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Trouble en Haïti et aide militaire étasunienne à la République DominicaineCarl Desjardins, Lundi, Décembre 2, 2002 - 16:40
Gotson Pierre
Au cours de la semaine du 24 au 30 novembre, le Président dominicain, en voyage au Japon, a confirmé que des troupes américaines arriveraient bientôt en République Dominicaine, sans préciser de date. Le chiffre de 8000 soldats, avancé par le Chef d'État dominicain, a été corrigé par la suite par des responsables militaires dominicains et les ambassades américaines à Santo-Domingo et Port-au-Prince. Port-au-Prince., 29 nov. 02 [AlterPresse] --- Les informations selon lesquelles des contingents de soldats américains devraient bientôt être stationnés en République Dominicaine soulèvent la perplexité chez bon nombre d'Haitiens. Haïti et la République Dominicaine se partagent l'île sur une longueur de 300 kilomètres. A la radio, dans les émissions de ligne ouverte, des intervenants s'interrogent sur les motifs réels d'un tel projet, dans une conjoncture, marquée en Haïti par des troubles politiques persistants et une situation économique désastreuse. Des troupes américaines en République Dominicaine Au cours de cette semaine, le Président dominicain, en voyage au Japon, a confirmé que des troupes américaines arriveraient bientôt en République Dominicaine, sans préciser de date. Le chiffre de 8000 soldats, avancé par le Chef d'État dominicain, a été corrigé par la suite par des responsables militaires dominicains et les ambassades américaines à Santo-Domingo et Port-au-Prince. Les informations communiquées par Mejia, correspondaient à celles contenues dans un article du Miami Herald, publié le 25 novembre dernier, sous la plume de Nancy San Martin. Selon l'article, les États-Unis prévoient d'apporter une assistance militaire à la République Dominicaine afin de sécuriser la frontière avec Haïti. L'article a précisé que l'aide américaine comprendrait, en outre, un don de 20,000 fusils d'assaut M-16 et, éventuellement, l'assistance technique et des manœuvres conjointes avec l'armée dominicaine. "Il y aura bien moins de troupes américaines à visiter la République Dominicaine que 'les 900 soldats/à 15 jours de rotation' ou les '8000 hommes au total' mentionnés" dans l'article du Miami Herald, a fait savoir la représentation diplomatique américaine dans la capitale dominicaine. L'ambassade a indiqué que "le Gouvernement des États-Unis veut aider la République Dominique à adresser ses problèmes de contrôle au niveau de la frontière, notamment le trafic de la drogue, la contrebande et la migration illégale, en organisant des programmes de formation et en fournissant des équipements, tels que chiens pour détecter la drogue, détecteurs électroniques, appareils de communication, etc". L'article du Miami Herald avait relaté des propos d'un officiel américain s'exprimant dans l'anonymat en ces termes : "nous commençons à voir la Caraïbe comme notre 3ème frontière, un lieu de passage de la drogue, de l'argent et fort possiblement de terroristes". En plus des 150 Haïtiens refoulés chaque jour par les autorités dominicaines, plus de 200 migrants de six autres pays seraient interceptés à la frontière haitiano-dominicaine durant les deux dernières années, selon quotidien de Miami. Parmi les pays mentionnés, figurent la Chine, le Pakistan, la Colombie et Cuba. L'administration du Président américain Georges Bush aurait également de sérieuses inquiétudes à propos d'un éventuel exode massif d'Haïtiens à cause des troubles qui n'ont pas cessé, lit-on, "sous le président Jean-Bertrand Aristide". Pour les mêmes raisons qui seraient évoquées par Washington, Santo Domingo n'a jamais raté une occasion de manifester ses appréhensions à chaque conjoncture de crise en Haïti. Contexte politique et perspectives économiques Durant les deux dernières semaines un nouveau cran a été franchi dans l'agitation politique et sociale que connaît Haiti. Des manifestation anti-Aristide ont encore eu lieu ce 29 novembre, cette fois à Saint-Marc (Aritibonite). Parallèlement des manifestations pro-Aristide se sont déroulées à Port-au-Prince (Ouest) et au Cap-Haitien (Nord). De rares manifestations anti-gouvernementales n'ont pas été émaillées d'incidents violents. Des affrontements sanglants ont été enregistrés à Lascahobas le 28 novembre, faisant un mort par balles dans le camp du parti au pouvoir Fanmi Lavalas. Le groupe "Armée Cannibale" du fugitif Amiot Metayer sème la terreur aux Gonaives (Artibonite). De nombreuses arrestations ont été effectuées le 28 novembre par la police à Petit-Goave (Ouest), decrit comme une ville en état de siège. La perspective électorale paraît incertaine. L'opposition n'entend pas intégrer un quelconque processus électoral dans les conditions actuelles et exige la démission du Chef de l'État. Ce dernier a affirmé le 28 novembre qu'il n'entendait pas abandonner le pouvoir. Le cadre de cette lutte politique est une situation sociale et économique on ne peut plus difficile et où le mécontentement ne cesse de grandir au niveau de différents secteurs sociaux. Vie chère, insécurité, violations de droits humains et corruptions font partie des dénonciations quotidiennes dans les médias et forment la trame des récriminations exprimées durant des manifestations contre le pouvoir. Outre ce contexte de troubles en Haïti, au moment où l'on parle de la prochaine coopération militaire entre les États-Unis et la République Dominicaine, il faut se rappeler que la frontière haitiano-dominicaine pourrait être, dans les années à venir, au centre de nouvelles opérations économiques et commerciales, dominées par les États-Unis. En Avril dernier, au moment de la signature d'un accord de zone franche à Ouanaminthe (Nord-Est) entre les Présidents haitien et dominicain, AlterPresse avait évoqué un document d'"accord de coopération trilatérale" entre Haïti, la République Dominicaine et les États-Unis, établissant les projets à conduire au niveau de la frontière. Il était question, dans la copie non signée obtenue par AlterPresse, d'activités s'étendant sur 5 km de part et d'autre sur toute la longueur de la ligne frontalière (300 km), depuis l'Océan Atlantique au Nord jusqu'à la mer des Caraibes au Sud. La priorité devrait être accordée à la construction d'une autoroute douanière, des parcs industriels privés, des barrages privés pour l'irrigation et l'énergie, la construction de ports et d'aéroports privés.
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