Multimedia
Audio
Video
Photo

Pensées sur le ludisme, l’esthétisme et le capitalisme

stirnerfreuk, Mardi, Décembre 17, 2002 - 21:13

Stirnerfreuk

Le ludisme, comme Bob Black le proposait, peut-îl représenter une alternative intéressante à l'austérité du système capitaliste. L'attitude ludique peut-êlle être révolutionnaire ? Ce texte n'est rien d'autres qu'un ramassis de réflexions qui n'aboutit à aucune conclusion! Ce n'est que ludique et relatif...

L’attitude ludique est vitale. Le jeu comme moyen de vivre dans une société ultra-rationalisée et hyper-organisée est une nécessité. Le jeu est en effet une stratégie efficace pour résister à l’invasion totale d’une société envahissante et coercitive, mais il doit être plus qu’une stratégie d’adaptation, il doit contribuer au surpassement, voire au renversement de l’ordre capitaliste autoritaire. Le ludisme doit pouvoir dépasser sa phase adaptative pour devenir une alternative au monde capitaliste. Voici maintenant ce que j’entends par ludisme et esthétisme créateur.

Ludique et tragique : deux notions indissociables ?

Il faut pouvoir rire de tout, relativiser les phénomènes sérieux et austères, se jouer des normes et des standards, et ce, afin de profiter de notre existence mortelle à fond et pour vivre parallèlement, en marge dudit système matriciel qui essaie de nous conformer et nous uniformiser. Il ne faut pas s’attarder profondément en superficie (i.e. s’engager et s’impliquer à fond dans les causes sociales en tant que citoyen militant et faisant en sorte de reproduire le système aliénant, i.e. devenir esclave d’une cause, serviteur d’un idéal) ni s’attarder superficiellement en profondeur (i.e. aborder des questions fondamentales, – comme la sauvegarde de la planète, la protection des animaux, l’abolition du capitalisme – de manière superficielle). Il est préférable, d’après la perspective ludique, de laisser couler, virevolter, planer les choses et évènements. Le comportement ludique permet cette légèreté et procure la sensation que, même si l’on peut se détacher à souhait d’une situation d’un côté, l’on se sente tout de même très pénétré par les choses qui nous arrivent et engagés dans notre expérience personnelle de l’autre. Cela ne veut pas dire de se désintéresser des causes sociales, mais bien plutôt de s’engager dans celles-ci avec une perspective d’implication profonde, authentique, enjouée, positive et affirmative. L’idée c’est de ne pas développer de ressentiment à l’égard de la vie, ce sentiment est paralysant et auto-destructeur.
Autrement dit, la frivolité, voire la trivialité de l’attitude ludique, est ce par quoi l’esprit peut gambader sans stagner pathologiquement dans des marécages boueux et, ce par quoi il peut vivre et s’épanouir dans le moment, aussi tragique soit-il. Car le tragique et le ludique sont indissociables. L’un (le ludisme) vient pour supporter l’autre (le tragique). La tragédie de la vie est un fait indéniable (le fait que l’on meurt et qu’il n’y ait fondamentalement aucun sens à la vie) et le jeu ludique est une manière esthétique de vivre cette tragédie. L’attitude ludique permet en effet de considérer le côté tragique de l’existence comme une règle du jeu immuable et absolue (tout le monde crève et cherche sans jamais vraiment trouver, de manière absolue et définitive, du sens à sa vie), tout en restaurant à cette existence une valeur esthétique et éthique, et ce, par le biais de ce que l’on fait du temps qui nous est imparti. Ce temps de vie peut certes être investit dans le labeur et le travail quotidien, à la manière des workaholics et carriéristes de toutes sortes, mais ceci éteint le feu ludique et la possibilité de créer une œuvre originale et viscérale à partir de notre vie.

Jeu et travail : deux notions incompatibles ?

