C’est ainsi que l’Union paysanne se présente comme une institution démocratique syndicale qui intègre la participation citoyenne. « Dans leur revendications, les petits producteurs agricoles doivent, pour que la lutte avance, être associés aux citoyens qui subissent l’agriculture industrielle dans leurs assiettes », a expliqué M. Bouchard. Bref, cette table ronde forte intéressante n’a pas donné lieu à un débat vigoureux mais a tout de même conduit l’auditoire sur des pistes de réflexion concernant la politique à plus petite échelle et l’engagement citoyen. En conclusion, et pour répondre à la question thème, les quatre participants ont dénoncé dans l’unanimité le manque de pouvoir du citoyen en politique, tout en réaffirmant que la gauche doit reprendre sa place.
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