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Un 15 mars amer: Il faut apprendre de nos erreurs

Pierre Luc, Sunday, April 7, 2002 - 16:47

badacid@altern.org

Vendredi dernier, la police de Montréal a réalisé la plus grande arrestation
de masse de son histoire depuis les événements maintenant historiques
d'Octobre 70. Au total, c'est 371 manifestant-e-s qui sont tombés sous
contrôle porcin en cette journée internationale contre la brutalité
policière.

On peut dire sans se tromper que cette intervention policière à
grand déploiement est un dangereux précédent. Plus de cinq cents personnes
se sont déplacées pour cette manif, ce qui constitue une mobilisation
réussie, mais assombris par les conclusions circonstancielles que nous
connaissons tous et toutes.

La technique traditionnelle de l'encerclement policier a donné d'excellents
résultats en terme d'efficacité et de rapidité. En effet, en dix minutes,
les forces policières ont mit fin à notre marche. La police n'est pas restée
orthodoxe quant à leur méthode, ils ont amélioré leur pratique de chasse aux
casseurs et aux casseuses. Nous pensons que cette intervention intense a été
préméditée par la police montréalaise depuis un certain temps - disons
quelques semaines. Ce que nous avons vu, c'est un mélange astucieux entre
les techniques du Sommet des Amériques et les pratiques habituelles de nos
chiens sales préférés.

La chasse aux terroristes

On a observé la présence, pour ne pas dire l'omniprésence, d'undercovers au
sein de la manifestation. Dès le début de notre marche, nous étions
estomaqués par leur nombre élevé. Ce nombre reste difficile à évaluer
aujourd'hui pour des raisons évidentes. Selon nos propres conclusions,
lesquelles sont basées sur des analyses non-exhaustives, au commencement on
dénombrait 1 flic dans un échantillon de 20 personnes. Ensuite, ce nombre
s'est vu augmenté à notre insu, car nous étions concentrés à faire autre
chose, à marcher. À tous les coins de rue, on a vu des gens suspects
habillés bizarrement et beaucoup de voitures louées avec des
immatriculations qui commencent par F. La tension de classes étaient bel et
bien palpable.

Les undercovers avaient comme tâche principale de cibler le bétail souhaité
pendant la marche et en avertir leurs homologues à bord de
mini-fourgonnettes noires. De cette manière, il était possible de garder un
*il attentif sur les agitateurs-trices potentiels. Nous avons compté trois
mini-fourgonnettes noires, mais nous sommes convaincus qu'il y en avait
davantage. Tous ces flics à bord de leurs motorisés ont mené une opération
chasse aux casseurs et aux casseuses dans un périmètre de plusieurs
kilomètres entourant l'encerclement, où la majeure partie des gens arrêtés
se retrouvait. C'est donc la technique du coup de filet, le tout assisté par
la surveillance accrue des flics-banalisés au sein même de nos rangs
militants qui a concrétisé ces résultats déplorables.

Pourquoi une intervention démesurée aussi rapide ?

Nous savons que cette journée rassemble tous les révolté-e-s habitués. Cette
journée fait partie de notre culture militante montréalaise. On va
manifester à chaque année contre la brutalité policière et c'est tant mieux.
Étant surveillé, contrôlé et attaqué par les forces de l'ordre jour après
jour, le lupen militant se présente à cette manifestation pour démontrer
qu'ils et elles sont unies face aux cochons de toutes provenances. On
pourrait dire que c'est une démonstration de force que l'on fait à chaque
année pour démontrer la continuité de notre lutte qui n'a pas de frontière.
De l'autre côté, les valeureux porcs se préparent afin de piger les
indésirables qui se glissent, à chaque occasion venue, au sein des groupes
contestataires tous azimut. On veut ainsi criminaliser une résistance
politique qui ronge tous les milieux sociaux à Montréal dont le secteur
communautaire, les gens de la rue, les mouvements écologistes et les
étudiant-e-s. Les policiers savent qu'à l'occasion du 15 mars, tout le monde
est là et particulièrement ceux et celles qui les haïssent profondément.

