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Pourquoi pas une ' guerre totale ' ?sonia, Lundi, Décembre 16, 2002 - 21:40
John Pilger
Pourquoi juste une, deux ou trois guerres ? Il y a deux ans un projet fondé par les hommes qui entourent maintenant George W Bush prétendait que l'Amérique avait besoin d'un "nouveau Pearl Harbor". Ses buts avoués se sont, de façon alarmante, réalisés. John Pilger¸ 12 décembre 2002 . La menace posée par le terrorisme américain à la sécurité de nations et des individus a été décrite avec un sens du détail prophétique dans un document écrit il y a plus de deux ans et révélé seulement récemment. Ce qu'il fallait à l'Amérique pour dominer l'essentiel de l'humanité et les ressources du monde, selon ce document, c'était "un événement catastrophique et catalysant - comme un nouveau Pearl Harbor". Les attaques du 11 septembre 2001 ont fourni ce "nouveau Pearl Harbor", décrit comme "l'opportunité des siècles". Les extrémistes qui ont depuis exploité le 11 septembre viennent de l'ère de Ronald Reagan, quand les groupes d'extrême droite et "des groupes de réflexion" ont été établis pour venger "la défaite" américaine au Viêt-Nam. Dans les années 1990, il y avait un ordre du jour supplémentaire : justifier le démenti "d'un dividende de paix" après la guerre froide. Le Projet pour le Nouveau Siècle américain a été formé, avec l'American Entreprise Institute, le Hudson Institute et d'autres qui ont depuis fusionné les ambitions de l'administration de Reagan avec ceux du régime de Bush. Un des "penseurs" de George W Bush est Richard Perle. J'ai interviewé Perle quand il conseillait Reagan; et quand il a parlé de "guerre totale", je l'ai par erreur pris pour un fou. Il a récemment utilisé le terme de nouveau dans la description "la guerre au terrorisme" que mène l'Amérique. "Il n'y a pas d'étape," disait-il. "C'est la guerre totale. Nous nous battons avec une variété d'ennemis. Il y en a des tas là-bas. Toute cette conversation selon laquelle d'abord nous allons faire l'Afghanistan, puis nous ferons l'Irak ... c'est entièrement la mauvaise façon de s'y prendre. Si nous lâchons la bride à notre vision du monde et si nous l'embrassons entièrement et si nous n'essayons pas de mettre sur pied une diplomatie intelligente, mais si au contraire nous menons juste une guerre totale ... nos enfants chanteront dans quelques années nos louanges." Perle est un des fondateurs du Projet pour le Nouveau Siècle américain, PNAC. D'autres fondateurs incluent Dick Cheney, maintenant vice-président, Donald Rumsfeld, le secrétaire de la défense, Paul Wolfowitz, assistant du secrétaire de la défense, I Lewis Libby, le chef de bureau chez Cheney , William J Bennet, le secrétaire de l'Education Nationale de Reagan et Zalmay Khalilzad, l'ambassadeur de Bush en Afghanistan. Ceux-ci sont les chartistes modernes de terrorisme américain. Le rapport séminal de PNAC, "Reconstruire les Défenses de l'Amérique : la stratégie, des forces et des ressources pour un nouveau siècle", étaient un plan de buts américains dans tous les domaines, sauf celui dans le titre. Il y a deux ans il a recommandé une augmentation de dépenses d'armement de 48 milliards de $ pour que Washington puisse "se battre et gagner des guerres simultanées sur plusieurs théâtres principaux". C'est arrivé. Il a recommandé que les États-Unis développent des armes nucléaires capable de faire sauter des bunkers et de faire de la "guerres des étoiles" une priorité nationale. Cela arrive en ce moment même. Il a dit que, en cas de prise du pouvoir de Bush, l'Irak devrait être une cible. Et voilà c'est fait. Quand aux présumées "armes de destruction massive" de l'Irak , celles-ci ont été écartées, dans de trop nombreuses phrases, comme une excuse commode, ce qui est le cas. "Tandis que le conflit non résolu avec l'Irak fournit la justification immédiate," dit-il, "le besoin d'une présence substantielle des forces américaines dans le Golfe dépasse la question du régime de Saddam Hussein." Comment cette grande stratégie a-t-elle été mise en oeuvre ? Une série d'articles dans le "Washington Post", co-écrite par le fameux Bob Woodward qui s'est fait une réputation avec le Watergate et basée sur de longs interviews avec les membres seniors de l'administration Bush, révèle comment le 11 septembre a été manipulé. Au matin du 12 septembre 2001, sans aucune preuve sur l'identité des pirates de l'air, Rumsfeld exigeait que ces EU attaquent l'Irak. Selon Woodward, Rumsfeld a dit lors d'une réunion du cabinet que l'Irak devrait être "une cible principale du premier round de la guerre contre le terrorisme". L'Irak a été temporairement épargné seulement parce que Colin Powell, le secrétaire d'Etat, a persuadé Bush que "l'opinion publique doit être préparée avant qu'un mouvement contre l'Irak soit possible". L'Afghanistan a été choisi comme l'option la plus douce. Si l'évaluation de Jonathan Steele du