|
Semaine de comparutions: Le cas Dexter Xtartosuc, Vendredi, Janvier 17, 2003 - 23:46
Frédéric Dubois
Dexter aura passé 2 soirs en prison, soit 36 heures au total, dans une cellule individuelle avec 3 autres citoyens. Pas de nourriture, du lait caillé et aucune eau courante, lui ont fait prendre conscience de la vulnérabilité dans laquelle peut se retrouver un citoyen ayant exprimé ses opinions. Le samedi 21 avril 2001, pendant que gaz lacrymogènes et hurlements, chants et coups de tams-tams retentissaient sur la ville de Québec, une opération policière musclée s'effectuait à plusieurs endroits afin de tenir les citoyens à l'écart du mur les séparant des dirigeants des Amériques, venus promouvoir le projet de Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA). Dexter, jeune homme de Montréal, était arrivé durant la semaine précédent l'effervescence des manifestations et affrontements entre forces de l'ordre et citoyens. Il s'était engagé à fournir une perspective sur le déroulement du Sommet des peuples pour le compte de la radio CKRN de Toronto et Radio Basse-Ville de Québec. En tant que journaliste indépendant, il a mené des entrevues aussi bien avec des autochtones de Bolivie, des délégués Jamaïcains, une femme Guatémaltèque réfugiée au pays, qu'avec Maude Barlow du Conseil des Canadiens, au lendemain de la publication des textes de négociation de la ZLÉA. En tant que DJ, il avait animé aux côtés de Naomi Klein (connue pour la publication de son ouvrage sur la commercialisation des espaces publics « No logo ») un teach-in dans la tente du Sommet des peuples et fait tourner les platines dans l'Îlot Fleuri en compagnie de ALT (l'Association pour la Libération de la Techno). Le travail qu'il menait à Québec, en continuation avec son engagement politique et musical à Montréal, s'est pourtant abruptement arrêté le 21 avril. Il était au complexe Méduse où le Centre des médias (CMAQ) avait pignon sur rue, lorsqu'un gaz lacrymogène est tombé devant l'entrée rue St-Vallier. Le centre qui accueillait en son sein des journalistes indépendants du Canada anglais, des États-Unis et du Québec, venus par centaines couvrir l'événement, était dès lors sous l'emprise d'une vague de panique. Dexter est resté calme, a accompagné une personne blessée aux yeux par l'éclat de la bombe, avant de remonter les escaliers attenant au centre des médias. Du haut des escaliers, des policiers vêtus d'une tenue anti-émeute attendaient la dispersion de la foule affolée au bas des escaliers. Dexter et un vieillard remontèrent les escaliers pour aller discuter avec les policiers qui venaient de lancer à nouveau un gaz lacrymogène. Rendus au haut des escaliers, une argumentation de deux minutes s'ensuivit avant que les choses se bousculent. Un policier empoigne alors les lunettes de protection de Dexter, les arrache de sa tête avant de lui ordonner de descendre. Dexter refuse. Un discours de sourds s'ensuit. Deux policiers se ruent alors sur Dexter, lui tordent les bras, le lèvent de ses 5 pieds 1 pouce et 100 livres, lui frappent violemment la tête sur le mur de ciment et puis sur la rampe métallique. Dexter crie afin de signaler aux journalistes indépendants attroupés au bas de l'escalier ce qui lui arrive. Une fois immobilisé, on le conduit, menottes aux mains, auprès d'un camion de transport de prisonniers. Là, le policier Jean-Yves Gagnon lui marche dessus avant de lui crier «C'est mon pays, c'est pas l'tien !, on parle Français icitte !». Dexter aura passé 2 soirs en prison, soit 36 heures au total, dans une cellule individuelle avec 3 autres citoyens. Pas de nourriture, du lait caillé et aucune eau courante, lui ont fait prendre conscience de la vulnérabilité dans laquelle peut se retrouver un citoyen ayant exprimé ses opinions. Il n'est pas seul, 473 autres personnes auront été arrêtées durant les événements de Québec (20-22 avril 2001). À cette date, seulement 15 personnes ayant plaidé non coupable auront été acquittées et trouvées non-coupables. Des 136 dossiers menés par le collectif légal, 51 ont plaidé coupable en échange d'une absolution, 85 ont plaidé non-coupable. De ces 85 cas, 50 ne sont pas encore passés en cour et 11 ont été trouvés coupables. Deux personnes font face à des peines de 45 jours d'emprisonnement. Dexter comparaît en Cour du Québec jeudi le 23 janvier 2003. Pour les détails tels que l'heure et la salle de comparution, contactez son avocate Geneviève Cotlée du cabinet d'avocats de Julius Grey au (514) 288-6180. Trois chefs d'accusation pèsent contre lui, dont deux d'assaut sur un policier et un d'entrave au travail d'un policier. Un chef d'accusation d'incitation à une émeute portant contre lui a été retirée par manque de preuves et surtout de logique. Du transport en partence de Montréal est organisé pour soutenir Dexter. Contactez Louise au 398-6787 ext. 4975 pour du transport ferroviaire. Des voitures-collectives sont organisées également. Le lundi 20 janvier 2003, 11 personnes comparaîtront sur des chefs d'accusation reliés au Sommet des Amériques à la Cour du Québec, dans la ville de Québec. Pour plus d'informations, veuillez communiquer avec le collectif légal: (514) 842-3251.
Site du collectif opposé à la brutalité policière
|
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Ceci est un média alternatif de publication ouverte. Le collectif CMAQ, qui gère la validation des contributions sur le Indymedia-Québec, n'endosse aucunement les propos et ne juge pas de la véracité des informations. Ce sont les commentaires des Internautes, comme vous, qui servent à évaluer la qualité de l'information. Nous avons néanmoins une
Politique éditoriale
, qui essentiellement demande que les contributions portent sur une question d'émancipation et ne proviennent pas de médias commerciaux.
|