La chasse aux casseurs et aux casseuses, c'est la nouvelle tactique des
forces porcines qui mènent ainsi une lutte acharnée aux militant-e-s
maintenant jugés terroristes par les autorités. Depuis les événements du 11
septembre, les grands de ce monde craignent tellement pour leur sécurité
qu'ils envoient conséquemment leurs ressources humaines faire des pieds et
des mains pour stopper toutes formes d'action directe. Les bourgeois sont
atteints de paranoïa aiguë. Une paranoïa basée à priori sur une analyse
historique qui démontre une tendance à la révolte populaire.

Il n'y a pas seulement les bourgeois qui encouragent la société à maintenir
ce climat de répression générale, assurant ainsi la perpétuité de la lutte
des classes, il y a également la police qui déteste viscéralement cette
manifestation contre la brutalité policière. Pourquoi ? Simplement parce
qu'ils se sentent touchés dans leur intégrité, leur raison d'être. La
brutalité, c'est leur métier. De ce fait, on peut comprendre que, dans la
tête d'une police, une personne qui s'oppose à la brutalité policière est
une personne qui s'oppose à l'existence de la police.

Un trajet tragique

Récapitulons notre chemin. On a commencé la marche au square Berri pour
prendre d'assaut la rue de Maisonneuve vers l'ouest. On a continué jusqu'à
la rue St-Urbain pour ensuite tourner direction sud sur cette même rue. À
cet endroit, il y a un immeuble où s'entassent une masse de bureaucrates
porcins. Cet endroit, c'est le quartier général de la police. Quelques
vitres, dont le nombre exact nous échappe, ont été fracassées à l'aide
d'essuie-glaces et quelques graffitis, comme le très médiatisé " flics sans
tête ", ont été réalisés sur la façade de l'immeuble. Par la suite, la manif
est allée plus au sud pour atteindre la rue St-Antoine qui suit l'autoroute
Ville-Marie, devant le palais de justice. Nous étions tout près du
Vieux-Montréal à ce moment.

Depuis l'événement, le trajet de la manifestation a été critiqué de parts et
d'autres. L'idée de traverser l'autoroute Ville-Marie pour atteindre ensuite
le palais de justice a été une erreur fondamentale dans toute cette affaire,
une erreur de stratégie. Le fait est que, nous voyant aller au sud de
René-Lévesque et de Ville-Marie, les forces répressives ont deviné
rapidement notre objectif géographique. La police n'a pas hésité une seconde
lorsqu'elle a compris notre destination. Simplement parce qu'elle a fait
l'analyse suivante : leur moral tient bon, la casse va continuer si nous ne
les arrêtons pas. Ce qui n'est pas totalement faux. C'est suite aux attaques
répétées sur leurs bureaux de la rue St-Urbain qu'ils ont réalisé
l'importance de notre potentiel destructeur et décidé d'agir sévèrement et
rapidement. Les chefs policiers ont donné l'ordre d'en finir avec cette
jeunesse anti-flic le plus vite possible.

L'endroit précis où s'est déroulé l'encerclement est un coin retiré du
centre-ville, un coin où seuls des employés de La Presse, des juges et des
avocats se retrouvent quotidiennement. Personne ne passe là à cette heure
tardive, sauf des automobilistes pressés qui roulent aveuglément vers leur
soupe quotidienne en banlieue.

Il faut noter la présence d'une petite colline au sud. Dans une
confrontation quelconque, l'antagonistes qui est placée au sommet du terrain
entretient, de façon intrinsèque, une pression stratégique et psychologique
sur son ennemi. Étant placée au niveau inférieur, la manifestation était en
situation de faiblesse lorsque l'attaque policière est survenue. D'une
manière quasi instinctive, les individus qui composaient la manifestation se
sont dirigés vers le centre-ville. D'une part, parce qu'ils sentaient la
pression stratégique affligée sur eux et d'autre part, parce qu'ils et elles
pensaient que le centre-ville était la meilleure des cachettes. Ce n'est pas
un hasard si l'anti-émeute s'est placé, en premier lieu, au sommet du
Vieux-Montréal. Les sales cochons appréhendaient ce mouvement de foule et
ils avaient placé le reste de leur effectif en considérant ce mouvement.
Ajoutez à cela notre immobilisme niaiseux devant le palais des crétins
pendant l'avertissement timide de la police - un long 5 minutes que nous
regretterons longtemps - et vous vous retrouverez devant une situation
parfaite pour capturer une meute de révolté-e-s. Pour en arriver à la
conclusion déjà très connue en milieu militant, mais si vite oubliée, qui
stipule qu'une manifestation efficace est une manifestation mobile et
intelligente.