Guardian est correcte, environ 20.000 personnes en Afghanistan ont payé le prix de ce débat de leurs vies. Maintes et maintes fois, le 11 septembre est décrit comme "une occasion". Dans le New-Yorker d'avril dernier, le reporter d'investigation Nicholas Lemann a écrit que le conseiller le plus senior de Bush, Condoleezza Rice, lui a dit qu'elle avait appelé les membres seniors du Conseil de Sécurité nationale à se réunir et leur avait demandé "de penser « comment est-ce que vous capitalisez sur ces opportunités », qu'elle a comparé avec celles "de 1945 à 1947" : le début de la guerre froide. Depuis le 11 septembre, l'Amérique a établi des bases aux portes de toutes les sources principales de carburant fossile, particulièrement l'Asie centrale. La compagnie pétrolière Unocal doit construire un pipeline à travers l'Afghanistan. Bush a abandonné le Protocole de Kyoto sur des émissions de gaz à effet de serre, les dispositions sur les crimes de guerre de la Cour Criminelle Internationale et le traité de missiles anti-balistiques. Il a dit qu'il utilisera des armes nucléaires contre des états conventionnels "si nécessaire". Sous la couverture de la propagande sur les armes présumées de destruction massive qu'aurait l'Irak, le régime de Bush développe de nouvelles armes de destruction massive qui sapent des traités internationaux sur la guerre biologique et chimique. Au Los Angeles Times, l'analyste militaire William Arkin décrit une armée secrète installée par Donald Rumsfeld, semblable à celle commandée par Richard Nixon et Henry Kissinger et que le Congrès a proscrit. Cette "activité de support de super-intelligence" rassemblera "la C.I.A. et l'action secrète militaire, la guerre de l'information et la tromperie [deception]". Selon un document confidentiel préparé pour Rumsfeld, la nouvelle organisation, connue par son nom Orwellien de Groupe d'Opérations Préemptif Actif [Proactive Pre-emptive Operations Group], ou P2OG, provoquera des attaques terroristes qui exigeraient alors "la contre-attaque" par les États-Unis sur des pays "hébergeant des terroristes". Autrement dit, les gens innocents seront tués par les États-Unis. C'est une réminiscence d'Operation Northwoods, le plan remis au Président Kennedy par ses chefs militaires pour une fausse campagne terroriste - qui s'achève avec des bombardements, des détournements, des accidents d'avions et des morts d'Américains - comme justification pour une invasion de Cuba. Kennedy l'a rejeté. Il a été assassiné quelques mois plus tard. Maintenant Rumsfeld a ressuscité Northwoods, mais avec des ressources dont on ne pouvait rêver en 1963 et sans rival global pour inviter à la prudence. Vous devez continuer à vous rappeler que ce n'est pas de la fiction : ce sont des hommes vraiment dangereux, comme Perle et Rumsfeld et Cheney, qui ont le pouvoir. Le fil qui guide leurs ruminations c'est l'importance des médias : "la tâche prioritaire et de mettre de notre bord des journalistes de réputation qui acceptent notre position". "Notre position" est le nom de code pour le mensonge. Ce qui est sûr, c'est que comme un journaliste, je n'ai jamais connu le mensonge officiel plus général et systématisé qu'aujourd'hui. Nous pouvons rire des vacuités de Tony Blair sur le "dossier irakien" et du mensonge déplacé de Jack Straw lorsqu'il dit que l'Irak a développé une bombe nucléaire (que ses favoris se sont précipités pour "expliquer"). Mais le mensonge plus insidieux, justifiant une attaque délibérée sur l'Irak et le liant aux terroristes potentiels que l'on dit se cacher dans chaque Station de métro, c'est celui qui est déversé tous les jours par la presse. Ce ne sont pas des nouvelles. C'est de la propagande noire. Cette corruption fait des journalistes et des radios/tv des mannequins et de simples ventriloques. Une attaque sur une nation de 22 millions de personnes souffrantes est discutée par des commentateurs libéraux comme si c'était un sujet à un séminaire universitaire, au cours duquel les pièces de jeu peuvent être poussées autour d'une carte, comme les vieux impérialistes avaient l'habitude de le faire. La question pour ces humanitaires n'est pas principalement la brutalité de la domination impériale moderne, mais à quel point Saddam Hussein est méchant. Il n'y a aucun moyen de leur faire admettre que leur décision de rejoindre le parti de la guerre scelle peut-être le destin des milliers d'Irakiens innocents condamnés à attendre dans le couloir des condamnés à mort de l'Amérique. Leur duplicité ne marchera pas. Vous ne pouvez pas supporter cette piraterie meurtrière au nom de l'humanitaire. De plus, les extrêmes du fondamentalisme américain auquel nous faisons maintenant face nous ont regardés fixement bien trop longtemps pour que les hommes de bon cœur et bon sens ne les reconnaissent. Avec remerciements à Norm Dixon et à Chris Floyd [traduction JjMeric]
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