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Les boss

Anonyme, Mercredi, Mars 5, 2003 - 15:07

Martin Richard (MAC)

Montréal, le 5 mars 2003

Les boss.

Comme ça Monsieur Taillon du Conseil du patronat du Québec, l’organisme dont le fantasme ultime serait que l’on paye les travailleurs en jetons comme au siècle dernier -procédé, en passant, ayant des similitudes avec l’esclavage -, donc ce triste sire fait dans l’humour. « On est victime de harcèlement psychologique » a-t-il déclaré avec ironie lors des consultations entourant les réformes du travail et visant le statut des travailleurs atypiques (travail autonome, temps partiel, etc. in Le Devoir 05-03-03). Ironiser sur le dos de ceux qu’ils exploitent a quelque chose de profondément répugnant. Mais pourquoi les boss se gêneraient-ils? Ils ont l’habitude qu’on leur lèches les pieds. Ils ont tout! Subventions, prêts sans intérêt, déductions fiscales de tous genres, tapis rouges déroulés en permanence dans les partis politiques, épaulés par les institutions mondiales qui ne réfléchissent et n’agissent que pour leurs intérêts (FMI, OMC, OCDE) sans oublier les plus petits et tout aussi méprisables soldats locaux, du genre Institut économique de Montréal.

On les comprend d’être furieux lorsque le PQ, un de leurs alliés naturels, veuille donner de quoi respirer à plus d’un million de travailleurs. Le travail atypique, dans sa forme actuelle, permet aux boss d’éviter les charges sociales mais aussi et surtout d’avoir une main-d’oeuvre malléable à souhait, fragile et sans protection sociale. Des travailleurs entièrement démunis devant leurs désirs et exigences à de quoi satisfaire le milieu des affaires, dont Jacques Parizeau, à l’époque premier ministre, déclarait qu’il était « le seul endroit au Québec où la Révolution tranquille ne s’est pas arrêtée » (Le Devoir, 28-03-95). Toujours émouvant, le cher homme.

Le nec plus ultra pour les boss, c’est que les dernières grandes réformes en assurance-chômage combinées à l’absence de protection sociale concernant les travailleurs atypiques ont créé des conditions idéales d’exploitation. Dans le sens « exploiter son prochain ». En contrepartie, le nombre de drames humains a explosé: dépression, maladie, découragement, fatigue, dévalorisation, désespoir. Que monsieur Taillon et ses semblables y trouvent matière à rire n’a rien de surprenant. Qu’ils s’opposent à tous changements en faveur des travailleurs est tout à fait normal car pour eux, la valeur d’une vie humaine ne se calcule qu’en profits et pertes. C’est pourquoi nous demandons à Monsieur Rochon de persévérer et de donner aux travailleurs atypiques une protection sociale digne de ce nom.

Martin Richard
Mouvement Action-Chômage (MAC)
de Montréal



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