Et les autres 15 mars !?

On se souviendra du 15 mars 2000, une journée internationale contre la
brutalité policière pas comme les autres où une façade vitrée de poste de
police avait été détruite, trois Mcdos évacués d'urgence et deux banques
vandalisées. La police avait dû faire face à de multiples critiques cette
année là. Les commerçants avaient dénoncé le retard de l'intervention
policière par le biais des médias de masse. Il est clair que ces calisses de
cochons ne voulaient pas se faire pointer du doigt à nouveau cette année.
Voilà une raison supplémentaire qui explique cette intervention policière
rapide et démesurée.

À l'époque, environ 150 personnes avaient été arrêtées. C'est à partir de ce
moment qu'un certain nombre de militant-e-s montréalais avaient songé à se
munir d'une équipe de surveillance chargée d'informer et de coordonner les
mouvements de la manifestation. Ce groupe devait garder un contact serré
avec les organisateurs afin de les prévenir de toutes interventions
policières. Ce genre de groupe existe depuis longtemps. Les méthodes se sont
beaucoup perfectionnées, mais elles restent insuffisantes.

Malgré un système de communication militant actif cette année, le nombre
d'arrêté-e-s fut très impressionnant. Les membres de ce groupe de
communication avaient comme mandat principal d'avertir les manifestant-e-s
en cas d'intervention policière. Ce genre de groupe est composé d'une
section externe et d'une section interne. Une des sections forme une
couronne de surveillance à quelques mètres des participant-e-s de la
manifestation afin de connaître les déplacements porcins et l'autre se situe
à l'intérieur de la manifestation avec le but ultime de diffuser
l'information pertinente aux manifestant-e-s en cas de besoin. Le point de
non-retour, c'est-à-dire le moment où il est impossible d'éviter
l'encerclement policier, n'a pas été diffusé efficacement par le groupe de
surveillance. Il m'est pratiquement impossible d'évaluer les déboires de ce
groupe par manque d'informations. Nous savons tout de même qu'un
avertissement fut lancé à la section interne de par la section externe. Ce
dernier n'a pas été diffusé largement. Il semble que les organisateurs du
COBP, prévenus de la situation qui prévalait et de l'intervention imminente
des cochons, n'ont pas pris au sérieux les dires du groupe de surveillance.
Pourquoi donc ?

Il faut souligner que les interlocuteurs-trices principaux-les, en
occurrence les gens qui utilisaient le mégaphone à l'intérieur du motorisé,
n'étaient pas en contact direct avec la section externe de surveillance. Ces
personnes ont déploré ce manquement. Idéalement, il nous faut offrir un lien
très étroit entre le réseau de surveillance et les interlocuteurs amplifiés.
La rapidité de la transmission de l'information serait la première avantagée
d'une communication sans intermédiaire.

Le trajet a été critiqué, l'utilisation d'un camion à la tête de la
manifestation aussi. Certaines personnes pensent que c'est trop encombrant
et que ça facilite les interventions policières. D'autres arguent sans
réserve que l'argent investi à cette location aurait pu mieux servir. Par
exemple, on aurait pu acheter plus d'équipements de communication. Il y a
ceux et celles qui répliquent qu'un camion devrait servir exclusivement aux
discours politiques et aux avertissements d'urgence. Enfin, certains
individus disent que le camion ne devrait jamais arrêter pour un discours,
mais plutôt prendre la tête de la manifestation en avançant tranquillement.
Ainsi, on pourrait écouter tout en étant mobile et aux aguets. D'une manière
ou d'une autre, l'apparition d'un camion pour diriger la manifestation
contre la brutalité policière n'a pas fait l'unanimité.