En fait, en contexte capitaliste, travailler signifie se vendre, se faire façonner (ce que l’on appelle plus communément subir une formation), se prostituer et donc, rabaisser la valeur de notre existence, qui n’est plus alors qu’une vulgaire entité rémunéré, salariée, aliénée, réifiée. D’où provient cette aliénation dans le travail capitaliste ? Dans le fait que le fruit de notre travail nous échappe et du fait que notre force de travail se transforme en capital fructueux pour autrui. De plus, le vol d’une partie considérable de notre temps de vie par ce monstre qu’est le travail de type capitaliste, n’est en fait, en d’autres mots, qu’abandon pur et simple de sa propre existence. Comment alors voir sa vie comme un jeu où l’on se joue de l’austérité et de la prétention ? Comment concevoir son existence comme une partie de plaisir ? Comment imaginer que les choses sont relatives et mouvantes lorsqu’elles apparaissent si absolues et immuables ? Le travail capitaliste fait effectivement en sorte que des routines s’installent dans des cadres contraignants précis (horaires fixes, réunions semestrielles, déplacements d’affaires, etc.) et détruit de cette manière la spontanéité créatrice du ludisme. L’attitude ludique est en complète contradiction avec le sérieux des relations de travail, où chacun a un poste préétabli, un titre particulier, une étiquette précise, un rôle prédéfini, etc. Les bureaucraties méga-modernes incarnent bien ces hiérarchisations où chaque personne occupe un espace bien à lui, campé derrière son bureau, docile. Le caractère instrumental des tâches de bureau, soit au sein d’administrations gouvernementales ou de firmes privées en tout genre est calculé, organisé, structuré selon une logique de rationalité extrêmement précise et ne laisse donc aucune place à l’excitation ludique, à l’exaltation spontanée, à l’exultation, à la création, à l’imagination, à l’initiative personnelle, à l’intuition artistique, à l’affirmation esthétique. Plus encore, le ludisme artistique en tant que façon de se créer, comme manière de se sculpter soi-même (dans sa matière première, soit la matière existentielle), est tout simplement exclu de la bureaucratie froide et impersonnelle. En effet, comment faire émerger quelque chose d’esthétique et d’unique dans un milieu aseptisé ? Comment créer une œuvre originale à partir de sa propre personne dans un lieu où tout tend à inhiber, à restreindre et à contraindre l’expression de la personnalité ? Les fonctionnaires, administrateurs, bureaucrates, technocrates, etc. sont ancrés dans un personnage sans identité et sans visage, dans un personnage à usage unique, dans un personnage efficace, performant et obéissant.
Pour les travailleurs assidus et acharnés du système capitaliste actuel, la possibilité d’envisager sa vie comme une partie de plaisir, un jeu agréable ou une entité à créer esthétiquement et de façon ludique est loin d’aller de soi. Et ceci n’est pas valable seulement pour le travail de bureau dont je viens d’esquisser un portrait ci-haut, mais pour la majorité des branches professionnelles que l’on peut ranger dans la catégorie « carrière », « métier », « travail salarié ». Le blasement, le désabusement, le désillusionnement sont en effet des états résultant de l’esclavage industriel contemporain, de là l’augmentation des troubles narcissiques (dont je reparlerai plus loin), des burn out, des épuisements professionnels, des dépressions nerveuses, etc. Et ça c’est sans parler des accidents de travail qui tuent des milliers, voire des millions de personnes dans le monde chaque jour . Voir à cet effet Travailler? moi jamais! de Bob Black. Nous sommes loin de la partie de plaisir proposée par la voie ludique n’est-ce pas ? La démocratie prétendument émancipatrice et libératrice se présente plutôt comme un système encageant qui freine l’élan créateur et l’esprit artistique, ludique et esthétique de l’individu. La démocratie capitaliste enrégimente et enrôle des bêtes de somme pour fournir en main-d’œuvre les industries privées et publiques, les shops, les institutions sociales telles la santé et l’éducation, etc. Toute cette super-organisation fanatique et industrielle du vécu humain est un anti-jeu. Nous créons des loisirs pour faire oublier le temps de travail. Nous fabriquons des ères de divertissements pour faire oublier le labeur quotidien. Les gens prennent des vacances, disent-ils, pour décompresser, pour se reposer, pour relaxer. Le seul temps où les gens ne sont pas au travail ils le passent à s’abandonner, à fuir, à s’évader d’eux-mêmes . Considérant que le temps consacré au travail forcé est déjà un abandon de soi-même, on peut dire qu’il ne reste plus beaucoup de temps pour se réaliser, s’épanouir, se développer, se découvrir, etc. Et où est passé le temps pour jouer, se bidonner, rigoler, badiner ? Le temps c’est de l’argent disent certains. Il ne faut pas perdre de temps disent d’autres. Mais quel est ce temps si fuyant et si perdu d’avance auquel font référence tous ces individus qui s’activent et grouillent de toutes parts pour accumuler des fonds de pension et faire fructifier leurs REERS ? À quoi sert ce temps que l’on investit dans quelque chose d’extérieur à soi, que l’on lègue à d’autres ?



Dossier G20
  Nous vous offrons plusieurs reportages indépendants et témoignages...

Très beau dessin: des oiseaux s'unissent pour couper une cloture de métal, sur fonds bleauté de la ville de Toronto.
Liste des activités lors de ce
« contre-sommet » à Toronto

Vous pouvez aussi visiter ces médias alternatifs anglophones...

Centre des médias Alternatifs Toronto
2010.mediacoop.net


Media Co-op Toronto
http://toronto.mediacoop.ca


Toronto Community Mobilization
www.attacktheroots.net
(en Anglais)

CMAQ: Vie associative


Collectif à Québec: n'existe plus.

Impliquez-vous !

 

Ceci est un média alternatif de publication ouverte. Le collectif CMAQ, qui gère la validation des contributions sur le Indymedia-Québec, n'endosse aucunement les propos et ne juge pas de la véracité des informations. Ce sont les commentaires des Internautes, comme vous, qui servent à évaluer la qualité de l'information. Nous avons néanmoins une Politique éditoriale , qui essentiellement demande que les contributions portent sur une question d'émancipation et ne proviennent pas de médias commerciaux.

This is an alternative media using open publishing. The CMAQ collective, who validates the posts submitted on the Indymedia-Quebec, does not endorse in any way the opinions and statements and does not judge if the information is correct or true. The quality of the information is evaluated by the comments from Internet surfers, like yourself. We nonetheless have an Editorial Policy , which essentially requires that posts be related to questions of emancipation and does not come from a commercial media.