" En tant que rédacteur en chef d’un journal culturel de gauche, je trouve quelques fois désolant de voir le discours de certains intervenants gauchistes..."
Le journal Graffici dans son édition du mois de mars, se penche sur le discours de plusieurs intervenants...de droite et de gauche!

Je suis vraiment un imbécile !

En tant que rédacteur en chef d’un journal culturel de gauche, je trouve quelques fois désolant de voir le discours de certains intervenants gauchistes. Malheureusement, beaucoup de « militants » semblent oublier certains points importants dans leur argumentation contre la guerre et la politique belliqueuse du gouvernement Bush. Il semble que l’on oublie, trop souvent, que George W. Bush à été élu au milieu de la plus grande controverse électorale de toute l’histoire des États-Unis. Nous oublions aussi que plusieurs Américains sont contre la guerre et nous oublions surtout que tous les salauds qui peuplent cette terre et exploitent le peuple ne sont pas tous Américains. J’irai même plus loin en disant que la presse américaine – si on regarde un peu plus loin que CNN – fait relativement bien son travail. Plusieurs journaux s’opposent farouchement à la guerre et parlent des problèmes reliés, suivant la guerre, à l’occupation de ce pays. (Si vous ne me croyez pas, je vous invite à aller jeter un coup d’œil sur les caricatures publiées aux États-Unis à l’adresse Harpers.com.) L’improbabilité de lien existant entre Al-Qaïda et l’Irak n’est-elle pas soulevée presque tous les jours dans la presse américaine ? Pourtant, en grande partie dans la presse alternative – ou de gauche – le discours dominant nous présente les médias et les Américains comme une seule et unique équipe, fière, fidèle et loyale envers son président (Bush, Pretzel, 43, Dumb Ass, appelez-le comme vous voulez).

La manipulation des médias existe, je le sais. Je crois même que je pourrais écrire des pages et des pages là-dessus. Mais justement, le combat de la presse indépendante n’est-il pas de sortir du discours dominant ? « Pour sortir de la pensée unique », comme le dit si bien le Centre des médias alternatifs du Québec (CMAQ). Je crois sincèrement qu’il est possible d’être contre la guerre tout en affirmant que les États-Unis et les fortunés ne sont pas les seuls tenants de la bêtise humaine ! Voilà.

Un éditorialiste du New York Time a écrit, à la suite du discours de Collin Powell sur les « preuves » : « Pour ne pas être convaincu de la nécessité d’une guerre, il faut être un Français ou un imbécile. » Je ne suis pas Français. Un « militant » me disait l’autre jour que pour ne pas être prêt à risquer sa vie pour contrer les tendances impérialistes de Bush – entendez bouclier humain – il fallait être un imbécile. Bon. Je suis contre la guerre, mais je trouve aussi que s’offrir comme bouclier humain pour Saddam est l’idée la plus stupide depuis l’invention du profit ! Alors, conclusion : je suis vraiment un imbécile !

Soyons contre la guerre, soyons contre les faucons, mais soyons aussi contre l’emprisonnement de la pensée dans un discours généraliste et à la mode. Qu’il soit de droite ou de gauche.

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Mario Cyr