Rappelons que notre hypothèse de départ suppose que la police avait décidé
d'intervenir dès la traversée de l'autoroute Ville-Marie, proche du Vieux
Montréal. Il apparaît que cette hypothèse tient la route compte tenu des
informations que nous avons obtenues du groupe de surveillance, additionnées
avec les conclusions connues de la manifestation. En effet, des militant-e-s
bien renseignés ont confirmé que la décision policière d'intervenir avait
été prise 15 minutes avant que ça dégénère à leur avantage. D'autres parlent
de deux minutes avant l'intervention.

Le discours médiatique

À la télévision, le discours est le même à toutes les chaînes. De façon
résumée, on pouvait entendre des idioties du genre " de jeunes marginaux ont
perturbé l'ordre public ". Manseau a dénoncé le COBP. Durocher a répété une
fois de plus qu'il est paradoxal que les manifestant-e-s, qui dénoncent la
brutalité, soient équipés d'armes. Plus ça change, plus c'est pareil.

Dans la presse écrite, il y a eu un article qui allait au-delà du discours
télévisé standard. Il s'agit d'un texte intitulé " Arrestation de masse :
les policiers accusés d'abus " qui fut rédigé par Éric Trottier à
l'intention du quotidien La Presse. Malgré que cet article ne soit pas un
chef d'*uvre en soi, il a le mérite de donner la parole à des personnes de
différents horizons. À vrai dire, c'est le seul article qui s'ouvre à
d'autres points de vue, le seul qui ne répète pas les paroles redondantes
des agents de relation publique de la police. Cet article a peut-être été
publié pour contrebalancer la bévue majeure de La Presse qui banalisait
l'intervention policière dans leur numéro de samedi en sous-estimant le
nombre d'arrêté-e-s à 150.

Mis à part le Devoir, la presse écrite est restée muette face à la
conférence de presse organisée par le COBP, l'ASÉ, le Comités des sans
emplois, la CLAC et une multitude d'associations étudiantes suite aux
arrestations. Il y a quelques stations de radio qui ont traitées de cette
conférence dont Radio Centre-Ville, mais c'est énormément marginal.

Combien y a-t-il eu de vitres fracassées au quartier général de la police ?
Somme toute, les sources médiatiques se contredisent. On a d'abord parlé de
quatre vitres. Selon des sources récentes, on parle plutôt de six vitres
cassées. C'est pour dire à quel point il est difficile de connaître la
vérité en suivant l'actualité des médias de masse. Quelles sont les armes
qui ont été saisies par la police ? Une fois de plus, il est difficile de
connaître la vérité. Les dernières sources officielles parlent de deux
cocktails Molotov, des frondes, des billes, des masques à gaz et des balles
de billard. Impossible de distinguer le vrai du faux dans cette affaire. Le
doute est donc de mise.

D'après les différents articles accessibles sur l'Internet et de source
militante sur la question des saisis, aucun manifestant-e n'avait en sa
possession du matériel illégal, mis à part cette personne avec du poivre de
Cayenne. Pourtant, les premières informations sur les chaînes télévisées
font état de saisie importante. Le relationniste de la police, notre ami le
commandant Durocher, justifiait les arrestations en arguant que les
intentions des manifestant-e-s étaient évidentes, compte tenue des armes que
la police a saisies sur eux et elles. Est-ce qu'il faisait référence
précisément à cette personne qui possédait le poivre ou à des extrapolations
ponctuelles et spectaculaires dont l'intérêt est uniquement médiatique ?

Un camarade du CMAQ a très bien vulgarisé l'opération médiatique et son
objectif particulier en cette phrase : " En plus de s'appuyer sur un récit
erroné, ces mêmes médias prennent soin d'accompagner cette désinformation
d'images de choix, celles de jeunes de la rue (qui ne constituaient
toutefois pas la majorité des manifestant-e-s), s'assurant ainsi d'une
certaine crédibilité compte tenu des importants préjugés répandus chez une
grande partie de la population à l'endroit de cette couche sociale. "

