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Congrès des jeunes adéquistes : à droite touteAlain Dubois, Mercredi, Février 19, 2003 - 00:20
Alain Dubois
« Si on se compare aux femmes québécoises, on est 30 ans en arrière, martèle Michèle Audette, le regard déterminé. Ça fait seulement 10 ans que l'on peut assister au conseil de bande, alors que les Québécoises votent depuis 1940 ! » La présidente de l'association Femmes autochtones du Québec (FAQ) se bat quotidiennement pour le respect des droits des Amérindiennes. Une bataille de longue haleine qui est loin d'être gagnée. Une autre information pour une autre politique Gagner un empire, perdre la démocratie ke l'ADQ, à droite toute ! C’est dans une atmosphère empreinte de paranoïa et d’agressivité qu’a débuté le congrès des jeunes adéquistes : gardes de sécurité à la dizaine, menaces à l’endroit de manifestants pacifiques et d’une journaliste du quotidien La Presse. Cette agressivité s’est exprimée aussi à travers les propos belliqueux et menaçants de Mario Dumont envers les travailleurs syndiqués du secteur public. Sans doute contrarié de la présence de jeunes de la CSN et d’une coalition de jeunes anti-adéquistes. Il n’a pas hésité dans son allocution à menacer ceux qui ont à cœur de défendre notre système de santé et d’éducation : « Tout ceux qui défendent le système… Ceux qui vont défendre leur p’tite place dans le système… Ceux qui vont défendre leur p’tit confort dans le système… vont attendre à la porte, c’est eux qui vont aller sur les listes d’attentes (…) ». Voilà des propos qui révèlent un Mario Dumont autoritaire et qui tolère mal la critique. Pourtant, il est bien normal que des syndicats, des associations d’étudiants et des organismes communautaires s’inquiètent de certains éléments du programme adéquiste et qu’ils expriment leurs inquiétudes sur la place publique. Santé N’en déplaise à l’auguste Mario, défendre les systèmes actuels de santé et d’éducation n’est pas une hérésie… Puisqu’ils demeurent parmi les meilleurs et les plus performants au monde ! Et ce, malgré les brutales coupures du gouvernement du Parti Québécois qui ont eu comme conséquence que le Québec est maintenant la province canadienne qui dépense le moins dans la santé. Il suffirait de rejoindre la moyenne canadienne pour améliorer substantiellement la situation. Privatiser en partie notre système de santé comme le propose l’ADQ risque plutôt d’amener une plus grande détérioration de la situation. Aux États-Unis, où le secteur privé domine, il en coûte 38,7% de plus par tête d'habitant pour se faire soigner (1). Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, les États-Unis se classent au 37e rang pour ce qui est de la qualité des soins de santé, entre le Costa Rica et la Slovénie. Chez nos voisins, les hôpitaux privés à but lucratif (la majorité) consacrent 34% de leur budget en frais administratifs contre 22.9% (2) pour les hôpitaux publics et une personne sur six n'a aucune couverture médicale. La gestion du privé Ce ne sont pas des faits surprenants car le but du secteur privé, contrairement au secteur public, est de faire des profits... La gestion du privé est loin d’avoir démontré sa supériorité (3). Rappelons-nous les grands scandales financiers des deux dernières années : Vivendi en France, Enron et WorldCom au États-Unis, BCE et Nortel au Canada ainsi que Quebecor qui a dilapidé l’épargne des Québécois (l’argent de la Caisse de dépôt du Québec) en payant beaucoup trop cher pour Vidéotron. Toutes ces grandes compagnies ont été impliquées dans des fraudes, des scandales financiers et des pratiques de mauvaise gestion qui ont non seulement fait perdre des milliers d’emplois, mais aussi les économies de milliers d’épargnants et de petits investisseurs. "La seule responsabilité sociale de l'entreprise est d'accroître ses profits" disait l’économiste et père du néolibéralisme Milton Friedman, ne l’oublions pas ! Éducation Dans son discours, Mario Dumont a aussi annoncé qu’il était en faveur de l'indexation des droits de scolarité pour les universités. Une mesure qui coûterait cher aux étudiants québécois, déjà lourdement endettés. L’ADQ promet en contrepartie d’indexer les prêts et bourses au coût de la vie… Ce qu’il ne dit pas, c’est que cela entraînerait une augmentation de l’endettement des étudiants puisque la majeure partie du montant qui leur est alloué est composée de prêts ! Nous pouvons aussi parier que l’augmentation des frais de scolarité qui sera concédée aux universités dépassera, elle, le ‘coût de la vie’ … L’augmentation des frais de scolarité et les coupons d’études (subvention directe aux parents pour qu'ils envoient leurs enfants à l'école de leur choix) sont tous deux des mesures défendues par les partisans du néolibéralisme économique. La mise en œuvre de « bons d’étude » risquerait à elle seule, de mettre l'école publique en péril puisque cela représenterait une subvention supplémentaire de 170 $ millions (4) en faveur du secteur privé et ce au détriment du secteur public. Cela minerait aussi tous les efforts pour démocratiser l'éducation entrepris depuis 40 ans et qui ont pourtant donné d’excellents résultats. Rappelons qu'en 1951, 14% des Québécois terminaient leur secondaire par rapport à 83% aujourd'hui (5), en comptant ceux et celles qui terminent leurs études en plus de cinq ans. Un programme inspiré par la droite américaine Le chef de l’ADQ a aussi dénoncé dans son allocution le programme passéiste et rétrograde du PQ… Je ne le contredirai pas là-dessus mais ce qu’il y a de plus paradoxal dans son attaque est que les idées qu’il défend et la plupart des éléments importants de son programme (impôt unique, coupons d’études, privatisation d’une partie du secteur public, etc.) sont encore plus anciens que ceux du PQ… Ils datent tous des années 50, 60 et ils proviennent presque texto des grands idéologues du néolibéralisme tel Milton Friedman ! Ces politiques ont été en partie appliquées par Ronald Reagan et Margaret Thatcher avec les résultats que l’on connaît : diminution du filet social, accroissement des inégalités sociales et appauvrissement important de la classe moyenne (6). On peut difficilement faire plus rétrograde et passéiste… Qu’en pensez-vous ? En fait le programme de l’ADQ en santé et en éducation n’a qu’un but ou presque, celui d’offrir au secteur privé, aux grandes entreprises et aux financiers un terreau favorable au développement de nouveaux marchés nationaux dans des domaines traditionnellement réservés au Canada au secteur public. La santé et l’éducation sont des cibles privilégiées car elles sont des secteurs rentables aux États-Unis pour l’entreprise privée. Toute brèche ouvrant la porte à une privatisation, même partielle, des services de santé et de l'éducation ne manquera pas de s'agrandir au fil des années... Voulez- vous parier là-dessus ? Voilà ce que nous réserve ce parti du « changement » pour l’avenir du Québec. Je ne suis pas preneur, et vous ? Alain Dubois, éditeur de www.NonADQ.com 1) Selon l’OMS les dépenses de santé représentent 12,9% du PIB contre 9,3% pour le Canada 4) À l’heure actuelle la subvention du gouvernement atteint $4.998$ par élève au secteur public et de 3.259$ au réseau privé, l’ADQ propose que chaque école reçoive le même montant i.e. $4.998$ par élève. Ce qui représente un cadeau de 170 millions au réseau privé Autres références disponibles :
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