Des conclusions difficiles à avaler

Avant toute chose, il faut cesser d'être naïf ou naïve devant nos ennemis de
la rue, c'est-à-dire la police. SVP, militant-e sans expérience concrète,
faites-moi confiance et comprenez la réalité pragmatique des choses
politiques : nous avons beaucoup d'ennemis puissants qui nous
emprisonneraient avec plaisir simplement parce qu'on exprime nos idées. Les
cochons sont là pour nous arrêter. Ôter la notion de haine entre deux
antagonistes n'a aucun sens. Les événements comme celui de la Journée
internationale contre la brutalité policière nous prouve l'importance de nos
choix tactiques devant la flicaille, car il nous laisse aucune chance.
Chaque élément qui émane de nos organisations doit être cohérent et réfléchi
le plus possible. Le trajet de la manifestation, par exemple, doit être
mieux choisi l'année prochaine.

Nous sommes d'avis qu'il nous faut une méthode de fonctionnement plus
hermétique et polyvalente qui nous offrira un maximum de souplesse dans
l'action. Sans tomber dans le sectarisme, nous devons nous adapter à cette
nouvelle tendance à l'arrestation massive. Il est impératif de construire
des groupes d'affinité - ce sont les seuls qui peuvent agir dans cette
mesure - qui surveilleront les autorités d'une manière plus sûre, d'une
manière à protéger réellement nos camarades.

La tradition veut que les manifs soient dans le centre-ville. Seule la fête
des travailleurs et travailleuses demeure fidèle aux quartiers résidentiels
pauvres. La tradition a peut-être assez durée et peut-être devrions-nous
évacuer le centre-ville pour obtenir en revanche une visibilité qui dépasse
le cadre médiatique et institutionnel. Beaucoup de gens posent ces
questions, ils et elles se questionnent quant à la pertinence des trajets
centraux. Ils et elles veulent essayer autre chose et c'est compréhensible.
Par contre, concernant la manifestation du 15 mars, les militant-e-s
répondent plus souvent qu'autrement que le choix du square Berri est
pertinent parce qu'il représente un point stratégique de la brutalité
policière, la brutalité envers les marginaux qui vivent dans la rue. Le
square Berri est en quelque sorte le centre de Montréal et le centre de la
brutalité policière. Les gens de la rue ont plus facilement accès au square
qu'à tout autre lieu de Montréal et voilà une raison édifiante pour
manifester à partir de là.

La force des autorités provient de leur connaissance du terrain. Les troupes
de l'ordre savent que la tactique première de toute bataille réside dans la
connaissance du terrain et dans la communication entre les cellules
agissantes. C'est pour cette raison que nos manifestations sont envahies par
des undercovers. Ils sont là pour ramasser des informations et ils tentent
d'identifier les troubles fête. Bien sûr, les osties de polices ont de
l'équipement. Ils s'entraînent physiquement. Ils gagnent des salaires pour
se nourrir convenablement. Ceci dit, ça ne justifie pas notre désengagement,
notre nonchalance face à ce genre d'échec militant. Nous devons continuer la
réflexion à ce sujet et trouver des solutions pratiques à nos problèmes de
rue.

Nous devons réfléchir à la question des lignes de front - anti-anti-émeute -
pour mettre un frein aux encerclements qui sont enfantins à réaliser pour
les sales flics. Ce n'est pas une idée nouvelle, mais, à Montréal, elle n'a
jamais été appliquée. Il le faudra l'année prochaine. Un peu à la Ya Basta,
il faut bloquer le passage à l'aide d'un équipement tampon, un bouclier de
plastique qui ferait office de grande bannière, des matelas, des pneus
géants, j'sais pas moé... Peut-être qu'un cortège de grands drapeaux noirs, en
tête de manifestation, offriraient une protection non-négligeable.

Il est temps de s'organiser contre cette nouvelle politique d'intolérance.
Il s'agit d'une question primordiale qui aura des répercussions sur toutes
les sphères militantes. Jouer à l'autruche n'est pas une solution. Nous
devons nous adapter et répliquer !

Cet article se veut l'amorce d'une réflexion militante à propos des
nécessités en terme d'organisation pré-manif. À vous d'élargir le débat pour
que l'année prochaine, les tabarnaks mangent la claque.

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